« Les Aventures de Gérard Crétin » est une bande dessinée en une page proposée dans le mensuel Mikado des éditions jeunesse Milan, entre 1989 et 1994, et c’est la première série de gags que l’immense Florence Cestac (1) a créée spécifiquement pour la presse ! Son antihéros a tendance à être vantard et gaffeur : il croit souvent savoir tout faire mieux que les autres et être le meilleur en tout… Mais il est quand même attachant, car terriblement naïf ! Ainsi, il enchaîne les situations hilarantes et embarrassantes, incarnant, avec une tendre absurdité, certains travers humains. Le trait de la reine du gros nez en BD y est déjà unique, même si elle juge avoir fait quelques progrès depuis. Mais comme le dit elle-même : « un petit coup de nostalgie, ça ne peut pas faire de mal ! »
Lire la suite...« Enola & les animaux extraordinaires T2 : La Licorne qui dépassait les bornes » par Lucile Thibaudier et Joris Chamblain

Enola est débordée, elle est appelée en urgence de partout ! Il faut dire que les vétérinaires spécialisées dans les animaux des contes et légendes, ça ne court pas les rues… ni les forêts ! Justement, le dernier appel au secours vient du fin fond de sombres bois : il faut y soigner des licornes devenues subitement agressives. Un travail pour Enola et Maneki, son chat parlant !
Nous aimons, dans cette rubrique, suivre, d’album en album, des séries jeunesse de qualité pour les faire découvrir à un vaste lectorat. C’est le cas d’« Enola & les animaux extraordinaires ». Après « La Gargouille qui partait en vadrouille » dont nous avons écrit qu’il était le premier volume très réussi d’une série à qui l’on souhaitait une longue vie — notamment pour nous les parents, afin de savoir comment soigner la petite souris qui passe après la chute d’une dent ou la cigogne qui apporte les bébés ! —, nous allons nous intéresser à « La Licorne qui dépassait les bornes », le deuxième volume des aventures de la bienveillante Enola.

Enola T2 page 6
Rappelons tout d’abord que la jeune Enola est une vétérinaire à la spécialisation singulière : elle ne soigne que les animaux des contes et légendes. Elle réside dans la verrière du Muséum d’histoire naturelle avec son chat, parlant et facétieux, Maneki et Archibald, un vieil inventeur génial.

Enola bichonne un troll
C’est dans son cabinet, où elle bichonne un troll gigantesque qui a des démangeaisons dans le cuir chevelu à cause de parasites comme des familles de musaraignes, qu’elle reçoit la petite Sylvia. Celle-ci est désespérée. Elle habite un village aux abords d’une grande forêt qui vivait jusqu’à présent en paix avec les licornes qui peuplent la sylve voisine. Or, elle a été agressée par l’une d’elles, qui a percé sa gourde, alors qu’elle avait franchi par mégarde les limites de leur territoire. Pour son père, le chef du village, le pacte ancestral est rompu. Il faut attaquer ces animaux soudainement agressifs.
Ni une ni deux, Enola, Maneki et Sylvia montent à bord de l’hélicoléoptère, conçu par Archibald, et partent pour la forêt des licornes. Sur place, Enola mène avec sagacité son enquête. Un mal mystérieux attaque les propriétés magiques du bois qui assure la prospérité de la communauté de bûcherons. Ce même mal atteint le troupeau de licornes dont les petits ont de la fièvre et de fortes palpitations. Enola doit trouver la cause de la perturbation de l’ancien équilibre, sinon l’affrontement est inévitable entre les hommes et les licornes.
Enola s’adresse à de jeunes lecteurs du début de l’école primaire dont beaucoup voudront devenir vétérinaires, encore plus si l’on peut soigner des animaux fantastiques. L’histoire vive et bien construite est une ode à la tolérance, un appel à surmonter les incompréhensions qui peuvent survenir entre des personnes différentes. Le scénario est l’œuvre de Joris Chamblain : un habitué de nos pages. Nous parlions déjà de son travail la semaine dernière avec le dernier opus des « Carnets de Cerise ». Il a ici construit un univers médiéval et steampunk, fantastique et tendre, dans lequel les personnages évoluent avec une bienveillance jamais niaise. Les dialogues sonnent juste et relancent souvent un comique de situation bien amené.

Enola T2 dessin quatrième de couverture
Joris Chamblain retrouve pour cette série Lucile Thibaudier, sa complice de « Sorcières-sorcières ». Son trait doux et expressif, ses inventions graphiques parfois pleine page — comme le génial hélicoléoptère — et ses couleurs pastel facilitent la lecture de cette fable féerique moderne.
Attachez-vous aux diagnostics de la toujours dynamique Enola, Joris Chamblain a d’ores et déjà écrit quatre tomes de ses aventures, pétillantes, tendres et toujours positives.
La semaine prochaine, nous parlerons d’histoire, de leçons d’histoires, amusantes, mais parfaitement documentées, sur Napoléon, la Guerre de 100 ans et « L’Odyssée ».
Laurent LESSOUS (l@bd)
« Enola & les animaux extraordinaires T2 : La Licorne qui dépassait les bornes » par Lucile Thibaudier et Joris Chamblain
Éditions La Gouttière (10,70 €) – ISBN : 979-10-92111-28-6