Disparu il y a déjà sept ans, René Pétillon — bien connu pour ses dessins d’humour dans Le Canard enchaîné, mais aussi pour son inénarrable détective Jack Palmer dont l’enquête corse a notamment fait parler de lui, car adaptée au cinéma — (1) avait travaillé, depuis 2008, sur ce scénario quasiment achevé. Bien qu’il en ait également assuré partiellement le découpage et les crayonnés (donc, il ne restait pratiquement plus qu’à dessiner l’album), il avait abandonné cet ultime projet pour différentes raisons, dont la nécessité d’honorer d’autres entreprises en cours. C’est le célèbre Manu Larcenet (2), récemment auréolé de son adaptation de « La Route », qui a été approché pour s’approprier l’histoire, la terminer et la mettre en images : un très bon choix !
Lire la suite...La Comtesse Volodine
Corso, le privé de Saint Tropez aux chemises à fleurs, est contacté par une comtesse russe pour retrouver l’un de ses amis. Le cachet mirobolant et le massif associé qui lui est imposé annoncent que cette mission sera moins facile …
Corso, le privé de Saint Tropez aux chemises à fleurs, est contacté par une comtesse russe pour retrouver l’un de ses amis. Le cachet mirobolant et le massif associé qui lui est imposé annoncent que cette mission sera moins facile que prévu.
La série, justement sous-titrée « Le privé de la jet set », remet au goût du jour l’image du détective habile, séducteur et franc tireur, avec ce beau garçon intéressé, cynique et fin psychologue. Comme ses prédécesseurs, il a fait son trou grâce à son charisme, se défie des fonctionnaires mesquins et incapables, et dispose d’une morale très personnelle qui lui permet d’entretenir des amitiés dans tous les milieux. Mais Corso n’est pas le Choucas (chez Dupuis). Entre le Kevin Costner de Body gard et l’Humphrey Bogart du grand sommeil, ce privé caustique et sûr de lui, immergé dans le star system, est lui même une star, comme en font foi ses succès amoureux, ses émoluments confortables ou ses relations prestigieuses.
Introduite comme un film hollywoodien, avec un prologue de cinq planches qui campe le personnage et son univers, la série permet de conjuguer les atouts du thriller financier, du polar et des récits d’aventures. Le dessin est réaliste, les couleurs riches, saturées et contrastées, à l’image du milieu dans lequel évolue Corso. Malgré quelques passages convenus, des personnages parfois caricaturaux et un dénouement un peu faible, ce premier opus séduit par la personnalité de son héros et le dynamisme de la composition romanesque.
Joël Dubos