Une ZAC (zone d’activité commerciale) doit voir le jour dans le champ jouxtant les biens immobiliers d’une famille désargentée issue de la vieille noblesse : les Valence de Terney d’Argence… Après avoir épuisé tous les recours possibles, ces propriétaires terriens sans le sou vont sceller un accord improbable avec un groupe de militants écologistes radicaux, venus d’un peu partout en France, et créer une ZAD (zone à défendre, à l’instar de Notre-Dame-des-Landes) pour sauver ce territoire… Des nobliaux montant les barricades pour contrer les charges de CRS : voilà qui est à la fois croquignolesque et rocambolesque ! Philippe Pelaez nous a concocté, ici, une savoureuse comédie satirique décalée, doublée d’une véritable critique sociale ; le tout illuminé par le trait enlevé de Gaël Séjourné…
Lire la suite...« La Dernière CroiZAD » : ou quand les aristos s’allient aux écolos…

Une ZAC (zone d’activité commerciale) doit voir le jour dans le champ jouxtant les biens immobiliers d’une famille désargentée issue de la vieille noblesse : les Valence de Terney d’Argence… Après avoir épuisé tous les recours possibles, ces propriétaires terriens sans le sou vont sceller un accord improbable avec un groupe de militants écologistes radicaux, venus d’un peu partout en France, et créer une ZAD (zone à défendre, à l’instar de Notre-Dame-des-Landes) pour sauver ce territoire… Des nobliaux montant les barricades pour contrer les charges de CRS : voilà qui est à la fois croquignolesque et rocambolesque ! Philippe Pelaez nous a concocté, ici, une savoureuse comédie satirique décalée, doublée d’une véritable critique sociale ; le tout illuminé par le trait enlevé de Gaël Séjourné…
Il ne reste plus grand-chose de la grandeur des Valence de Terney d’Argence, aristocrates fauchés, si ce n’est leur manoir qui tombe en ruine, leurs bonnes manières et leur langage châtié. Pour payer leurs traites et les études de Charlotte et Côme (leurs deux grands enfants), Godefroi (le géniteur) travaille dans une banque et Jeanne-Baptiste (la mère) est apicultrice. Lors de l’une de ses promenades, monté sur son fidèle destrier et armé d’un bout de bois faisant office de lance de tournoi, notre gentilhomme désargenté surprend une conservation entre promoteurs sans scrupules : en prenant comme prétexte l’installation de logements sociaux sur les 70 hectares de l’avoisinant champ du père Fournier, leur objectif est de construire, à terme, une immense zone commerciale…
Après avoir été éconduits par le maire et par la sous-préfète (sans parler de leur entrevue avec un avocat de mèche avec les investigateurs les décourageant d’intenter une action en justice), ils vont se faire aider par d’étonnants alliés pour sauver le territoire menacé et bloquer l’accès aux engins de chantier : des militants écologistes ou altermondialistes, purs et durs, dont certains sont d’anciens gilets jaunes ! Ce choc des cultures risque, cependant, de heurter fortement leur fidélité aux traditions : mais on ne fait pas d’omelettes sans casser d’œufs !
Tout au long de 117 savoureuses pages de BD, le prolifique Philippe Pelaez (1) a peaufiné sa narration (et ses dialogues), multipliant les drôles de situations faisant souvent référence à l’actualité ou à divers faits de société, sans jamais tomber dans la caricature.
C’est certainement dans ce genre caustique, où l’on sent tout de suite sa finesse d’écriture, l’ampleur de ses connaissances et la pertinence de son humour, que cet insatiable touche-à-tout se relève le meilleur… du moins, à notre humble avis.
Il suffit de relire ses autres opus parus également chez Grand Angle, comme « Le Gigot du dimanche » mis en images l’an passé par Espé ou « Les Fesses à Bardot » proposé en ce début d’année avec le même dessinateur.
D’ailleurs, Gaël Séjourné (2), manifestement adepte des blagues à deux balles et de mauvais jeux de mots, se révèle un complice rêvé. Il a dû se régaler en contribuant à la bonne et truculente ambiance que l’on ressent en découvrant cette galerie de portraits aussi sensibles que rigolos : son illustration semi-caricaturale n’empêchant absolument pas une habilité à reproduire nombre de cocasses détails ou clins d’œil…
(1) Sur Philippe Pelaez, voir sur BDzoom.com : Julie Wood : on efface tout et on repart !, Six personnages en quête… de bonheur ?, « Quelque chose de froid » : noir, c’est noir !, « AIR T1 : Sous un ciel moins gris » : comme un air de steampunk !, « Projet Anastasis » : la résurrection d’entre les morts !, Dans la chambre des merveilles, on apprend à vivre et même à revivre…, « L’Écluse » : un Lot de surprises !, « Bertille & Bertille »/« Le Bossu de Montfaucon » : un auteur, deux facettes !, « Automne en baie de Somme » : quand le polar réveille l’Art nouveau…, « Bagnard de guerre » : forcément une grande évasion !, « L’Enfer pour aube » : quand Tiburce Oger et Philippe Pelaez tournent l’Apache de la Belle Époque…, Tant qu’il y aura des femmes…, etc.
(2) Sur Gaël Séjourné, voir sur BDzoom.com : « Marée blanche » : la pêche « stupéfiante » de Gaël Séjourné !, « La Peau de l’autre » : Serge Le Tendre toujours au top !, « Lance Crow Dog » sauvé par les édinautes !, « L’Appel des origines » T2 (« Nairobi ») par Séjourné et Callède, « L’Appel des origines » T1, etc.
« La Dernière CroiZAD » par Gaël Séjourné et Philippe Pelaez
Éditions Grand Angle (22,90 €) — EAN : 9791041111503