On le sait, l’Espagnol Josep Homs (1) est un dessinateur aussi original que talentueux : il nous l’a prouvé à maintes reprises, ne serait-ce qu’avec sa série « Shi » écrite par Zidrou, dont il prépare le sixième épisode, toujours chez Dargaud. Par ailleurs, avec cet étonnant et glaçant roman graphique de 100 pages qu’il met lui-même en couleurs (et quelles couleurs !) — où une jeune juive très indépendante peut voir et converser avec une incarnation du diable —, il devient, pour la première fois, son propre scénariste. Tout en ressuscitant le mythe du golem et en reprenant le thème philosophique du bien et du mal, il nous démontre que le manipulateur n’est pas toujours celui qu’on croit !
Lire la suite...Titeuf 10 : Nadia se marie

Zep se serait-il assagi ? C’est sur une impression mitigée que nous refermons ce dixième album de Titeuf dans lequel, une fois n’est pas coutume, Zep délaisse le format des gags en une planche pour un récit complet, au ton consensuel.
Ce n’est pas nouveau, les filles sont « hyper compliquées » mais on les aime quand même. C’est en tout cas le sentiment de Titeuf qui décide de tout mettre en oeuvre pour danser avec Nadia lors de la prochaine fête de l’école. Hélas, la belle semble s’être entichée d’un jeune bellâtre avec qui elle s’affiche en permanence …
Tous les ingrédients qui ont fait le grand succès de la série sont évidemment au rendez-vous de ce nouvel album. Tous ! Oui, sauf qu’ils apparaissent à tour de rôle, comme un cuisinier exploiterait une recette à succès et sans plus de créativité que d’habitude. Un peu comme si ce nouvel album faisait une sorte d’inventaire – bilan, tendance soft, des neuf précédents.
C’est, à notre avis, le problème de « Nadia se marie » qui sombre dans un humour consensuel et qui, s’il ravira sans doute le plus grand nombre et notamment les (plus) jeunes fans de base, nous laisse cependant un goût d’inachevé. Si l’ensemble demeure sympathique, drôle (très drôle même, à de rares occasions), il semblerait que Zep ait décidé d’abandonner sa forme d’humour percutante et insolente au profit d’une chronique pré-ado amusante mais ciblée, sur un ton tendre, politiquement correct et de bon aloi. Bref, un album en roue libre dont on regrettera également l’absence d’une dimension sociale qui prenait à notre sens une part importante dans la grandeur de la série.
Laurent Turpin
Nadia se marie – Editions Glénat – 8,99€