Guy Lefranc est de retour, pour une aventure très lointaine, périlleuse et aux enjeux politiques : ce qui n’est pas la première fois. Naturellement, cette régate lui réserve de graves imprévus et, tout aussi certainement, le journaliste déploiera tout son courage et sa compétence pour sortir par le haut de la situation. Il se joint à Théa, une bonne amie — sans qu’une relation plus intime soit même suggérée — pour faire partie d’une des équipes concourant lors de cette course maritime autour du globe. Et le reportage qu’il en tirera sera destiné à son journal : Le Globe, justement. Pesant sur ce contexte, le père de Théa (Van Toor) est un homme d’affaires international qui vend du minerai et le fait convoyer en Indonésie. Tous les protagonistes vont converger vers cette zone sensible, indépendante depuis peu, et très convoitée. Un album d’une excellente équipe d’auteurs, à l’action soutenue, et à lire au premier degré.
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Spécialiste des coups tordus et des combines foireuses, Jean-Paul hérite de sa Lorraine de tante : huit garages sis à Nancy et dont la location lui rapporte un beau petit pactole. Mais voilà que l’un des box se libère et que son pote Gérard, un ancien flic, lui présente un riche avocat qui a, justement, besoin de stocker des meubles. La situation, délicieusement louche, va le mener jusqu’à l’île d’Yeu où une poignée de bras cassés nostalgiques de Pétain veulent déterrer le cercueil du maréchal pour le ramener à Verdun : au beau milieu des poilus ! Une pantalonnade qui, l’air de rien, donne une portée politique au récit, l’auteur ravivant nos mémoires pour nous expliquer d’où provient un certain parti d’extrême droite qui semble si populaire aujourd’hui.
Surtout connu comme illustrateur de livres pour enfants, Bruno Heitz s’est donc fait également un nom en bande dessinée ; ne serait-ce qu’à travers quelques ouvrages destinés aux plus jeunes (1) ou avec sa jouissive série « Un privé à la cambrousse » qui mettait en scène les enquêtes d’un drôle de détective franchouillard et rural dans les années 1950 (dix tomes indépendants ont été réédités récemment en trois gros opus chez Gallimard) (2).
Cette troisième et toujours aussi amusante mésaventure de son sympathique antihéros nommé Jean-Paul (3) est donc, cette fois-ci, basée sur des faits réels assez consternants : une arnaque incroyable, racontée avec une dose improbable d’ironie qui s’éloigne légèrement du portrait frais et décalé de cette époque révolue que l’auteur avait l’habitude d’évoquer dans ses autres acerbes et passionnants précédents romans graphiques !
Avec un dessin que l’on peut juger très naïf, mais avec un sens inné de la narration, Bruno Heitz théorise efficacement, et avec beaucoup d’humour, la mécanique d’une certaine politique fasciste où la bêtise et l’amoralité vont de pair avec la simplicité de ses personnages.
Gilles RATIER
« J’ai pas volé Pétain, mais presque… » par Bruno Heitz
Éditions Gallimard (18 €) – ISBN : 978-2-07-065569-4
(1) Voir « L’Histoire de France en BD T4 : 14-18 La Grande guerre » par Bruno Heitz et Dominique Joly ou « Louisette la Taupe » T8 (« L’Heure du Grimm ») par Bruno Heitz.
(2) Voir “ L’Affaire Marguerite ” 2005 ou « Un privé à la cambrousse T.8 : Chambre froide » 2004.
(3) Après « C’est pas du Van Gogh, mais ça aurait pu… » par Bruno Heitz et « J’ai pas tué de Gaulle, mais ça a bien failli ».