Guy Lefranc est de retour, pour une aventure très lointaine, périlleuse et aux enjeux politiques : ce qui n’est pas la première fois. Naturellement, cette régate lui réserve de graves imprévus et, tout aussi certainement, le journaliste déploiera tout son courage et sa compétence pour sortir par le haut de la situation. Il se joint à Théa, une bonne amie — sans qu’une relation plus intime soit même suggérée — pour faire partie d’une des équipes concourant lors de cette course maritime autour du globe. Et le reportage qu’il en tirera sera destiné à son journal : Le Globe, justement. Pesant sur ce contexte, le père de Théa (Van Toor) est un homme d’affaires international qui vend du minerai et le fait convoyer en Indonésie. Tous les protagonistes vont converger vers cette zone sensible, indépendante depuis peu, et très convoitée. Un album d’une excellente équipe d’auteurs, à l’action soutenue, et à lire au premier degré.
Lire la suite...De l’autre côté » par Léopold Prudon

À l’heure où le nombre des migrants (qu’il s’agisse d’expatriés économiques ou de réfugiés politiques) explose, il est bon de se mettre dans la peau des individus qui partent seuls ou en famille vers l’inconnu pour fuir l’insécurité, ou pire, la mort. Reportages, romans et bandes dessinées s’y essaient et l’album de Lépold Prudon fait partie de ces tentatives réussies…
Hamza est tunisien et désire plus que tout une autre vie, fuyant la Tunisie de l’après Ben Ali, un après dont il estime qu’il ne permettra pas de reconstruire le pays sur de nouvelles bases. Il pense qu’ailleurs c’est l’Eldorado et un ami a beau lui dire qu’il y sera seul, qu’il n’aura qu’un job de merde et un logement de merde, rien y fait, il part. Le désir, les rêves sont des moteurs implacables, plus que le courage car Hamza a peur, peur de cette traversée où il risque la mort, obsédé par ces fonds sous-marins et la faune aquatique inquiétante sous les dents de laquelle il craint de disparaître à jamais.
Les cases muettes sont d’ailleurs nombreuses à restituer ce malaise, traitées dans des noirs et blancs tranchés, comme pages 12 et 13 quand il regarde une dernière fois son village. Alors l’entassement des candidats à l’exil commence, à terre d’abord, puis à bord, lors de la traversée vers Lampedusa, si proche des côtes et si lointaine. Les échanges sont ténus, quotidiens, tandis que la peur au ventre tout le monde redoute que le bateau ne coule. Après la hantise des monstres marins, il faudra supporter celle des cafards qui semblent envahir des sous-sols kafkaïens…
Léopold Prudon, étudiant aux arts décoratifs de Strasbourg, réussit là un premier album cumulant deux difficultés : le traitement en noir et blanc et un sujet difficile. Il s’en sort très bien sur les deux plans, proposant même ici et là des cases particulièrement maitrisées et pleine d’émotion.
Alors, bon voyage (si l’on peut dire, vu le sujet !).
Didier QUELLA-GUYOT : L@BD->http://9990045v.esidoc.fr/ et sur Facebook.
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« De l’autre côté » par Léopold Prudon
Éditions Les Enfants Rouges (14 €) – ISBN : 978-2-3541-9075-0
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