On le sait, l’Espagnol Josep Homs (1) est un dessinateur aussi original que talentueux : il nous l’a prouvé à maintes reprises, ne serait-ce qu’avec sa série « Shi » écrite par Zidrou, dont il prépare le sixième épisode, toujours chez Dargaud. Par ailleurs, avec cet étonnant et glaçant roman graphique de 100 pages qu’il met lui-même en couleurs (et quelles couleurs !) — où une jeune juive très indépendante peut voir et converser avec une incarnation du diable —, il devient, pour la première fois, son propre scénariste. Tout en ressuscitant le mythe du golem et en reprenant le thème philosophique du bien et du mal, il nous démontre que le manipulateur n’est pas toujours celui qu’on croit !
Lire la suite...Siné raconte « son » mai 1968…

Alors que le n° 45 de Siné mensuel est sorti début septembre (en vente 5,50 € dans tous les kiosques), infatigable, Siné poursuit ses mémoires avec la parution du neuvième épisode de « Ma vie, mon œuvre, mon cul ». C’est de sa main qu’il écrit et illustre ces souvenirs qui débutent en 1965, alors qu’il effectue avec sa (première) femme Anik un voyage en Chine à l’invitation des Amitiés franco-chinoises.
Voyage incroyable de six jours à bord du Transsibérien, au départ de Moscou, tourisme à Pékin sévèrement surveillé par la police politique où le dessinateur comprendra qu’il ne faut pas plaisanter avec l’image de Miaou Tsé-Toung. De retour à Paris, il héberge un Cubain, Carlos Franqui et toute sa famille. Quatre Cubains vivant dans sa maison de campagne, ce n’est pas triste ! Il évoque comment il est devenu, de 1965 à 1978, le designer de la compagnie du pétrole et du gaz algérien : un boulot lucratif et une belle expérience humaine. Enfin, et surtout, il revient sur « son » mai 1968. Période faste où il collaborait à Action, créait L’Enragé et cassait du flic. C’est à travers les lettres enflammées envoyées à sa future (seconde) épouse Catherine, alors au Brésil et qu’elle a conservées, qu’il nous invite à revivre cette période qu’il qualifie la plus exaltante de sa vie…
Vous l’aurez compris, la lecture de cet ouvrage broché, 84 pages en couleurs, est indispensable (comme les huit précédents), car admirablement écrit par un jeune homme de 87 ans et jamais ennuyeux.
Attention ! Ce tome 9 est uniquement vendu en kiosques ou par correspondance.
Henri FILIPPINI
« Ma Vie, mon œuvre, mon cul T9 : Vive la chienlit ! » par Siné
Éditions du Crayon, 95, rue du Faubourg Saint-Antoine, 75011 Paris, www.sinimensuel.com (8 €)