Revenant au dessin et aux fondamentaux de ses débuts — à une époque où il privilégiait la gaudriole, le grand guignol et la liberté graphique, ce qui était notamment le cas dans le recueil intitulé « Nocturnes » —, Régis Loisel nous gratifie d’un étonnant et magnifique album, de très belle facture, aux éditions Rue de Sèvres : « La Dernière Maison juste avant la forêt », avec l’aide scénaristique de son ami Jean-Blaise Djian. Une histoire foisonnante — de 160 pages — située dans un univers loufoque, délirant, aux limites du fantastique, mais qui est remplie de bons sentiments, et où l’on retrouve tout l’amour pour l’humanité du cocréateur de « La Quête de l’oiseau du temps » ou de « Magasin général » !
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« Virgile » : ou comment Zidrou réussit à nous faire rire avec l’euthanasie…
Inspiré par l’un des dessins de la talentueuse Lucy Mazel (le portrait d’un homme noir, au regard mélancolique), le prolifique scénaristique Zidrou, jamais à court d’excellentes idées, a déclaré à l’illustratrice de la série « Olive » : « Tu vas voir, ça va être beau et joyeux, ça va parler… d’euthanasie » ! Depuis un accident qui l’a rendu tétraplégique, Virgile, ne se remettant pas non plus de sa séparation avec la femme de sa vie qui l’a quitté lors d’une manif dix ans plus tôt, est fatigué d’être dépendant des autres. Aussi, a-t-il pris une décision radicale : en finir avec cet état et partir tranquillement, mais seulement après une mémorable fête d’adieu à tous ceux qu’il aime…
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« Palmer dans le rouge » : un désopilant bon cru dû à Larcenet et Pétillon…
Disparu il y a déjà sept ans, René Pétillon — bien connu pour ses dessins d’humour dans Le Canard enchaîné, mais aussi pour son inénarrable détective Jack Palmer dont l’enquête corse a notamment fait parler de lui, car adaptée au cinéma — (1) avait travaillé, depuis 2008, sur ce scénario quasiment achevé. Bien qu’il en ait également assuré partiellement le découpage et les crayonnés (donc, il ne restait pratiquement plus qu’à dessiner l’album), il avait abandonné cet ultime projet pour différentes raisons, dont la nécessité d’honorer d’autres entreprises en cours. C’est le célèbre Manu Larcenet (2), récemment auréolé de son adaptation de « La Route », qui a été approché pour s’approprier l’histoire, la terminer et la mettre en images : un très bon choix !
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« Culpabilis » : un roman graphique qui nécessite de sortir de nos tics de lecture…
Depuis 2007, Greg Shaw travaille au Musée de la BD du Centre belge de la bande dessinée de Bruxelles, dont il dirige la bédéthèque. À partir de 2021, il y devient aussi rédacteur en chef de la revue trimestrielle bilingue Le Dessableur/Zandstraal — laquelle ambitionne, surtout, de faire découvrir le 9e art belge d’avant 1930 (1) — et même, récemment, commissaire d’exposition. Par ailleurs, il est également un auteur de BD, souvent minimaliste (car il recherche inlassablement la forme narrative la plus épurée possible), et va sortir « Culpabilis » chez Leaf Stripping Books [voir https://leaf-stripping.sumupstore.com] dans les prochains jours. Les dessins de ce nouvel album concept, où un homme se rend coupable de la mort accidentelle de sa compagne, ont tous été réalisés en découpe (au cutter) sur des feuilles de format A3 : une technique qui suscite l’admiration.
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« La Dernière CroiZAD » : ou quand les aristos s’allient aux écolos…
Une ZAC (zone d’activité commerciale) doit voir le jour dans le champ jouxtant les biens immobiliers d’une famille désargentée issue de la vieille noblesse : les Valence de Terney d’Argence… Après avoir épuisé tous les recours possibles, ces propriétaires terriens sans le sou vont sceller un accord improbable avec un groupe de militants écologistes radicaux, venus d’un peu partout en France, et créer une ZAD (zone à défendre, à l’instar de Notre-Dame-des-Landes) pour sauver ce territoire… Des nobliaux montant les barricades pour contrer les charges de CRS : voilà qui est à la fois croquignolesque et rocambolesque ! Philippe Pelaez nous a concocté, ici, une savoureuse comédie satirique décalée, doublée d’une véritable critique sociale ; le tout illuminé par le trait enlevé de Gaël Séjourné…
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« L’Ange corse » : une prometteuse fresque historique sur le trafic d’opium et l’aspiration du peuple vietnamien à la liberté…
Par les temps qui courent, il est rare qu’un éditeur se lance dans une saga aux allures classiques prévue en plusieurs volumes. Pourtant, Futuropolis a déjà financé les scénarii des six ouvrages nécessaires à l’épopée de « L’Ange corse », lesquels sont d’ores et déjà écrits, et les trois premiers opus sortiront en l’espace d’une seule année… Rien que pour cela — mais pas que… —, saluons la parution du premier tome de « L’Ange corse » : l’histoire d’un orphelin corse qui doit s’expatrier dans l’Indochine des années 1930, pour échapper à une vendetta. Le jeune insulaire est recueilli, à Saigon, par un riche commerçant et propriétaire terrien natif d’Ajaccio : mais sous sa façade respectable, cet homme, bien installé, trempe dans le proxénétisme et le trafic de stupéfiants…
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Variation féministe du mythe de l’amour éternel, « L’Amourante » est digne de tout votre intérêt…
Quel plaisir, après des années et des années de chroniques sur les nouvelles parutions concernant le 9e art, de continuer à découvrir des auteurs prometteurs qui, d’emblée, semblent vraiment maîtriser les codes narratifs et graphiques de la bande dessinée ! C’est d’autant plus méritoire quand il s’agit d’un premier album en ce domaine : ce qui est le cas de Pierre Alexandrine avec son « Amourante ». Ce dense ouvrage de 230 pages, édité chez Glénat, nous propose un voyage aussi palpitant qu’amusant à travers les époques et les lieux, en remettant en question notre obsession tout à fait compréhensible de plaire perpétuellement et de ne pas mourir…
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Le retour de Ringo : du très bon western classique !
Créé par William Vance en 1965 pour le journal Tintin, le personnage de Ray Ringo est convoyeur, chargé d’escorter les diligences de la Wells Fargo. Six histoires ont été réunies et éditées en deux albums par Le Lombard en 1967 et1968 (notamment sur des scénarios de Jacques Acar), suivis en 1978 par un dernier retour (scénarisé par André-Paul Duchâteau), le tout publié en intégrale en 2004, puis plus récemment en 2022 (1).
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« Fuck ze Tourists »: la BD franco-belge a l’assaut du surtourisme !
Pour les amateurs de bandes dessinées humoristiques certifiées franco-belges, les propos ne peuvent qu’être bon enfant, les dessins d’une sagesse irréprochable : dans le but de ne pas troubler les jeunes lecteurs. Les sieurs Zidrou et Éric Maltaite, natifs du plat pays — mais, il est vrai, exilés en Espagne depuis belle lurette —, démentent ces croyances ancestrales avec une bonne dose d’humour corrosif. Après avoir joyeusement tourné en dérision l’univers impitoyable d’Hollywood (1), ils s’attaquent avec la même férocité aux vacanciers des temps modernes : ces maîtres en goujaterie envers les populations locales.
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Dans « Whisky », Bruno Duhamel et David Ratte mettent en lumière les SDF…
Bruno Duhamel et David Ratte sont deux auteurs phares du label Grand Angle du groupe Bamboo, même s’ils se démarquent quand même un peu de la ligne des aventures plus classiques proposées majoritairement par ce très intéressant secteur dirigé par le scénariste Hervé Richez. C’est d’ailleurs ce dernier qui a eu l’idée de rapprocher les deux créateurs, lesquels sortent, en effet, des sentiers balisés. Le résultat de leur efficace collaboration ? Une mise en lumière émouvante et pleine d’ironie de deux attachants exclus de notre société : Amir, jeune réfugié kurde sans papier plutôt discret, et Théo, vieux clochard pure souche, bavard et politiquement incorrect. Leur relation, liée par un pacte de survie, va voler en éclat lorsque le vétéran s’entichera d’un chien trop bien toiletté pour être honnête…
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Un road-movie très… western !
À sa sortie de prison, en 1970, Chuck ne pense qu’à récupérer son butin, qu’il a caché à Dry Creek : une ville fantôme du Colorado… Il y retourne avec sa complice et amante de l’époque : Kat. Là-bas, ils butent sur un vieux chercheur d’or. Ce dernier n’a pas volé leur trésor, mais leur apprend que deux individus les ont précédés : un grand blond et un Indien. Chuck va devoir retrouver leur trace, et l’affrontement sera inévitable. Avec Chuck et Kat, on voyage à travers les paysages américains éternels — comme figés — des westerns. De belles images, au service d’une intrigue forte,faite de chasse à l’homme, d’appât du gain et de trahison.
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