Revenant au dessin et aux fondamentaux de ses débuts — à une époque où il privilégiait la gaudriole, le grand guignol et la liberté graphique, ce qui était notamment le cas dans le recueil intitulé « Nocturnes » —, Régis Loisel nous gratifie d’un étonnant et magnifique album, de très belle facture, aux éditions Rue de Sèvres : « La Dernière Maison juste avant la forêt », avec l’aide scénaristique de son ami Jean-Blaise Djian. Une histoire foisonnante — de 160 pages — située dans un univers loufoque, délirant, aux limites du fantastique, mais qui est remplie de bons sentiments, et où l’on retrouve tout l’amour pour l’humanité du cocréateur de « La Quête de l’oiseau du temps » ou de « Magasin général » !
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« Blake et Mortimer » : entre hommages et modernités scientifiques…
« Diabolique ! » : le mot n’est pas de trop pour les collectionneurs, en cet automne éditorial surchargé, voyant surgir rien moins que trois nouvelles parutions autour de l’univers de « Blake et Mortimer ». Dans « Le Menace atlante », Yves Sente et Peter Von Dongen proposent une suite mouvementée au classique « L’Énigme de l’Atlantide » (1957), en confrontant les héros à un nouveau complot interplanétaire. Avec le hors-série illustré « La Double Exposition », Laurent Durieux, Sonja Shillito et James Huth imaginent que Blake et Mortimer, miniaturisés, se retrouvent piégés par leurs pires ennemis, dont l’éternel Olrik. Enfin, avec le bien nommé « Diabolique ! : le piège d’Edgar P. Jacobs », Thierry Bellefroid et Éric Dubois décortiquent « Le Piège diabolique », passionnant voyage temporel de Mortimer, publié en 1962. Avec la science et ses dérives comme thématiques unificatrices pour ses trois hommages à une immense série culte du patrimoine franco-belge…
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Du Gotlib tous azimuts !
À l’instar d’Hergé, Jacobs ou Pratt, le grand Gotlib fait désormais partie des rares auteurs de bande dessinée à avoir leur existence mises en cases et en bulles avec « Gotlib : une vie en bandessinées ». Cette biographie en BD, rapportant quelques-unes des savoureuses anecdotes qui ont jalonné le parcours de cet immense créateur, spécialiste de l’humour décalé, est signée par Julien Solé (le fils de Jean) aux dessins et Arnaud Le Gouëfflec aux scénarios. Pour compléter le tableau, les éditions Fluide glacial, associées à Dargaud, proposent un superbe et ambitieux ouvrage compilant toutes les BD dessinées par Gotlib publiées en 1967. Notamment « Gai-Luron » dans Vaillant : le journal de Pif et « Les Dingodossiers » réalisés avec René Goscinny dans Pilote !
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Le nouveau « Iznogoud » is good !
La plupart des stars de la BD franco-belge étant au rendez-vous en librairie en cette fin d’année, le célèbre vizir qui « veut être calife à la place du calife » débarque lui aussi avec un 33e album plutôt réussi : tant sur le plan de l’humour — avec des scénarios de Clément Lemoine & Michaël Baril, Falzar & Zidrou ou Olivier Andrieu — que du dessin. Car, si Elric, lui, n’a jamais voulu être Tabary à la place de Tabary, il confirme, avec ce troisième opus auquel il participe, que le choix de le désigner comme successeur du créateur graphique de la série « Iznogoud » (et de son fils qui a fait l’intérim, le temps de trois recueils) est excellent. Il apporte de la modernité, tout en respectant le style original : lequel devient, pour l’occasion, un poil plus acéré !
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« Astérix en Lusitanie » : unis dans la diversité…
Un beau matin de printemps, un ancien esclave lusitanien vient demander de l’aide aux irréductibles Gaulois… Ainsi débute « Astérix en Lusitanie » : 41e aventure imaginée par Fabcaro et Didier Conrad, duo d’auteurs formé autour de « L’Iris blanc » en 2023. Adversité oblige, nos héros vont avoir fort à faire avec les épreuves imposées par l’occupant romain, lié au traitre Pirespès… À moins que les légendaires mœurs mélancoliques de ce Portugal antique ne perturbent nos amis ! Incontournable événement éditorial de l’année, cet opus suit de manière ensoleillée les valeurs prônées par Goscinny et Uderzo, plus de 65 ans après la création d’un véritable mythe du 9eart…
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« Mes années Hara-Kiri » : une formidable épopée éditoriale !
L’aventure éditoriale des éditions du Square est sans nul doute la plus improbable vécue par un organisme de presse depuis la Libération. Cet ouvrage est un témoignage tout aussi abracadabrantesque d’un homme (à tout faire !) — Daniel Fuchs —, qui a vécu dans l’ombre aux côtés de Georges Bernier : le célébrissime Professeur Choron. Si aujourd’hui Hara-Kiri n’est plus qu’un lointain souvenir pour les jeunes générations, en son temps le « Journal bête et méchant » a dispensé sans modération son humour noir et son mauvais goût. Un quart de siècle de joyeuses gauloiseries de la France gaulliste aux années mitterrandiennes.
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80 ans après la bombe, Gen revient témoigner…
Épuisée depuis longtemps en version française, la série « Gen aux pieds nus » de Keiji Nakazawa revient dans une édition retravaillée. Cette parution arrive juste à temps pour célébrer les 80 ans de la défaite japonaise, dont le peuple est toujours à ce jour le seul de l’histoire à avoir été soumis au terrible impact d’une bombe atomique. Témoignage poignant, ce manga se doit d’être lu pour que les cauchemars du passé ne se reproduisent pas : c’est du moins le sens du message de son auteur, lequel en a fait un véritable pamphlet antimilitariste.
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« Buck Danny Origines : Lettres à Jo » ou les premiers vols de Sonny Tuckson…
Après les premiers pas dans l’univers de l’aviation de Buck Danny évoqués par Yann, c’est au tour de Frédéric Zumbiehl et Patrice Buendia de revenir sur la jeunesse mouvementée du truculent Sonny Tuckson. (1) Au dessin, nous retrouvons avec plaisir le copilote Giuseppe De Luca : l’épatant dessinateur du premier diptyque, dont l’habileté à restituer l’ambiance des années 1940 est un régal. Ceux qui apprécient cette série culte verseront une larme à la lecture de cet ouvrage, qui aurait sans nul doute comblé de plaisir ses pères fondateurs : Jean-Michel Charlier et Victor Hubinon.
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Spirou et Fantasio dans « Le Trésor de San Inferno » : le retour aux fondamentaux !
Depuis trop longtemps, les aventures de « Spirou et Fantasio » se perdent dans des univers plus ou moins improbables, où le meilleur cohabite avec le pire. Faisant oublier que « Spirou et Fantasio » était, à l’origine, une série d’aventure classique, à la fois drôle et palpitante, dont le seul but était de divertir ses lecteurs. Avec ce nouvel album, les auteurs reviennent aux fondamentaux de la série, permettant aux héros de s’offrir une belle tranche d’humour et d’exotisme, comme le grand André Franquin aimait les dessiner.
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Pièges en haute mer pour Lefranc !
Guy Lefranc est de retour, pour une aventure très lointaine, périlleuse et aux enjeux politiques : ce qui n’est pas la première fois. Naturellement, cette régate lui réserve de graves imprévus et, tout aussi certainement, le journaliste déploiera tout son courage et sa compétence pour sortir par le haut de la situation. Il se joint à Théa, une bonne amie — sans qu’une relation plus intime soit même suggérée — pour faire partie d’une des équipes concourant lors de cette course maritime autour du globe. Et le reportage qu’il en tirera sera destiné à son journal : Le Globe, justement. Pesant sur ce contexte, le père de Théa (Van Toor) est un homme d’affaires international qui vend du minerai et le fait convoyer en Indonésie. Tous les protagonistes vont converger vers cette zone sensible, indépendante depuis peu, et très convoitée. Un album d’une excellente équipe d’auteurs, à l’action soutenue, et à lire au premier degré.
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Troisième tome de l’intégrale de « Paracuellos » : « Il ne faut jamais dire jamais ! »
C’est en France, en 1979, dans les pages de Fluide glacial, que « Paracuellos » séduit un large lectorat, après des débuts plus que modestes en Espagne. Son évocation sans filtre de la vie misérable au quotidien des enfants espagnols, dans les orphelinats de l’Auxilio social (« l’aide sociale ») créée sous le règne de Franco, s’est poursuivie jusqu’en 2003. Ce n’est que 15 ans après la conclusion logique d’un second cycle que Carlos Giménez propose un ultime récit en 119 pages sublimes. Cette histoire réalisée en 2020 et publiée en Espagne en 2022, est enfin aujourd’hui traduite en France dans le troisième volume d’une intégrale : un opus inédit à ne pas manquer.
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