« Spirou et la Gorgone bleue » : Yann et Dany s’éclatent !

Depuis le lancement (en 2006) de la série « Une aventure de Spirou et Fantasio par… », nous avons souvent connu le meilleur, rarement le pire. Le présent album, signé par deux poids lourds de la BD franco-belge et annoncé depuis une dizaine d’années, est enfin paru ! Yann et Dany proposent un véritable ovni qui devrait provoquer bien des commentaires de la part des inconditionnels purs et durs de la série. L’écologie et ses dérives servent de fil rouge à ce récit décoiffant, fourmillant de personnages insolites.

En vacances au bord de la mer, Spirou et Fantasio — sans oublier Spip — s’apprêtent à savourer la retransmission à la télévision du reportage exclusif qu’ils ont réalisé en Palombie. Dans le fast-food voisin,les jeunes consommateurs attendent avec impatience la diffusion des dernières aventures de Lara Mac Burgy : l’égérie des hamburgers du même nom. L’invasion du restaurant par une bande de filles hystériques,toutes de bleu vêtues, hurlant : « Non aux temples de la malbouffe », gâche la fête. Les Gorgones bleues luttent contre Simon Santo, le puissant boss de Mac Burgy, milliardaire pollueur, cynique et cruel. Parmi elles, Seccotine, journaliste et amie de nos deux héros, laquelle est parvenue à s’infiltrer au sein de l’organisation. Elle leur confie qu’un certain Pacôme Hégésippe Adélard Ladislas — autrement dit le comte de Champignac — financerait ce groupe de terroristes féminins. Tout se complique avec l’enlèvement de Lara : la star du hamburger. Cette disparition conduit nos amis sur le USS Obama : ce porte-avions de la Navy est prisonnier du septième continent, une gigantesque île artificielle formée de déchets. À bord, ils font connaissance avec l’amirale Denzelle Jackson (la pacha du navire) et de Kay Mac Cloud, une agent de la CIA chargée de traquer le groupe écolo aux combinaisons bleues — 100 % féminin —, et plus particulièrement leur chef : la mystérieuse Grande Gorgone…

Ces événements tragiques permettent à Yann de construire une intrigue délirante autour des deux icônes de la bande dessinée franco-belge. Les clins d’œil ne manquent pas : de la présence de Kay Mac Cloud — héroïne éphémère campée jadis par Dany et Greg en 1975 dans Achille Talon magazine — à Simon Santo,dont le visage évoque un président américain de triste réputation, en passant par le dessin du dos de couverture, émouvant hommage à Jean-Michel Charlier et Victor Hubinon.

Le dessinateur, bien connu pour ses gags coquins, propose une formidable galerie de filles sexy comme jamais Spirou et Fantasio n’en ont croisé au cours de leur longue vie d’aventure. Même Seccotine ne manque pas de charme ! Pour ceux qui en doutaient encore, Dany est un prodigieux dessinateur, maniant avec le même bonheur humour et réalisme. Sa mise en pages est intelligente, son trait dynamique, ses dessins foisonnant de petits détails savoureux, ses couleurs soignées. 

Curieusement, cette longue aventure en 86 pages n’a pas été publiée par Spirou : sans doute jugé trop coquin pour les jeunes lecteurs. Cela dit, on peut comprendre les hésitations de la rédaction face à cet ovni (je le répète) dont le mérite — et pas le moindre — est de bousculer le côté peut-être trop sérieux de certains des précédents albums de la série. Ce qui n’empêche pas les auteurs de faire passer, avec humour, un vibrant message écologique. Nous attendons avec impatience l’album réalisé par Marc Hardy, lui aussi depuis longtemps annoncé…

Henri FILIPPINI

« Spirou et la Gorgone bleue » par Dany et Yann

Éditions Dupuis (18,95 €) — EAN : 978-2-8001-6780-0

Parution 8 septembre 2023

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2 réponses à « Spirou et la Gorgone bleue » : Yann et Dany s’éclatent !

  1. BARRE dit :

    Ah ce Dany, il nous rends fous avec ces filles là !
    Je fais partie des fans du Spirou  » classique » et j’apprécie très moyennement certaines adaptations de certains auteurs, mais là, je rends les armes et je baisse les bras devant un Spirou dessiné par Dany ( on se lève tous pour Dany !!)
    Je cours faire une entorse au règlement du  » classique »!…

  2. Solomon dit :

    « en passant par le dessin du dos de couverture, émouvant hommage à Jean-Michel Charlier et Victor Hubinon »

    Quatrième de couverture, pas dos.

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