« Lefranc T34 » : Une femme disparaît (et — hélas ! — un scénariste)…

Cela faisait longtemps que Guy Lefranc n’avait pas enquêté aux États-Unis, et cette nouvelle sombre affaire concerne une grande star : évocation de Marilyn Monroe et de ses relations à risques avec la présidence et les milieux douteux. Les auteurs brouillent les pistes en faisant entrer en scène une doublure de la star, tout aussi menacée… Services secrets, pègre, faux alliés, et vrai ami — comme ce Bob Garcia en danger, appelant à l’aide son collègue Lefranc — sont au menu de cette intrigue urbaine et glamour, pleine de menaces et de pièges.

Crayonné de la planche 1.

François Corteggiani signait là son dernier scénario pour « Lefranc », et l’album lui rend hommage en pages finales. Un album moins trépidant et moins aventureux que certains autres, mais une belle ambiance, avec longues voitures et lumières urbaines.

Margareth Morrison (initiales M. M., comme Marilyn…), pourtant au sommet de son succès, souhaite disparaître habilement pour échapper aux — nombreux — problèmes de son existence, où politique, mafia et trafics s’entremêlent.

Ce sera d’autant plus aisé qu’elle possède une doublure, déjà capable de la remplacer dans lescabarets et autres sorties diverses.

Le journaliste Bob Garcia (aperçu dans « Les Juges intègres ») — un clin d’œil au personnage de Libellule (dans la série « Gil Jourdan »), mais surtout à l’essayiste spécialiste d’Hergé du même nom —, va chercher à rencontrer la belle rousse au charme magnétique : sa doublure d’abord et,pourquoi pas, l’originale. 

À Los Angeles, les problèmes commencent pour Garcia, car il est suivi et menacé. Il appelle Lefranc au secours, lequel n’hésite pas à se rendre sur place. Évidemment, Lefranc prend le risque d’être pris à partie par les mêmes malfaisants, mais il espère débrouiller cette drôle d’affaire : la doublure, une fois enlevée, doit mourir pour que Margareth Morrison, sous un faux nom, n’ait plus aucun lien avec la personne publique qu’elle était. Comment Lefranc va-t-il intervenir ?!

La grande nouveauté de cet album est naturellement de se situer aux États-Unis. Cela aurait été banal s’il s’agissait de notre époque, mais, ici, la fin des années 1950 apporte une richesse visuelle intéressante, à commencer par les longues voitures disparues, les costumes et les intérieurs, vus seulement dans certains films (ou dans « L’Étrange Rendez-vous » de Blake et Mortimer). Comme le dessinateur, Christophe Alvès, maîtrise cette ambiance, la lecture est très agréable. On remarque aussi que le personnage de Mélanie — l’assistante de Lefranc — prend un peu d’ampleur… 

Pour ce dernier « Lefranc » de François Corteggiani, qui sort tout juste un an après son décès (1), l’intrigue est retorse, mais on est loin des albums d’aventure ou d’action que le duo avait produits : « Lune rouge », ou l’époustouflant « Mission Antarctique », par exemple (2). Néanmoins, ne boudons pas notre plaisir, car un « Lefranc » avec une telle équipe (tout comme l’autre équipe, alternée, composée de Roger Seiter et Régric) est en de bonnes mains. « Était » pour Corteggiani, à qui un hommage spécial est rendu dans un petit dossier en pages finales, avec des crayonnés de Christophe Alvès, photos et extraits de scénarios dessinés : un bonus bienvenu.

Patrick BOUSTER

Crayonné planche 2

« Lefranc T34 : La Route de Los Angeles » par Christophe Alvès et François Corteggiani

Éditions Casterman (12,50 €) — EAN : 978-2-203-22860-3

Parution 20 septembre 2023

(1) Voir l’hommage de BDzoom.com : Décès soudain de François Corteggiani : le monde des « petits mickeys » sous le choc !

(2) Voir la chronique de cet album sur BDzoom.com : « Lefranc T26 : Mission Antarctique » par Christophe Alvès et François Corteggiani

Galerie

4 réponses à « Lefranc T34 » : Une femme disparaît (et — hélas ! — un scénariste)…

  1. Diddu dit :

    Hum hum…
    Ce n’est pas du tout la première fois que Lefranc se rend aux Etats-Unis.
    Cf le vol du Spirit par exemple, par Jacques Martin lui-même.

  2. Pierre R dit :

    Dans le Châtiment, il est également aux USA, et même à Hollywood !…

  3. Patrick BOUSTER dit :

    Oui, effectivement, c’est donc corrigé, merci.
    Annoncé partout ou presque comme la première enquête de Lefranc aux Etats-Unis, cela a fait que je n’ai pas vérifié dans les nombreux albums, ce qui n’est pas une excuse.
    Il reste encore des pays où il n’est pas allé ? Il faut l’espérer pour la suite…

  4. Diddu dit :

    A mon sens, rien ne vaut (pour Lefranc) les enquêtes se déroulant en France ou dans les pats proches. Je pense aux premiers albums de Jacques Martin notamment, avec les paysages alsaciens, ceux des Alpes ou de l’Italie par exemple.

    Une belle exception à la règle est celui se déroulant à Cuba.

    De mémoire, on peut aussi citer l’album Lune Rouge qui se déroule en partie aux Etats-Unis (très loin d’être un bon Lefranc d’ailleurs)

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