Premier tome de « Bellatrix » : un septième cycle prometteur pour « Les Mondes d’Aldébaran » !

Justement considérée comme l’une de nos meilleures séries de science-fiction en bande dessinée, « Les Mondes d’Aldébaran » séduisent de plus en plus de lecteurs depuis la création de la saga, en 1994. Il y a bientôt 30 ans ! Le presque octogénaire Leo se lance sans hésiter dans un septième cycle, prévu en cinq épisodes qui s’annoncent aussi riches en découvertes insolites que les précédents. L’occasion de retrouver des personnages familiers, une nouvelle fois à la découverte de mondes inconnus.

La vie de bureau sur Aldébaran n’est pas faite pour l’humaine Manon Servoz qui s’y ennuie. Lorsque Bakula Cissé, première secrétaire de l’ONU, lui propose une nouvelle mission, c’est avec enthousiasme que notre bourlingueuse accepte d’y participer. La flotte d’intervention de la galaxie, chargée d’éviter de potentiels massacres qui menaceraient l’évolution des populations d’humanoïdes intelligents voisines des humains, s’inquiète pour la planète Bellatrix où les habitants vivent encore comme au temps du Far West, car de dangereux extrémistes tout de blanc vêtus — aux idées rétrogrades et violentes — sont sur le point de gagner les élections.

Manon est accompagnée dans cette nouvelle mission par son amie Kim Keller, originaire d’Aldébaran. À cheval, les deux femmes parcourent des régions hostiles, afin de rejoindre Narene Denver, la candidate du camp progressiste,menacée de mort pour avoir osé se présenter contre le rétrograde Severin Almos. Les deux femmes sont rejointes par Leda et son frère Adler : deux adolescents dont les parents — hôteliers — ont été tués par les obscurantistes. Alors que dans la profondeur des cavernes de Bellatrix vivent d’étranges fantômes aux pouvoirs inquiétants, nos héroïnes peuvent compter sur le soutien des Avarants : le peuple extraterrestre évolué qui — depuis l’espace — veille sur leur dangereuse équipée…

Une histoire classique comme on les aime, aux multiples rebondissements, saupoudrée de créatures mystérieuses et ne négligeant ni l’écologie, ni la politique, ni la réflexion. Fidèle à ses habitudes, Léo imagine un monde fantastique crédible, à la végétation insolite où alternent prairies, savanes et forêts, à la faune étrange, sans être néanmoins délirante. Une fois encore, il réalise la performance de proposer des décors sans fioritures, pas si éloignés des nôtres, et qui pourtant parviennent à nous transporter ailleurs. De son trait limpide, proche de la ligne claire, sans images spectaculaires, il réussit à fasciner ses lecteurs. Magique !

Après « Aldébaran », « Bételgeuse », « Antares », « Survivants », « Retour sur Aldébaran » et « Neptune » — soit 26 albums ! —, c’est toujours avec le même plaisir que les fidèles lecteurs de la série savoureront le premier épisode de ce septième cycle. Pourtant, le pari était osé pour l’auteur dont le trait n’a pas pris une ride : une belle performance lorsque l’on sait qu’il assure seul, à un rythme soutenu, scénario, dessin et couleurs.

Né le 13 décembre 1944 à Rio de Janeiro, Luiz Eduardo de Oliveira — qui adoptera le pseudonyme Leo — quitte le Brésil en 1971 pour le Chili, puis l’Argentine, engagé qu’il est avec les étudiants contre la dictature militaire. Il abandonne ses activités politiques en 1974, travaille comme illustrateur publicitaire jusqu’à son arrivée en France en 1981. Après avoir publié ses premiers travaux dans L’Écho des savanes, Pilote, Okapi, Astrapi… il commence « Trent » en 1991 avec Rodolphe au scénario, puis « Aldébaran » — dont il est l’auteur complet — en 1994. Scénariste, il écrit « Terres lointaines » et « Ultime Frontière » pour Icar ; dessine dans un premier temps « Les Missions fantastiques de Kathy Austin », profitant de l’aide scénaristique de Rodolphe, avant de passer graphiquement la main à Bertrand Marchal. Puis, en collaboration avec Corine Jamar, il écrit « Mermaid Project » et « Mutations » pour Fred Simon… Infatigable, il coécrit aussi avec Rodolphe les cinq volumes de « Centaurus » (de 2015 à 2019) et le premier d’« Europa » (2021), tous dessinés par Zoran Janjetov, aux éditions Delcourt.

Pour ceux qui ne connaissent pas encore la série incontournable qu’est « Les Mondes d’Aldébaran », il est bon de signaler qu’il existe des éditions intégrales des quatre premiers cycles.

Henri FILIPPINI

« Les Mondes d’Aldebaran – Bellatrix » T1 par Leo

Éditions Dargaud (14 €) — EAN 978-2-205-20617-3

Parution 22 septembre 2023

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3 réponses à Premier tome de « Bellatrix » : un septième cycle prometteur pour « Les Mondes d’Aldébaran » !

  1. Philippe dit :

    A ma connaissance, il n’existe pas (encore) d’intégrale de Neptune, et celle de la série Retour sur Aldébaran est un tirage limité luxueux qui est épuisé…

    • Gilles Ratier dit :

      Exact Philippe, notre ami Henri Filippini s’est une fois de plus laissé allé à son enthousiasme légendaire et a un peu précipité les choses : car ces intégrales viendront certainement un jour ou l’autre…
      Nous corrigeons !
      Bien cordialement
      La rédaction

  2. Zaza dit :

    Presque 80 ans, Leo ? ! ! Son dessin et sa narration se tiennent encore très bien, ce qui est assez rare, à cet âge.

    Chapeau et tant mieux pour les lecteurs.

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