Avec la complicité habituelle de Doug Headline (le fils du célèbre écrivain), le Grand Prix d’Angoulême en 1990 s’est attaqué avec brio à une nouvelle mise en images d’un roman noir de la figure tutélaire du polar francophone : Jean-Patrick Manchette. Il s’agit, après « Morgue pleine » (déjà adapté en BD par les mêmes auteurs), de la seconde — et donc dernière ! — enquête du détective privé Eugène Tarpon. Elle est parue en 1976 dans la collection Super Noire des éditions Gallimard et elle fut tournée pour le cinéma sous le titre « Pour la peau d’un flic » par et avec Alain Delon, en 1981. Drôle et efficace, « Que d’os ! » imbrique de patibulaires personnages hors normes dans des situations plus qu’improbables.
Lire la suite...N’oublions pas Rosa Parks…
C’est un fait historique bien connu que ce geste de Rosa Parks, femme noire qui, le 1er décembre 1955, refuse de quitter une place du milieu du bus pour la laisser à un Blanc qui vient de monter, comme c’est la règle… C’était à Montgomery, en Alabama, où une figure encore plus connue va mener la bataille pour que cette ségrégation honteuse cesse : le révérend Martin Luther King…
C’est un fait historique bien connu mais, la plupart du temps, on n’en connait pas tous les détails, tous les ressorts, ni toutes les conséquences. Comme l’indique la scénariste, en préface, « écrire sur Rosa Parks a-t-il encore un sens, tant d’ouvrages lui ayant été consacrés ? Oui, car le sujet est toujours pertinent et même tout à fait d’actualité. » On est bien d’accord.
Pour mettre en scène cette figure historique, les auteurs ont intégré un flash-back dans une conversation qui commence dans un taxi, de nos jours, à New York, entre un jeune désinvolte, méprisant et sûr de lui et un vieux chauffeur, patient et pédagogue. Peu à peu, il est question de Rosa Parks : la couturière de 42 ans qui va devenir une figure emblématique de la lutte des Noirs pour l’égalité des droits aux États-Unis.
Rosa Parks est une révoltée, combattante, une femme du peuple courageuse et obstinée, une militante qui va déclencher un mouvement incroyable : celui des Noirs qui, désormais, vont s’abstenir de monter dans le bus dont ils sont pourtant l’essentiel de la clientèle. Le boycott, bientôt mené par Martin Luther King, réussit au-delà de toute espérance et va mettre la société blanche de bus en très grosse difficulté.
Décédée en 2005, Rosa Parks reste à jamais l’exemple du combat non-violent, enterrée dans ce qui constitue aujourd’hui le Rosa Parks Memorial Mausoleum. Quant au bus dans lequel, elle est montée le 1er décembre 1955, il est à présent exposé dans un musée, à Dearborn, dans le Michigan. Á l’époque, la société de bus lui rendra hommage « à la femme qui s’est tenue debout en restant assise. »
C’est probablement l’occasion de découvrir ou redécouvrir l’histoire d’Emmett Till, située la même année, moins connue et beaucoup plus abominable, d’une part parce qu’il s’agit d’un adolescent, d’autre part parce qu’il fut sacrifié au nom d’un racisme « ordinaire », enfin parce que le procès qui s’ensuivit fut une mascarade… Voir notre chronique ici-même).
Didier QUELLA-GUYOT
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« Rosa Parks » par Matteo Mancini et Mariapaola Pesce
Éditions Des ronds dans l’O (22 €) – EAN : 9782374181424
Parution 11 octobre 2023










