La poétesse américaine Emily Dickinson (1830-1886) est manifestement intrigante. Elle n’a été reconnue comme écrivaine qu’après sa mort, sa sœur découvrant alors 1 775 poèmes qu’elle avait écrits. Cette femme de bonne famille, solitaire, indépendante, insoumise et passionnée par les mots l’était aussi par les plantes et le monde sensible qui l’entourait, comme le montre joliment « Le Jardin d’Emily » de Lydia Corry.
Lire la suite...« Wendigo » : un « Thorgal » époustouflant à la manière de Corentin Rouge et Fred Duval !
Après un premier opus remarqué dû à Robin Recht (« Adieu Aaricia » : voir « Thorgal : Adieu Aaricia »… L’odyssée du temps !), la série « Thorgal Saga » invite cette fois-ci le dessinateur Corentin Rouge et le scénariste Fred Duval à venir enrichir, le temps d’une aventure, le fabuleux destin de Thorgal : l’enfant des étoiles créé par Jean Van Hamme et Grzegorz Rosiński dans le journal Tintin, en 1977. Dans « Wendigo », ils envoient le courageux Viking à la découverte de l’Amérique du Nord.
La seule contrainte donnée aux auteurs qui ont le privilège de proposer une nouvelle péripétie d’heroic fantasy et de science-fiction, sur fond de mythologie scandinave, au sein de « Thorgal Saga » est que leur album s’insère dans la chronologie de la série régulière, et de rester cohérent avec cette dernière. On retrouve donc ici Thorgal Aegirsson et sa famille à la fin du « Cycle de Qâ » (lequel correspond aux tomes 9 à 13 de la série mère) : une épopée mythique dans un décor exotique d’avant les premiers conquistadors, où ils font la connaissance de Pied-d’arbre, mais aussi de la venimeuse Kriss de Valnor, où Jolan découvre son pouvoir sur la matière et où Thorgal rencontre son père venu des étoiles.
Pour rejoindre leur terre natale (et faire ainsi le lien avec le 14e épisode), les héros naviguent en longeant les côtes américaines. Ils arrivent alors en Terre-Neuve, remplie de tribus indiennes pas très pacifiques. D’autant plus que les différends entre les peuples de l’Eau et des Arbres se règlent désormais par démons interposés, n’étant que les pions d’un conflit d’intérêts entre demi-dieux, dont l’un cache ses origines pour mieux infiltrer la culture locale. C’est ainsi que, dès les premières pages, deux Amérindiens tapis dans une forêt embrumée observent le combat du Wendigo, créature dévoreuse et insatiable qui ne fait pas de distinction entre ceux qui l’ont invoqué et les autres, avec un serpent de mer aussi gigantesque qu’effrayant… Pour sauver Aaricia empoisonnée et mourante, le non-violent et généreux Thorgal devra éliminer le Wendigo. Pour y parvenir, il faut qu’il atteigne la plus haute branche d’un arbre magique situé dans cette forêt menaçante…
Dans ce récit d’aventures fantastiques, le scénario mouvementé de Fred Duval (1) amène habilement les lecteurs vers de nombreuses pistes de lecture, et ces derniers ne pourront être qu’admiratifs devant le réaliste dessin virtuose et dynamique de Corentin Rouge (2), notamment excellent dans la représentation de cet environnement sauvage et dangereux !
(1) Sur Fred Duval voir récemment sur BDzoom.com : Course-poursuite sous les Tropiques : des vacances à la Réunion qui tournent au cauchemar, dans une réinvention en BD d’un roman de Michel Bussi !, Nevada… en Californie !, « M.O.R.I.A.R.T.Y » : une série à toute vapeur !, Hollywood, loin des mythes…, Et de deux… Bussi ! Deux !, « Renaissance » : un cahier graphique collector……
(2) Sur Corentin Rouge, voir récemment sur BDzoom.com : « Sangoma » : violences interethniques et pratiques d’un autre âge pour un détonnant thriller politique…, « Juarez » par Corentin Rouge et Nathalie Sergeef, « Rio T1 : Dieu pour tous » par Corentin Rouge et Louise Garcia…
« Thorgal Saga T2 : Wendigo » par Corentin Rouge et Fred Duval
Éditions Le Lombard (24,50 €) — EAN : 9 782 8082 0591 7
Une claque visuelle que ce nouveau Thorgal Saga. La partition de Corentin Rouge est fabuleuse, chaque planche invite au voyage. Un moment de détente hors du temps.
Oui, Corentin Rouge prouve encore une fois qu’il est très doué, dans des ambiances et styles divers. Il est jeune, et pourtant, on le sait depuis pas mal de temps…
Une édition « augmentée » (de la part de l’éditeur lui-même) propose un cahier final avec recherches, essais, dessins alternatifs (un total de 138 pages, 40 €).
Corentin Rouge est le digne fils de son père et un croisement réussi entre Giraud et Hermann. Le plus étonnant pour moi est de voir quelqu’un de sa génération travailler en traditionnel, y compris pour son lettrage ce qui devient rare. Les planches originales visibles chez Daniel Maghen sont de toute beauté.