Bruce J. Hawker, le héros favori du regretté William Vance (même après qu’il ait connu l’énorme succès de la série « XIII »), est de retour ! Et le tourmenté officier de la Royal Navy, aux cheveux blanchis par l’écume, reprend le commandement de son navire fétiche : le H. S. M. Lark. Il doit le ramener à bon port, mais les rumeurs vont bon train parmi l’équipage : ce voilier serait maudit ! À moins qu’il ne s’agisse de son capitaine qui exige de ses hommes qu’ils le suivent jusqu’en enfer : leur voyage étant parsemé d’épreuves, entre combats navals et éléments déchaînés. Hawker semble même n’être plus le seul maître à bord, se retrouvant, bien malgré lui, embringué dans la quête du trésor des Templiers.
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Disparition d’Alain De Kuyssche : la fin de L’Aventure…
Triste nouvelle : les éditions du Tiroir nous font part du décès brutal, le 20 janvier à l’âge de 78 ans, d’Alain De Kuyssche, qui fut pendant six ans (de 1978 à 1982) rédacteur en chef de l’hebdomadaire Spirou. Yann, Didier Conrad, Bernard Hislaire, Philippe Berthet, Frédéric Jannin, Tome et Janry, Christian Darasse, Stephen Desberg, Antonio Cossu, Frank Pé, Alain Dodier, André Geerts et bien d’autres ont grandi sous son aile bienveillante.
Alain De Kuyssche caricaturé par Yann et Conrad, dans les « Hauts de pages »de Spirou.
Alain De Kuyssche.
Né le 14 septembre 1946 à Bruxelles, Alain De Kuyssche effectue des études de droit et de criminologie, avant de commencer une carrière de journaliste qui le conduit en Amérique du Sud.
Au cours des années 1960, il travaille pour l’hebdomadaire Spirou où il anime diverses rubriques, dont les « Bricos-trucs de Spirou ».
Il en devient le rédacteur en chef en 1978, succédant à Thierry Martens.
Au cours de ses cinq années d’activité, il permet à une équipe de jeunes auteurs — pour certains découverts dans les « Cartes blanches » initiées par son prédécesseur — de commencer leur carrière : Yann et Conrad, lesquels créent les fameux « Hauts de pages », Bernard Hislaire, Tome et Janry, Christian Darasse, Antonio Cossu…
Une nouvelle génération qui bouleversera profondément le sommaire de l’hebdomadaire.
Six rédacteurs en chefs de Spirou réunis sur une photo : de gauche à droite Thierry Tinlot, Thierry Martens, Patrick Pinchart, Alain De Kuyssche, Philippe Vandooren et Yvan Delporte.
Scénariste à l’occasion, il crée « Didi » pour Frédéric Jannin, pour lequel il écrit également quelques gags de « Germain et nous ».
On lui doit aussi quelques « Gaston » pour André Franquin.
C’est sous son « règne » que se déroule la polémique de la reprise des aventures de « Spirou et Fantasio » entre Tome et Janry et Nic Broca (il en scénarise d’ailleurs un épisode pour ce dernier, en 1980).
Il lance les copieux Spirou + et leur pagination XXL…
En 1982, Alain De Kuyssche abandonne Spirou pour diriger Télémoustique, le vénérable hebdomadaire familial des éditions Dupuis.
Il poursuit cette activité jusqu’en 1995, propulsant le journal à la première place de la presse magazine belge.
N’abandonnant pas totalement la bande dessinée, il propose Moustique junior : un supplément jeunesse encarté au centre du journal, où l’on peut suivre des reprises, mais aussi quelques inédits, comme « Wayne Thunder » dont il écrit le scénario pour Raffaele Carlo Marcello.
Deux épisodes sont repris en album aux éditions du Lombard en 1987 et 1988.
« Wayne Thunder » pour Raffaele Carlo Marcello.
Il se lance alors dans des études d’éthologie, récompensées par un master.
Ses recherches sur les relations entre le chat noir et l’humain le conduisent à donner des conférences dans les universités européennes.
Alain De Kuyssche reprend son métier de journaliste en 2000, quand il est nommé rédacteur en chef du magazine satirique Ubu-Pan, puis du site numérique Le Peuple, qu’il dirige jusqu’en 2017.
Tout en poursuivant cette activité, il collabore à l’univers de Jacques Martin : refonte de l’ouvrage « Avec Alix » de Thierry Groensteen, adaptations sous forme de romans des aventures d’Alix sous le pseudonyme d’Alain Hammerstein.
Il écrit en 2008 anonymement — comme il l’a reconnu postérieurement — le scénario de « Londres en péril », une aventure de Lefranc dessinée par André Taymans et Erwin Drèze, puis — pour Cédric Hervan — « Les Jeux olympiques », dans le cadre des « Voyages d’Alix ».
On lui doit aussi des scénarios pour des aventures de Mickey dans Le Journal de Mickey, en 2007.
« Londres en péril » : une aventure de Lefranc dessinée par André Taymans et Erwin Drèze.
On lui doit aussi des préfaces pour les albums des éditions Loup en 2004 et 2005.
Alain De Kuyssche coécrit avec Denis Coulon « Dino Attanasio : 60 ans de bande dessinée », en 2006, aux éditions de l’Âge d’or, puis « Eddy Paape, la passion de la page d’après » aux éditions du Lombard, en 2008, et enfin, en 2010, avec Daniel Couvreur, « Tintin au Congo de papa » aux éditions Moulinsart — dont il gère à l’époque le site internet.
Retour à la bande dessinée, en 2019, avec sa nomination au poste de rédacteur en chef de L’Aventure : le trimestriel des jeunes éditions du Tiroir dont la formule est inspirée d’un projet de revue sous ce titre qu’il avait proposé dans les années 1980 aux éditions Dupuis, mais laissé sans suite.
Ce magazine lui permet de renouer avec des auteurs dont il a la nostalgie : François Walthéry, Marc Wasterlain, Philippe Foerster, Antonio Cossu, Philippe Berthet, Philippe Luguy… et André Taymans, l’initiateur du projet.
Notons ses éditos nostalgiques et sans concession, sans oublier les scénarios de « Loustic, l’autre Spirou » : une parodie du Spirou d’avant-guerre.
« Loustic, l’autre Spirou » avec André Taymans.
Homme de l’ombre, Alain De Kuyssche a œuvré toute sa vie pour une bande dessinée traditionnelle, sans pour autant négliger le souci de la faire évoluer.
L’équipe de BDzoom.com présente ses condoléances à ses proches.
Henri FILIPPINI
Un des rédacteurs en chef importants de Spirou, arrivé au bon moment pour imprimer un peu de fraîcheur après la période Martens où le journal s’encroûtait avec des séries très datées et des nouveautés souvent juste des clones des grands anciens.
Même si certains de ces auteurs n’ont trouvé leurs marques qu’après son départ (Berthet, Le Gall, Geerts…).
Au passage, même si ça ne se voulait pas exhaustif, vous avez oublié un auteur important et toujours présent aujourd’hui dans Spirou : Alain Dodier, avec le premier J.K.J. Bloche.
Merci Marcel pour votre intervention !
Toutefois, pour préciser les faits, si c’est bien De Kuyssche qui a accepté le premier « J. K. J. Bloche », Alain Dodier a pris lui aussi son envol après son départ, car il n’a été publié dans Spirou que dans un Album + (le numéro 5) en juin 1982, donc De Kuyssche était, sinon déjà parti, au moins sur le départ !
Bien cordialement
Gilles Ratier
Tout à fait. Mais il a signé l’éditorial pour présenter l’album, je me suis donc permis de le mettre à son crédit.
Et en continuant les précisions, Jannin a commencé Germain et nous dès 1977, pas grâce à De Kuyssche ni même à Martens, mais à Delporte et Franquin, puisque c’était dans Le trombone illustré. Mais De Kuyssche a eu l’intelligence de le récupérer pour la partie classique de Spirou.
Curieux de toujours démontrer la bonne influence de De Kuyssche sur le journal Spirou en dénigrant systématiquement le travail, pourtant excellent, de Martens.
Injuste.
Très juste, j’ai adoré l’époque « Thierri Martens », et tous ses suppléments Spirou, que l’on n’a jamais égalé après !!
Je vous rejoins tout à fait. L’époque Martens, souvent dénigrée, avait néanmoins du bon, voire du très bon, surtout en terme de mise en valeur du patrimoine et des auteurs (Classiques Dupuis, Et les Fanzines ….)
J’ai abandonné l’achat de Spirou durant la période De Kuyssche. Quelque chose s’était cassé. Avec le recul, et au vu du Spirou d’aujourd’hui, je serai plus indulgent…
En ce qui me concerne, je n’ai jamais minimisé le travail de Thierry Martens qui fut un ami de 1968 à son décès.
Il a beaucoup fait pour Spirou, étant dans la droite ligne de l’époque Delporte, mais confortant en même temps le classicisme avec des séries nouvelles (« Natacha », « Yoko Tsuno », « Les Tuniques bleues »)…
Cependant, il est normal de préciser que son successeur a été le premier a avoir apporté une certaine modernité au contenu du journal, en ouvrant notamment ses pages à une nouvelle génération d’auteurs dont, comme je l’ai signalé, beaucoup ont débuté dans les « Cartes blanches » de notre cher Mr Archive.
Je me demande d’ailleurs ce que penserait Thierry de notre Spirou actuel et de son orientation manga ? Alain, nous le savons, il n’y a qu’à lire ses éditos furax dans L’ Aventure !
Henri Filippini
Un brin de nostalgie,des souvenirs éparses…
en ouvrant grand les fenêtres,le Spirou d’Alain de Kuyssche a installé,avec une heureuse obstination,un beau travail rédactionnel,porté sur des sujets qui faisaient confiance à la maturité,à l’intelligence du lecteur :
la paix,le désarmement,la fraternité…Les signatures de Bernard Benson,Luc Beyer et Jacques Danois surtout proposaient une ouverture,un regard sur autrui.
l’Argentine dictatoriale,Le Cambodge,la condition des enfants…
Et cette déjà fichue planète.
René Hausman,Antonio Cossu,René Follet,et même Georges Beuville pour les illustrations.
Souvenirs également des nouvelles de Mark Twain illustrées,dUn immense Tom Sawyer en ballon transcendé par René Follet..,
Et un souci de faire vivre,de faire sentir passer la vie dans ces pages…
Je relève aussi les aspirations qui furent les siennes,comme de publier du Jari de Raymond Reding,relancer Valhardi etc…Beaucoup d’initiatives,réalisées ou non.
Grand et beau journal,qui bénéficiait de cette chance :Ne pas succéder directement au Spirou de Delporte.
Triste nouvelle en effet (et comme toujours un article très instructif)! Mais je n’arrive pas à intégrer six ans dans la période 1978-1982 …
En effet, cela ne fait que cinq !
Nous ne l’avions pas vu, celle-là (rires !)…
C’est corrigé !
Merci encore pour votre attention.
La rédaction
C’est aussi Alain De Kuyssche qui a permis à l’Elan de s’installer à la PG 3 du journal et à Broussaille de fleurir … Toute une époque où ma génération a pu se tester en faisant des animations de journal, des suppléments, etc. Il avait un côté « anar » et ironique qui faisait du bien aux jeunes auteurs et les protégeaient du conservatisme de la maison. Son copain, Arnaud Rentiers, qu’il avait fait engager comme secrétaire de rédaction, avait aussi un rôle très » protecteur » .Buy buy Alain ! Merci pour tout !