« Ann Bonny » : la louve des Caraïbes…

Excepté le portrait proposé en 1724 dans le récit « A General History of the Robberies and Murders of the Most Notorious Pyrates » écrit par le capitaine Charles Johnson — peut-être un pseudonyme de Daniel Defoe —, on sait peu de choses sur la vraie Anne Bonny (ou Bonney). Née de l’imagination fertile d’un écrivain ou véritable femme pirate ? Le personnage de femme éprise de liberté proposé par Franck Bonnet est fascinant. Faisant d’Anne Bonny la plus grande femme pirate de l’histoire, l’auteur opte pour une grande épopée maritime. Un diptyque passionnant entre légende et réalité.

En janvier 1718, en provenance de Caroline du Sud, Ann Cormack débarque à Nassau, sur l’île de New Providence. Les Bahamas sont alors un territoire dangereux pour une jeune femme seule. Elles sont gouvernées par Woodes Rogers : un ancien pirate nommé depuis peu gouverneur des colonies britanniques. L’homme vient de mettre fin à la République des corsaires à New Providence, qui comptait plus de 2 000 forbans.

Ayant fui l’autorité de son père — un riche planteur —, Ann est prise en charge dès son arrivée par la Cabella : une femme de caractère qui dirige le plus important établissement de plaisir de la ville. Refusant de rejoindre la cohorte des prostituées, la jeune femme assure le service en salle et y rencontre James Bonny (un petit pirate sans ambition), qu’elle accepte d’épouser à condition de devenir son quartier-maître.

Enfin réalisé, son rêve de piraterie devient rapidement cauchemar lorsque James la livre à son équipage. Menacée d’être vendue comme prostituée, Ann finit par unir son destin à celui du séduisant et redoutable capitaine Jack Rackham, alias Calico Jack. En sa compagnie, elle commence une flamboyante carrière de femme pirate, s’attaquant aux bâtiments anglais dont elle devient la bête noire.

C’est l’histoire de cette femme éprise de liberté, assoiffée de plaisirs, prête à tout pour conserver son indépendance, qu’évoque ce récit proposé en deux tomes de 70 pages. 

Encouragé par le succès des « Pirates de Barataria » (une série de 12 albums réalisée à partir de 2009,avec la complicité de son ami Marc Bourgne au scénario), conforté par celui de sa trilogie « USS Constitution », Franck Bonnet exploite une fois encore, dans cette nouvelle série, sa passion pour les récits maritimes. Membre de l’Académie des arts et des sciences de la mer, il sublime ses pages de son trait réaliste et précis, aux aplats noirs spectaculaires. Tournant le dos au courant actuel qui, par prudence, élude les séquences trop chaudes, il n’hésite pas à offrir à ses lecteurs de belles scènes sensuelles : un clin d’œil à la collection Vécu, où l’histoire pourvoyait encore à l’aventure sous toutes ses formes.

Né le 16 août 1964 à Troyes, Franck Bonnet étudie le dessin en génie civil, puis travaille dans un cabinet d’architecte. Ses premières bandes dessinées sont publiées dans les fanzines, puis sa carrière professionnelle commence — en 1995 — avec la publication de « Vanity Benz » dont les quatre albums,écrits par Didier Van Cauwelaert, sont édités par Dargaud. Il rejoint les éditions Glénat en 1998, avec « Attila… mon amour », en compagnie de Jean-Yves Mitton. Suivent deux trilogies : « Vell’a » avec Marc Bourgne, puis « T.N.O. » avec Jean-Claude Bartoll. En 2009, commencent « Les Pirates de Barataria »,toujours avec Marc Bourgne, puis « USS Constitution », dont il assure pour la première fois scénario et dessin. Au fil des albums, son trait évolue vers un réalisme classique qui — s’il demande beaucoup de travail — continue à passionner les lecteurs amateurs d’une bande dessinée de qualité.

Henri FILIPPINI

«Ann Bonny T1 : La Louve des Caraïbes» par Franck Bonnet

Éditions Glénat (17 €) — ISBN : 978-2-3440-5355-2

Parution 17 avril 2024

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