Yannick Corboz (1), déjà remarqué pour ses « Célestin Gobe-la-Lune » et « L’Assassin qu’elle mérite » avec Wilfrid Lupano, sa version BD des polars à succès de Pierre Lemaître (« Brigade Verhoeven ») avec Pascal Berho ou son diptyque « Les Rivières du passé » avec Stephen Desberg, s’est attaqué à la mise en cases du roman sombre, fantasque, historique et romantique du célèbre avocat Richard Malka : « Le Voleur d’amour », sorte de retranscription du mythe de Dracula et de la jeunesse éternelle, publié chez Grasset en 2021. Le résultat, qui privilégie le narratif sur le plan des textes, est graphiquement lumineux et éblouissant…
Lire la suite...« Les Tuniques bleues : De l’or pour les Bleus » : un scénario en or de Fred Neidhardt !
Succéder au maître scénariste qu’était Raoul Cauvin n’est pas une mince affaire. C’est au tour de Fred Neidhardt de s’emparer de l’irrésistible duo qui caracole, avec succès, dans les pages de Spirou depuis 1968. Une belle surprise pour les lecteurs conquis par une histoire palpitante, digne des meilleurs épisodes de la série. C’est aussi un beau cadeau pour Willy Lambil qui — à 88 ans ! — retrouve la fougue de ses jeunes années.
Le sergent Cornélius Chesterfield et le caporal Blutch profitent d’une permission pour rendre visite à la fille du colonel, dont le sergent est amoureux. Leur voyage est interrompu : ils sont témoins de l’attaque de deux soldats sudistes par une bande d’hommes masqués. Moribond, le sergent Carson demande à Cornélius de remettre sa médaille à sa fiancée : Scarlett. Arrivés à la frontière du Texas, territoire confédéré, les deux Nordistes, ayant pris l’identité des deux soldats morts en mission, sont chargés de récupérer 750 000 dollars en lingots d’or destinés à aider l’armée du Sud en déroute. Ils sont accompagnés par le caporal Robert E. Lee Junior (le fils cadet du célèbre général Lee) et par Jones — un soldat noir — : l’ordonnance corvéable de « Junior ». La traversée du Colorado réserve bien des surprises à l’escouade qui, après avoir récupéré le chargement d’or, croise la route d’un révérend sanguinaire, lequel veut s’emparer du trésor par la violence. Une fois encore, les deux Nordistes, que tout oppose, multiplient les situations cocasses, au fil d’un scénario drôle et humain, digne d’un Raoul Cauvin en grande forme. À travers le personnage du soldat Jones, les auteurs dénoncent les conditions des Noirs américains, réduits aux basses besognes au cours de la guerre de Sécession. Ces pages ont été proposées en avant-première dans l’hebdomadaire Spirou (du no 4608 au no 4512).
Fred Neidhardt endosse avec aisance les habits du créateur de la série. Sans jamais chercher à plagier les histoires écrites par le regretté Raoul, il propose un récit original aux multiples rebondissements, documenté, riche en situations cocasses. Porté par cette belle intrigue, Willy Lambil (88 ans en mai dernier !), à partir d’un storyboard de son nouveau scénariste, réalise de belles pages, travaillant personnages et décors. Après deux aventures aux scénarios très honorables signés par Kris, Fred Neidhardt s’en sort lui aussi fort bien. On ne peut que souhaiter retrouver bien vite sa signature au générique de prochains albums des indéboulonnables « Tuniques bleues ».
Né le 18 avril 1966 à Rabat, Frédéric Neidhardt publie ses premiers scénarios dans le Psikopat, où il imagine « Monsieur Tue-Tout » pour Fabrice Tarrin. Il collabore à Pif gadget, L’Écho des savanes… et à l’émission télévisée « Salut les Terriens » ! En 2007, il met en couleurs l’album « Le Tombeau des Champignac » et il anime la parodie « Spouri et Fantaziz » à partir de 2010. En 2020, il écrit l’album « Spirou chez les Soviets » pour Fabrice Tarrin, puis « Les Enquêtes de Violette » pour Laurel chez Bamboo, et réalise des romans graphiques pour la collection Shampooing chez Delcourt. Il participe aux scénarios des versions animées de « Captain Biceps », « Les Lapins crétins », « Les Chronokids »… Éclectique, ce touche-à-tout est bien connu pour ses canulars.
Willy Lambillotte — qui signe Lambil — est né le 4 mai 1936 à Tamines en Belgique. (1) Il suit les cours de l’Académie des beaux-arts de Bruxelles avant de débuter, à 16 ans, comme lettreur aux studios de dessin des éditions Dupuis. Après avoir réalisé quelques « Belles Histoires de l’oncle Paul », il crée en 1959 — dans un style réaliste — les aventures australiennes de « Sandy et Hoppy ». Après le décès prématuré de Louis Salvérius, il reprend « Les Tuniques bleues » en 1973 : une série écrite par Raoul Cauvin, qu’il anime toujours. On lui doit aussi, également avec Cauvin, la série « Pauvre Lampil » dont scénariste et dessinateur sont les deux malheureux héros.
(1) Pour en savoir plus sur Lambil, voir : Willy Lambil et « Une vie en dessins : Les Tuniques bleues » : tout l’art de Lambil et Cauvin….
« Les Tuniques bleues T68 : De l’or pour les Bleus » par Willy Lambil et Fred Neidhardt
Éditions Dupuis (12,50 €) — ISBN : 978-2-8088-0418-8
Parution 18 octobre 2024
Bonjour Henri,
Merci pour ces compliments dyritahm… dytanribi… élogieux !
Pour info, ce n’est pas Emmanuel Michalak qui a réalisé le storyboard, mais ton serviteur.
Bien amicalement,
Fred
PS : avis aux internautes : ne regardez SURTOUT pas les images, ça spoïle à mort. Trop tard ? Bon, tant pis.
Bonjour Fred !
C’est corrigé…
Quant aux images, elles nous ont été fournies par l’éditeur !
Bien cordialement
La rédaction
Chers Gilles et Henri,
Nous n’avons communiqué que sur les 5 premières planches (celles qui sont sur le site dupuis.com), pas plus. Vous, en tant que journaliste, avez reçu toute la BD ou un PDF de lecture. Mais c’est donc vous qui avez fait le choix des planches et spoilez le lecteur C’est bien dommage.
Par ailleurs, merci pour cette belle critique !
Laurence Van Tricht, l’éditrice des Tuniques Bleues.