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Réédition bienvenue d’un fascinant western revisité par deux figures mythiques de la BD franco-belge : Philippe Berthet et Philippe Foerster !

05/06/2025
Par Gilles Ratier

Outre les créations éclectiques, et la plupart du temps méritant le détour, qui fleurissent leur catalogue depuis la parution d’un premier livre en 2018 (1), les éditions Anspach s’attachent aussi à sortir de l’oubli quelques petits bijoux de la bande dessinée belge des années quatre-vingt ou quatre-vingt-dix : à l’instar de ce captivant « Chiens de prairie » publié à l’origine chez Delcourt en 1996. La fameuse Calamity Jane y retrouve une vieille relation : un ex-ami, ivrogne, pilleur de banques et tueur à ses heures. Une ordure nommée J.B. Bone, pourchassée par les chasseurs de primes, qui traîne sa carcasse sur les pistes du Dakota du Sud, transportant un corps pour l’enterrer auprès de sa bien-aimée, en cette année 1876. Sa rencontre avec un gamin sourd-muet, lequel s’entête à le suivre, ne va pas arranger ses affaires…

Huit ans après leur première collaboration sur « L’Œil du chasseur », un polar sombre pourtant prépublié dans le journal Spirou (2), Philippe Berthet a eu envie de retravailler avec Philippe Foerster qui, en plus de son goût pour le fantastique et l’humour noir (voir ses nombreuses histoires en noir et blanc réalisées dans Fluide glacial ou sa série « Starbuck » et sa revisitation du mythe de « Pinocchio »), est un grand amateur de western. Or, c’était un genre que le dessinateur du « Marchand d’idées » avec Antonio Cossu, du « Privé d’Hollywood » avec François Rivière et José-Louis Bocquet, ou de la série « Pin-up » — qu’il venait de lancer avec succès en compagnie du scénariste Yann — n’avait pas encore exploré. Cela tombait plutôt bien, car Berthet avait, alors, « le désir de dessiner quelque chose de différent par rapport aux pin-up, aux bagnoles et villes américaines qui étaient, depuis la création de la collection Berthet chez Dupuis, son domaine d’excellence. », comme le rappelle Foerster dans l’excellent dossier de huit pages — concocté par le spécialiste Charles-Louis Detournay — qui contextualise l’histoire à la fin de l’ouvrage.

Signalons que « Chiens de prairie » est passé un peu inaperçu à l’époque, à tel point que les lecteurs d’aujourd’hui pourraient bien croire qu’il s’agit d’une nouveauté de ce grand et classieux dessinateur, lequel a récemment consacré une trilogie à « La Fortune des Winch » avec Jean Van Hamme et alterné les collaborations avec divers autres scénaristes : à l’instar de Fred Duval, Régis Hautière, Zidrou, Sylvain Runberg, Raule ou Jean-Luc Fromental.

En effet, le récit — aussi expressif que touchant — n’a absolument pas vieilli, l’alchimie entre le dessin élégant de l’un et la narration moderne de l’autre étant au top ! Et il ne faut pas oublier le superbe travail sur les couleurs qu’a réalisé Dominique David : la compagne de Philippe Berthet qui venait, alors, de terminer son excellent « Jimmy Boy » (tiens, voilà encore une série qui mériterait d’être exhumée !) et de donner naissance à leur fille.

Bref, vous l’avez compris, si vous êtes passé à côté de ce one-shot original qui est, aujourd’hui, repris dans un bel écrin fort bien imprimé, ruez-vous dessus !

Gilles RATIER