La revue Carnets d’ailleurs, sous-titrée à juste titre Voyages dessinés et garantie sans IA, a publié son premier fascicule en février dernier. Depuis, trois autres numéros sont parus – dont le tout dernier (décembre 2024/février 2025) -, avec toujours la même ambition : donner aux carnets de voyage(s) toute leur place et « montrer le monde avec l’œil bienveillant des carnettistes les plus talentueux de France et d’ailleurs »…
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En ce mois de septembre, les revues de bande dessinée refont parler d’elles : Fluide Glacial fait peau neuve tandis que fleurissent Papier et La Revue dessinée.
Chez Fluide Glacial, on met les petits plats dans les grands. Même si le fait de changer de formule n’est jamais un signe de bonne santé économique pour un magazine (1), il faut saluer la pagination gonflée de 16 pages supplémentaires. Désormais thématisé, le mensuel d’Umour et bandessinées dirigé par Yan Lindingre se penche, ce mois ci, sur les faits divers, sous une couverture très « tabloïd ». Et il annonce, pour 2014, des numéros consacrés à l’Art (con)temporain, au Made in France, ainsi qu’un grand hommage à Gotlib, co-créateur de la revue, pour fêter ses 80 ans en juillet.
En compagnie de Yannick Lejeune, Lewis Trondheim lance le bimestriel Papier. Intégrée dans la collection Shampooing, aux éditions Delcourt, la revue s’apparente plus à un ouvrage collectif thématique (« Un animal est mort », pour ce premier opus) qu’à un magazine, la partie rédactionnelle étant totalement inexistante. Outre le fait de laisser la possibilité à de nouveaux auteurs (dont les talentueux Américains Dylan Meconis et Jennifer L. Meyer ou l’Italien Grégory Panaccione) de s’exprimer auprès d’artistes plus reconnus (tels Bastien Vivès ou Lewis Trondheim pour ce premier numéro) sur environ 200 pages, au travers d’histoires courtes comptant de 1 à 30 pages chacune, Papier possède la caractéristique de ne se trouver qu’en librairie (sous forme papier, donc), pied de nez assumé au développement du numérique.
Des son coté, La Revue dessinée se la joue mixte. Présent en librairie spécialisée, le copieux trimestriel de 226 pages dispose, sur tablette, d’un double numérique, avec une écriture enrichie de bonus multimédia, dont des dossiers thématiques rassemblant toutes les sources autour d’un sujet. Soutenue par les éditions Futuropolis, La Revue dessinée, initiée par les auteurs Franck Bourgeron Sylvain Ricard, Olivier Jouvray et Kris, associés au journaliste David Servenay et à la romancière Virginie Ollagnier, publie des reportages, des enquêtes et des documentaires dessinés enrichis de notices explicatives, tout en proposant quelques chroniques autour de l’économie, de la culture… : « Raconter le monde en bande dessinée, voilà l’ambition de cette revue » peut-on lire sur le rabat de la jaquette du 1er numéro, qui accueille notamment Jean-Philippe Stassen, Gipi, Christian Cailleaux, Marion Montaigne, Jorge González…
Avec, en sus, l’annonce d’une relance de la revue historique de l’Association, Lapin, pour incessamment sous peu (re-titrée Mon lapin, cette nouvelle formule redémarrera au n°1 et renouera avec la tradition du strip, en accueillant des signatures peu habituelles dans ce périodique, comme celles de Jean-C. Denis, Jean-Yves Ferri, Charles Berberian, Guy Delisle, Émile Bravo ou David Prudhomme), on peut donc vraiment parler d’un retour, même s’il est finalement assez timide, du support magazine dans le paysage de la bande dessinée francophone…
Laurent TURPIN et Gilles RATIER
(1) Voir commentaires en bas de l’article
Suite à la parution de cet article, Yan Lindingre nous a contactés pour s’étonner que nous ayons écrit : « le fait de changer de formule n’est jamais un signe de bonne santé économique pour un magazine ».
Le rédacteur en chef de Fluide Glacial nous indique qu’au contraire « C’est bien parce que le magazine est en bonne santé (le numéro 446 vient de se vendre à plus de 60 000 ex!), que nous nous permettons une augmentation de pagination. Vincent Solé et moi avons travaillé d’arrache-pied depuis un an pour remettre la boîte à flots et les comptes repassent dans le positif. Non… tout va bien côté « économique ». »
Même si d’expérience, les magazines qui changent de formule cherchent souvent un deuxième souffle car leurs ventes sont baissières, ce n’est donc pas le cas de Fluide Glacial. Il était important de le préciser.
Mwoui…. mais bon il n’y a pas si longtemps que cela, Fluide Glacial se vendait à 100 000 exemplaires par mois, je crois. Où sont passés les 40 000 déserteurs? Partis se réchauffer le postérieur?
Pour être plus précis, Yan Lindingre nous a également informé que Fluide Glacial (le magazine) a progressé de +4% par rapport à l’an passé dans un secteur où la tendance est plutôt à -9%. La disparition des lecteurs n’est donc pas à mettre au compte de l’équipe actuelle qui parvient à redresser la barre dans un contexte délicat pour la presse en général. Et puis, avouons le, 60 000 exemplaires, c’est quand même pas mal, non ?