S’il est un nom de reine qui fait rêver, c’est bien celui de Saba : un nom associé à des contrées lointaines et à des temps immémoriaux. Les textes religieux (Bible, évangiles et Coran) l’ont évoquée et, depuis, bien des auteurs se sont accaparé cette histoire, ces légendes. Le dernier en date est Marek Halter qui, en 2008, en fait un roman très remarqué, roman que Jean-Marie Michaud adapte superbement en bande dessinée…
Lire la suite...« La Quête d’Ewilan T1 : D’un monde à l’autre » par Laurence Baldetti, Pierre Bottero et Lylian
Lorsque Pierre Bottero disparaissait en novembre 2009 dans un tragique accident de moto, il ne se doutait pas qu’il laisserait derrière lui des milliers de lecteurs, filles et garçons, endeuillés. Les mondes imaginaires créés par la plume féconde de l’écrivain de fantasy le plus populaire en France fermaient leurs portes à jamais. Ancien instituteur et grand lecteur-admirateur de Tolkien, Pierre Bottero avait abandonné son métier en 2005 pour se consacrer exclusivement à l’écriture. En six ans seulement, il écrivit plusieurs trilogies de fantasy, dont trois entièrement consacrées à son héroïne préférée, Ewilan : « La Quête d’Ewilan », « Les Mondes d’Ewilan » et « Le Pacte des Marchombres ».
Il publie chez Rageot le premier volume de « La Quête d’Ewilan » en 2003 (l’illustration de couverture est signée Jean-Louis Thouard) et le succès est immédiat. Les adolescents se plongent rapidement dans l’univers foisonnant que leur offre Bottero, en parlent entre eux, ouvrent des blogs, lisent et relisent, attendent la suite et communiquent avec leur auteur préféré, qui leur répond volontiers.
Quatre ans après sa mort, le succès ne se dément pas, et de nouveaux lecteurs arpentent à leur tour le monde de Gwendalavir avec Ewilan et son ami Salim. La série est aujourd’hui traduite dans une dizaine de langues et vendue à deux millions d’exemplaires. Elle est sans conteste l’une des meilleures séries de fantasy destinées aux adolescents.
Dans ce contexte particulier, chargé de passion et d’émotion, la toute récente parution de l’adaptation de « La Quête d’Ewilan » en bande dessinée, publiée chez Glénat dans la collection Grafica, constitue un événement et gageons ce premier album sera scruté et décortiqué par les fans !
Dans cet album de 72 pages, les auteures, Laurence Baldetti, la dessinatrice, et Lylian, la scénariste, adaptent seulement les 154 premières pages du roman « D’un monde à l’autre ». Le tome 2, « Akiro », s’intéressera donc à la deuxième partie du roman.
Camille Duciel, 15 ans, est une adolescente surdouée qui tente de cacher ses talents afin de ne pas agacer ses professeurs au collège. Ses parents adoptifs veillent à ce qu’elle ne manque de rien, mais ne lui manifestent ni tendresse ni véritable attention. Mais Camille a Salim, son ami, toujours là pour la faire rire et lui remonter le moral.
Dès le premier chapitre du roman et la troisième planche de l’album, Camille expérimente pour la première fois « un pas sur le côté », méthode qui permet de rejoindre un monde parallèle, le royaume de Gwendalavir. Les premiers êtres qu’elle rencontre est un chevalier en déroute et une créature puissante et menaçante appartenant au peuple des Ts’liches qui lui dit la rechercher depuis longtemps.
Lors de sa deuxième incursion à Gwendalavir le surlendemain et du voyage qu’elle entreprend pour rejoindre la capitale du royaume en compagnie de Salim, de Edwin, le guerrier charismatique et invaincu, du chevalier Bjorn et de l’analyste Dum Nil’Erg, Camille apprend bien des choses sur sa famille, son passé, ses aptitudes et sa quête à venir. Elle est née à Gwendalavir, royaume menacé par les Ts’liches qui retiennent ses parents biologiques ; elle a un frère qu’elle devra rechercher dans le monde d’où elle vient ; elle est une puissante Dessinatrice, qui lui permet de donner corps à tout ce qu’elle dessine en esprit. Elle est, avec le frère qu’elle ne connaît pas encore, l’un des atouts majeurs de Gwendalavir dans la lutte contre les forces du mal.
L’adaptation que proposent Laurence Baldetti et Lylian n’est en rien décevante. Fidèles à l’esprit du texte original, elles donnent intelligemment vie aux personnages principaux et entrent très vite dans le vif du sujet. La Camille qui pénètre dans ce pays des merveilles dangereuses est une jeune fille mince, presque frêle, mais d’emblée déterminée face au danger qui se matérialise très vite. Son goût pour la lecture et les milliers de livres qu’elle a dévorés dans la bibliothèque des Duciel lui permet d’affronter son nouvel environnement avec un détachement salvateur. Elle est expressive et immédiatement sympathique, tout comme Salim, dont la souplesse, la démarche dansante et l’humour sont perceptibles d’emblée.
Graphiquement, Laurence Baldetti met en scène les deux mondes de Camille avec un graphisme légèrement différent. Elle déploie un dessin large et puissant pour évoquer le monde de Gwendalavir et l’on sent une influence manga dans les scènes de combats et d’actions. Elle sait aussi montrer la richesse de la faune et de la flore de ce monde, la beauté des paysages naturels, tout comme l’extravagance de certains personnages. Saluons aussi le beau travail du coloriste, Loïc Chevallier, qui passe aisément des ambiances urbaines à un univers que l’homme n’a pas encore abimé.
Un petit bonus : les premières lignes du roman, adaptées dans les trois premières planches :
« Camille était âgée exactement de quatre mille neuf cents jours, soit un peu plus de treize ans, la première fois qu’elle effectua ‘’le pas sur le côté’’.
Elle en était certaine, puisque c’est au moment où elle entreprenait des calculs savants pour connaître son âge avec précision qu’elle descendit du trottoir sans s’en rendre compte et se retrouva au milieu de la chaussée face à un énorme camion. Elle fut tirée de sa rêverie mathématique par le mugissement du klaxon.
Le poids lourd fonçait droit sur elle, tous freins bloqués. Les pneus malmenés hurlaient, leur gomme fumante essayant vainement d’arrêter les trente tonne du monstre.
Camille se figea sur place, incapable du moindre mouvement, tandis que son esprit de jeune surdouée analysait la situation.
Malgré elle, elle nota qu’il était remarquablement stupide de passer les dernières secondes de sa vie à regarder arriver un camion. Son irrépressible curiosité l’empêcha de fermer les yeux et elle n’eut pas le temps de crier, ce qu’elle aurait adoré faire …
… Non, Camille ne cria pas, elle se prit simplement les pieds dans une racine et tomba de tout son long dans l’herbe, le nez à quelques centimètres d’un superbe bolet.
- Boletus edulis, remarqua-t-elle à haute voix, car elle était friande de champignons et parlait volontiers le latin.
Un petit scarabée à la carapace bleu turquoise passa près de son visage. Il se dirigeait vers le tronc de l’énorme pin qui les dominait et Camille le suivit distraitement des yeux. Elle ne se trouvait plus au milieu de la chaussée, mais dans une forêt plantée d’arbres immenses ! »
À lire aussi sur le site de son éditeur Rageot, la vision que Pierre Bottero avait du fantastique :
http://www.livre-attitude.fr/blog/le-fantastique-de-pierre-bottero/
Catherine GENTILE
« La Quête d’Ewilan T1 : D’un monde à l’autre » par Laurence Baldetti, Pierre Bottero et Lylian
Éditions Glénat ( 14,95 €) – ISBN 978 2 7234 9164 8
« Elle déploie un dessin large et puissant »
me semble un peu exagéré. Cette dessinatrice a un bon potentiel mais aurait mérité d’être guidée par un éditeur plus vigilant. La première planche de l’album, notammment, aurait du être refaite. D’une case à l’autre une semi-contre-allée se retrouve reduite à la largeur d’un caniveau. On peut publier des albums à la va-vite sans aucun souci du lecteur, ce n’est pas un bien.
Le dessin est cependant ce que j’ai préféré dans cette routinière fantasie.
Le nom de la deuxième partie du livre n’est pas « Akiko » mais « Akiko »
et Ewilan n’a pas 13 ans mais 15 ans .
Rien que ces 2 fautes peut nous faire douter sur la véracité de vis dire…
Bonjour Rebecca
La personne qui a signé cet article ne participe plus depuis longtemps à notre site… Nous allons toutefois corriger les erreurs que vous nous signalez dans son texte. Merci encore de l’intérêt que vous portez à notre site.
Bien cordialement…
La rédaction