Après deux diptyques d’une série sans personnages récurrents particulièrement réussis (1), le scénariste Zidrou et le dessinateur Arno Monin continuent de mettre en cases le thème de l’adoption en publiant — toujours sous forme d’une comédie mélancolique pour le grand public — un cinquième tome qui peut se lire sans qu’on ait eu connaissance des précédents : un one shot qui privilégie l’émotion, la douceur et la délicatesse (tant dans l’idée et la narration que dans le graphisme), en scénographiant trois jeunes filles qui sont devenues sœurs…, puis orphelines de leur papa adoptif. Une belle histoire familiale écrite avec optimisme, pour nous aider à surmonter, plus facilement, les épreuves que la vie nous fait régulièrement subir…
Lire la suite...« Le Kid de l’Oklahoma » par O. Berlion
Jusqu’à présent, toutes les productions du label « Rivages/Casterman/Noir » qui adapte, en bande dessinée, des romans policiers parus dans la célèbre collection dirigée par François Guérif, sont de très bonne facture? Certaines étant même mémorables ! Et ce « Kid de l’Oklahoma » d’après Elmore Leonard, vu par Olivier Berlion, n’est pas loin de l’être? En tout cas, il peut rivaliser, sans honte, avec les autres joyaux de la collection : le « Pauvres zhéros » de Pierre Pelot par Baru, le « Nuit de fureur » de Jim Thompson par Miles Hyman et Matz, le « Shutter Island » de Dennis Lehane par Christian De Metter, « L’Ultime défi de Sherlock Holmes » de Michael Dibdin par Jules Stromboni et Olivier Cotte?
Comme Elmore Leonard (grand nom de la fiction populaire américaine à qui l’on doit plus d’une quarantaine de romans, dont plusieurs ont été adaptés au grand écran) a une écriture très audiovisuelle, son polar, qui a un goût de western, a été facilement transposé en images ; sans que l’on ait à subir de longs récitatifs qui auraient nui à la lisibilité et à la narration ! En plus, le format ramassé (moins grand qu’un album traditionnel de bande dessinée) et la pagination dense (pas moins de cent dix planches) conviennent parfaitement au graphisme, lui-même très cinématographique, d’Olivier Berlion. En effet, son dessin anguleux et efficace retrace parfaitement l’ambiance un peu cynique et les nombreuses scènes d’action qui sont égrenées dans l’œuvre originale
D’ailleurs, la couverture donne le « la » d’emblée : au carrefour des années 1920 et 1930, dans l’état pétrolier de l’Oklahoma alors en plein essor économique, un Marshall et un fils de magnat du pétrole devenu braqueur de banques (et bientôt désigné comme l’ennemi public n°1) vont s’affronter, pendant plusieurs années. Cette épique confrontation nous est narrée par un journaliste qui a minutieusement noté toutes les étapes de leur face à face qui se terminera tragiquement : un vrai « Duel au soleil », remarquablement documenté !
Gilles RATIER
« Le Kid de l’Oklahoma » par Olivier Berlion, d’après Elmore Leonard
Éditions Casterman (18 Euros)