Le père Lucien ne s’encombre guère de scrupules ! Rien d’étonnant à cela, puisque c’est, en fait, un homme de main réputé pour son efficacité, qui se planque dans un petit village du Jura en se faisant passer pour le nouveau curé. Traqué par des types qui, eux, ne sont pas très catholiques et veulent l’envoyer ad patres, il a enfilé dans l’urgence la soutane du père Philippe qui s’est retrouvé dans la mauvaise piaule au mauvais moment : les autochtones ne l’ayant encore jamais vu. Drôle et captivant, ce polar prévu en deux tomes est écrit par l’étoile montante du roman policier français qu’est Jacky Schwartzmann et enluminé par le trait expressif de Sylvain Vallée : le dessinateur d’« Il était une fois en France »…
Lire la suite...Des mots dans les mains de Bénédicte Gourdon et Malika Fouchier
« Je m’appelle Arthur, j’ai 6 ans, je ressemble à tout le monde » : ainsi commence le récit à la première personne que nous livre un petit garçon attachant qui adore sa maman, va à l’école et possède un super copain avec lequel il joue et parfois se dispute.
Bref, un enfant comme les autres, si ce n’est qu’Arthur est sourd, ce qui rend tout de même sa vie un peu particulière.
Evitant la dramatisation bienpensante ou l’édulcoration politiquement correcte, cet album va au fond des choses, sur un ton vif et gai, à l’image de son petit héros. Le trait qui intègre la technique et le langage du manga sous un format et un découpage à l’européenne, renforce l’impression de dynamisme irrésistible et d’énergie communicative qui se dégagent de chaque vignette, encrées en couleurs vives à dominantes de roses, orangers et jaunes. Grâce à un scénario mené à cent à l’heure sur les traces du trépidant héros que l’on suit l’espace d’une journée riche et réussie, l’histoire prouve combien la différence ne suffit pas à isoler celui qui en refuse la fatalité. Sans chercher pour autant à enjoliver la réalité, sans se détourner des problèmes que rencontrent Arthur, le récit parvient à restituer sa richesse de caractère et la vitalité qui est en lui. Arthur ne saurait être réduit à son infirmité, et personne autour de lui n’y songerait. Voici la teneur du message fort que délivre cet album capable de donner aux jeunes lecteurs une autre image du handicap, comme une particularité ni anodine ni pour autant définitivement discriminante. Un excellent moyen de combattre l’exclusion.
Joël Dubos