OLIVIER BAUZA

Rencontre avec le créateur de Superpépette, une mystérieuse super héroïne de blog BD dont les aventures viennent d’être éditées en album .

Coline Bouvart : Quels ont été vos débuts dans la bande dessinée ?

Olivier Bauza : Il me semble que ma toute première BD a été gribouillée quand j’avais 5 ans. Je dessinais des cercles en expliquant à mes parents qu’il s’agissait d’une attaque extra-terrestre ! Depuis, la passion du dessin et l’envie de raconter des histoires ne m’ont plus quitté. Puis au collège, avec des amis barbouilleurs, on a imprimé un journal de BD. Quelques années plus tard est née « Artis », avec les mêmes amis. Cette association nous a permis d’aller chercher des subventions pour éditer notre premier collectif : Vestiges, contes et légendes de Provence. Chez Artis, on est à tour de rôle, graphiste, président, trésorier, secrétaire… Le but n’est pas de gagner de l’argent, mais de vendre suffisamment d’albums pour en éditer un prochain.

C.B. : Vous avez déjà sorti plusieurs albums : Cumulus, Cézanne, et des Contes et légendes. Pourriez-vous m’en parler ?

Olivier Bauza : Avec l’association Artis, nous avons sorti quelques albums : Vestiges, Baladins, Jadis, Face Cachée… Toutes ont pour toile de fond la Provence. Cumulus est né de mon envie de raconter une histoire pour les enfants. Une fable écolo, où un petit nuage se retrouve pris au piège dans une tempête. Avec deux niveaux de lecture, un premier degré pour les tout petits et des jeux de mots pour les plus grands… On peut maintenant le lire sur le blog de Superpépette. Puis Cerises et Coquelicots, une maison d’édition aixoise nous a confié, à David Ballon et moi-même, une BD sur la vie de Paul Cézanne. Graphiquement, ce qui était passionnant sur ce projet, ça a été de s’approprier les textures du peintre pour les appliquer à notre colorisation. Ça donne l’impression qu’il nous a donné un coup de main pour la mise en couleur.

C.B. : Il s’agissait donc d’albums plutôt réalistes jusqu’alors. Comment vous êtes-vous finalement tourné vers le style « comics et manga ? Quelles sont vos influences ?

Olivier Bauza : En fait, le style réaliste m’a été imposé par la nature même de ces différents projets. Cézanne avec le nez d’Astérix, je ne suis pas certain que l’éditeur aurait apprécié !… Et il y a 2 ans, j’ai eu envie de revenir vers les styles graphiques que j’affectionne : un mélange de Gaston, X-men et Goldorak !

C.B. : Comment le personnage de « Superpépette » est-il né ?

Olivier Bauza : J’ai crée un blog-BD où je postais tout ce qui me passait par la tête : une BD sur des Fashion-victims, une autre sur des animaux déjantés… et je lisais les commentaires des internautes.
Superpépette est née de mon envie de souligner les travers typiquement féminins, sans pour autant me moquer des femmes. L’idée d’une héroïne positive, mystérieuse, aux superpouvoirs vient de là. J’ai posté le premier strip qui plantait le décor : « Superpépette défend sans relâche la veuve et l’orphelin…sauf pendant les soldes » et les réactions des internautes ont été vraiment positives. Ils m’encourageaient à continuer. Ça a été une grande source de motivation.

C.B. : Vous avez alors créé le blog de Superpépette. Comment en définiriez-vous le ton et quel était votre objectif ?

Olivier Bauza : Le blog existe depuis 2006, je crois. Les visites varient énormément car je ne suis pas régulier (honte à moi !), mais j’ai eu jusqu’à 1000 visites quotidiennes. Ça fait pas mal de temps que je ne suis pas allé voir les stats. Je suis quand même très loin derrière Boulet et Pénélope ! Ce qui m’intéresse plus que le nombre de visites, c’est cette proximité entre les auteurs et les lecteurs. J’aurais adoré papoter avec Franquin ou Goscinny…
C’est grâce au blog que Jean-Claude Gawsewitch a repéré Superpépette. Mais avant cela, elle a fait ses classes dans Spirou-Hebdo pendant quelques mois.

C.B. : Pour l’album de « Superpépette », vous êtes scénariste et dessinateur. Est-ce votre façon de travailler habituelle ?

Olivier Bauza : A part pour Cézanne, j’ai toujours dessiné mes scénarios. Je ne me considère pas vraiment comme un graphiste. J’aime imaginer un gag, composer les plans, trouver les dialogues. Le dessin vient ensuite appuyer l’histoire.

C.B. : Dans « Superpépette », vous faites souvent référence, lorsque vous ne les parodiez pas, à des films ou des dessins animés. Quelles sont vos influences, notamment BD ?

Olivier Bauza : J’ai grandi avec Les Nuls, les Inconnus, Coluche… Le côté parodique de Superpépette vient de là. En BD, j’adore Franquin évidemment. Puis Dany aussi pour ses décors féériques dans Olivier Rameau, Loisel … Aujourd’hui, une nouvelle génération d’auteurs me passionne, avec Boulet, Neel, ou Astier et Ferri…

C.B. : Pourriez-vous m’en dire plus sur le personnage de « Loana Jones » dont vous racontez les aventures dans « Pif-Gadget » ? Est-ce une création récente ? Avez-vous un projet d’album sur ce personnage ?

Olivier Bauza : Pif n’est hélas pas au mieux de sa forme. Ce qui fait que Loana Jones est en mauvaise posture pour le moment ! Je vais continuer à travailler sur ce projet car j’adore dessiner la jungle, les temples, en espérant des jours meilleurs… Sinon je tenterai de le proposer à des maisons d’édition. On verra bien.

C.B. : Selon vous, quelles sont les grandes différences entre la « BD » traditionnelle (édition) et le système des « BD Blogs » ? Qu’est ce que vous apporte ce moyen de diffusion ?

Olivier Bauza : Le format blog est beaucoup plus libre. On peut poster un simple dessin ou une note longue de plusieurs mètres. On n’est pas prisonnier d’une certaine qualité graphique relative à l’achat d’un album. On peut poster un crobar crayonné en vitesse avec des taches de café, par exemple. La liberté d’expression est plus grande. On peut exprimer clairement ses idées, son humeur, sans se soucier de ce que pensera l’éditeur ou l’acheteur… En fait, c’est un peu la différence qu’il peut y avoir entre les films au ciné et les séries télé : à la télé, il y a moins d’argent en jeu et les scénaristes osent créer des histoires qu’ils n’envisageraient pas une seconde pour un long métrage à gros budget.
Par contre, je n’arrive pas à me mettre en scène sur le web. Un blog-BD à la base, c’est un journal intime dessiné. Certains sont super-doués pour ça, pas moi. J’ai essayé une ou deux fois de raconter une anecdote sur ma vie, mais je m’en sors nettement moins bien que Laurel, Monsieur le chien ou Pénélope. Ce n’est pas trop mon truc. Le blog me sert d’avantage à garder une proximité avec ceux qui aiment bien Superpépette…

C.B. : Avez-vous l’impression que votre blog vous a offert de nouvelles opportunités ?

Olivier Bauza : C’est surtout une façon différente de communiquer. On propose des dessins sur notre blog ou sur des forums et on discute avec des gens qu’on n’aurait probablement jamais rencontrés sans Internet. Le blog m’a surtout permis de me lancer dans un style que je n’aurais peut-être pas abordé avec les maisons d’édition que je côtoyais.

C.B. : Comment imaginez-vous l’avenir de votre blog ? En avez-vous d’autres que celui de Superpépette ?

Olivier Bauza : J’espère continuer à poster des gags sur superpepette.com. Et j’ai trop de blogs ! Il existe même un jeu avec Superpépette où l’histoire évolue en sautant de blog en blog
J’ai également mis en ligne les 14 premières planches d’un autre projet, Foetus Park. Je travaille sur une BD de 44 pages, mais je ne poste plus les pages car j’ai lu des projets similaires sur le net une semaine après avoir posté le mien. C’est sûrement un hasard, mais ça m’a un peu refroidi. Foetus Park sera un one-shot sur deux foetus dans le ventre de la mère. L’histoire ira de la conception à l’accouchement. Je m’amuse beaucoup à imaginer tout ce qui peut leur arriver, leur philosophie de la vie future… Pourquoi deux foetus ? Pour rendre l’histoire plus vivante et privilégier les dialogues à un monologue.
« Complètement à l’ouest d’Eden », un autre blog, est un « cadavre exquis » réalisé par des amoureux de la BD. Jak ( Léo et Lu, chez grrr…art), Bloop ( Interludes, chez Bordessoules), Baba ( Super blagues, chez Delcourt et le Piou, chez Spirou-hebdo) et bien d’autres.
Enfin, j’ai ouvert deux blogs sur mes précédents albums, Cumulus, qui est à présent consultable gratuitement, et sur Cézanne où je présente en partie mon travail.

C.B. : Quels sont vos prochains projets dans la bande dessinée ?

Olivier Bauza : Je vais préparer la suite de Superpépette, en espérant que ce premier album se vende suffisamment pour que mon éditeur m’en commande un second. Je pense aussi continuer Loana Jones et je mûris une ou deux autres idées. J’aime bien travailler sur plusieurs projets à la fois, ça me permet d’avoir un peu de recul.

C.B. : Pour finir, y a t il des blogs BD que vous aimez suivre ?

Olivier Bauza : Oui, plein. Déjà, tous ceux que j’ai cité plus haut et ceux de mes copains aussi : Gloum, Bloop, Ol tichit, Grelin, Lychen, Marie Margot… Maëster est aussi à mourir de rire sur le web.

Quelques albums parus :
- Superpépette, Editeur : J.-C. Gawsewitch – sorti en janvier 2009.
- Loana Jones, 2008, Pif gadget, série tous les mois depuis le n°46, Pif éditions.
- Paul Cézanne, un rebelle en Provence, 2005, éd. Cerises & Coquelicots.
- Cumulus, petit nuage au grand cœur, 2004, éd. Artis.
- Jadis, contes et légendes de Provence, 2000, éd. Artis.

Liens vers les blogs où sont présentés les différents projets d’Olivier Bauza :
- Le blog de Superpépette : http://www.superpepette.com/
- Le jeu de Superpépette, qui saute de blog en blog : http://superpepette01.canalblog.com/
- Le projet FÅ“tus Park : http://foetuspark.canalblog.com/
- Sur Cumulus, le petit nuage : http://cumuluspetitnuage.blogspot.com
- Sur l’album Paul Cézanne : http://paulcezanne.blogspot.com/
- Le blog « Complètement à l’ouest d’Eden » : http://calode.fr.nf/

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