Guy Lefranc est de retour, pour une aventure très lointaine, périlleuse et aux enjeux politiques : ce qui n’est pas la première fois. Naturellement, cette régate lui réserve de graves imprévus et, tout aussi certainement, le journaliste déploiera tout son courage et sa compétence pour sortir par le haut de la situation. Il se joint à Théa, une bonne amie — sans qu’une relation plus intime soit même suggérée — pour faire partie d’une des équipes concourant lors de cette course maritime autour du globe. Et le reportage qu’il en tirera sera destiné à son journal : Le Globe, justement. Pesant sur ce contexte, le père de Théa (Van Toor) est un homme d’affaires international qui vend du minerai et le fait convoyer en Indonésie. Tous les protagonistes vont converger vers cette zone sensible, indépendante depuis peu, et très convoitée. Un album d’une excellente équipe d’auteurs, à l’action soutenue, et à lire au premier degré.
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Après Isabelle, Aliénor et Frédégonde, la collection Les Reines de sang s’éloigne de l’Europe pour évoquer le destin incroyable d’une femme tout aussi étonnante, Tseu Hi, impératrice de Chine (1835 – 1908), dont le destin est lié à celui d’un individu non moins surprenant, Li Lieng Ying, eunuque de son état…
Tout commence à Beijing (Pékin) en 1848, dans des ruelles boueuses où mendie un jeune garçon aussi courageux qu’ambitieux. Gênant un cortège royal, il a le culot de proposer ses services et de s’entendre expliquer que pour travailler dans la cité interdite, mieux vaut être eunuque. D’une fenêtre surplombant la scène, une jeune femme s’amuse de cette altercation inédite. D’origine manchoue et de très bonne famille, autant dire en tant que femme considérée par son père comme une « stupide femelle », son rêve ne se limite pas à trouver un bon mari. L’un va se faire eunuque puisqu’il le faut pour survivre et mieux vivre (« le gîte et le couvert » !), l’autre deviendra concubine, puis épouse et donc impératrice.Tous deux vont lier leur rage de réussir dans un univers fermé en proie à toutes les convoitises : la Cité Interdite. Entre ces deux individus, asexué pour l’un et totalement sexuée pour l’autre, une complicité se noue, le premier initiant même la seconde aux plaisirs charnels car l’eunuque n’a pas perdu pour autant son appétit sexuel. Peu à peu, la concubine de dernier rang va gravir l’« échelle sociale » et s’approcher de l’empereur Xianfeng, le Fils du Ciel et de l’Empire du Milieu, rien de moins ! La jeune Mandchoue et future impératrice sait comment faire désormais pour que le membre royal honore sa porte de jade… En donnant un fils à son empereur, elle devient même épouse impériale. Dès lors Cixi, ou Tseu-Hi, ou Ts’eu-hi exercera, bientôt seule, la réalité du pouvoir en Chine, pendant 47 ans, de 1861 à sa mort.
L’évocation de cette femme ambitieuse, éprise de pouvoir et despote, est ici pleine de sensualité et d’érotisme, dessinée avec finesse et réalisme, mais ce n’est que le premier tome. Le second (en 2016) montrera probablement davantage les intrigues de pouvoirs, les guerres intérieures et extérieures, tout ce à quoi cette femme de caractère devra faire face pour devenir une reine… de sang et entrer définitivement dans l’Histoire.
Alors, « bon voyage » !
Didier QUELLA-GUYOT ([L@BD->http://www.labd.cndp.fr/] et sur Facebook).http://bdzoom.com/author/didierqg/
« Tseu Hi, La dame dragon » par Fabio Mantovan et Philippe Nihoul
Éditions Delcourt (14, 50 €) – ISBN : 978-2-7560-3690-8