Le père Lucien ne s’encombre guère de scrupules ! Rien d’étonnant à cela, puisque c’est, en fait, un homme de main réputé pour son efficacité, qui se planque dans un petit village du Jura en se faisant passer pour le nouveau curé. Traqué par des types qui, eux, ne sont pas très catholiques et veulent l’envoyer ad patres, il a enfilé dans l’urgence la soutane du père Philippe qui s’est retrouvé dans la mauvaise piaule au mauvais moment : les autochtones ne l’ayant encore jamais vu. Drôle et captivant, ce polar prévu en deux tomes est écrit par l’étoile montante du roman policier français qu’est Jacky Schwartzmann et enluminé par le trait expressif de Sylvain Vallée : le dessinateur d’« Il était une fois en France »…
Lire la suite...Claude Moliterni et l’œuvre d’Hugo Pratt au Festival BD l’Odyssée à Dreux
Entre l’organisation du 1er carrefour du 9ème Art et de l’image d’Aubenas et une croisière où il anime une série de conférences, Claude Moliterni a tenu à répondre à l’appel de son compère Jean-Baptiste Lanchon avec qui il a lancé naguère le Festival bd de Dreux.
Ceci, pour évoquer son ami Hugo Pratt, à travers une conférence et une exposition de planches originales qu’il a prêtée à la ville pour deux mois. Revenant sur les grandes étapes de la vie et de l’œuvre du célèbre créateur de Corto Maltese, mais aussi d’Ernie Pike, de Capitaine Cormoran ou du Jésuite Joe, il a détaillé la naissance d’un véritable mythe. Autodidacte complet, influencé par Milton Caniff, Pratt, inventeur du roman graphique avec la Ballade de la mer salée long de 160 pages (une révolution à l’époque qui bloqua plus d’un éditeur), apparaît comme le promoteur d’une nouvelle bd, au ton adulte et artistiquement ambitieuse. Maître du noir et blanc, il fut aussi un aquarelliste hors pair, et un scénariste à situer dans la lignée de Joseph Conrad. Claude Moliterni ne s’est pas contenté de retracer les temps forts de l’œuvre, il a également donné une puissante dimension humaine au travers d’éclairages et d’anecdotes très personnels tirés d’une longue amitié : inlassable découvreur de talents, Moliterni a en effet été l’un des tout premiers à repérer, inviter, éditer et promouvoir le génial italien. Le public a ainsi pu découvrir derrière l’auteur un homme sensible, exigeant en amitié, passionné de jazz et d’horoscope, grand voyageur de Venise à l’Ethyopie en passant par l’Argentine, l’Angleterre et la Suisse où il acheva sa vie en 1995. Avec des airs d’aventurier à la Corto Maltese qui suscite cette conclusion coup de poing « Corto Maltese, c’est Hugo Pratt » … Plus qu’une intervention magistrale, la conférence de Claude Moliterni montre que le festival bd de Dreux a retrouvé un second souffle en gagnant l’Odyssée après une interruption de deux ans. Et le conférencier a promis de revenir l’an prochain, avec des copains, nouveaux talents et pointures confirmées, tous confondus. Une perspective bien alléchante tant l’on sait que les amis de Claude Moliterni sont nombreux et prestigieux dans le monde de la bd.
Joël Dubos