Thierry Cailleteau : un scénariste visionnaire…

C’est avec infiniment de tristesse que nous venons d’apprendre le décès de Thierry Cailleteau, à l’âge de 63 ans. Nourri par les grands scénaristes classiques, il faisait partie d’une nouvelle génération d’auteurs qui s’étaient donné pour mission de dépoussiérer une bande dessinée jeunesse, bien décidés à conquérir un plus large lectorat.

Autoportrait de Denis Bajaram avec Thierry Cailleteau (1996).

Né le 6 septembre 1959 à Suresnes, dans la région parisienne, Thierry Cailleteau rejoint rapidement sa chère Normandie.

Il passe son enfance à Rouen, étudie au lycée Balzac, puis pendant deux ans aux Beaux-Arts.

Il commence par travailler en free-lance, comme graphiste dans les agences de publicité locales.

Passionné par la bande dessinée, il s’associe avec son ami Olivier Vatine, rencontré en 1976 en classe de seconde.

Leur premier scénario (« Un été 62 »), un récit en quatre pages, est accepté par Jean-Marc Thévenet et publié un an plus tard dans Pilote – en 1984 —, par son successeur Nikita Mandryka.

D’autres récits ayant les mêmes protagonistes — Fred et Bob — sont proposés en 1985 et 1986, puis réunis dans l’album « Galères balnéaires » en 1986 par Guy Delcourt, qui vient de lancer sa maison d’édition.

« Fred et Bob » dans Pilote (1984).

De 1986 à 1987, Cailleteau et Vatine proposent « Stan Pulsar, l’as des astres », une série de récits complets de SF, dans Fluide glacial. C’est toujours Guy Delcourt qui publie l’album en 1988.

« Stan Pulsar, l’as des astres » dans Fluide glacial (1986).

Le mensuel de vulgarisation scientifique pour la jeunesse LArgonaute leur ayant proposé de prépublier une histoire de SF, les deux Normands mettent sur pied, en une semaine, les bases d’« Aquablue ».

L’idée de marier SF et écologie — sans oublier une note d’humour — permet au premier album, publié en 1988, de devenir rapidement un best-seller.

Sans le savoir, les deux amis ouvrent une nouvelle voie à la science-fiction et permettent à leur éditeur — et à une nouvelle génération d’auteurs — d’exploiter un créneau porteur, au sein de la collection Terres et légendes.

Thierry Cailleteau écrit les scénarios des 11 premiers albums d’« Aquablue », dessinés par Vatine, puis par Ciro Tota, Siro et enfin Reno.

Après une séquence de six albums réalisés par Régis Hautière et Reno, Cailleteau venait de signer le scénario du tome 18 avec Stéphane Louis au dessin ; ce récit ne sera malheureusement publié qu’après le décès du scénariste.

Planche originale d'« Aquablue » par Stéphane Louis.

Toujours chez Delcourt, Cailleteau écrit le diptyque « Cryozone » pour Denis Bajram en 1996 et 1998, « Turlogh le rêveur » pour Éric Larnoy en 1987, le western « Wayne Redlake » en 1995 — avec Fred Duval — pour Fabrice Lamy.

« Cryozone » par Denis Bajram.

En 1990, il écrit « La Blessure du Khan » pour Jacques Terpant chez Zenda, et en 1993, passionné d’aviation — il possède un brevet de pilote —, il réalise « 100 % pur zing » avec Jean Barbaud aux éditions de La Sirène.

En 2001, pour Vents d’Ouest où il est directeur de collection de 1999 à 2001, Cailleteau signe la série « Anachron », dessinée par Joël Jurion.

De 1990 à 1993, il écrit la trilogie d’heroic fantasy « Fuzz et Fizzbi » aux éditions Glénat.

Dessinées par Ciro Tota, les aventures du lutin et du renard sont réunies en édition intégrale en 1999 sous le titre « Les Trois Quêtes d’Hypercondrie ».

« Fuzz et Fizzbi » par Ciro Tota.

En 2003, il succède à Jean Van Hamme au scénario pour le troisième volume de la série « Wayne Shelton », dessinée par Christian Denayer chez Dargaud. Denayer retrouvera Van Hamme à partir du neuvième épisode.

« Wayne Shelton » par Christian Denayer.

Thierry Cailleteau traduit diverses séries américaines pour les éditions Comics USA, parmi lesquelles « Bilbo le Hobbit ». Il participe aussi à plusieurs campagnes publicitaires utilisant la bande dessinée.

« Habana 2150 » par Héloret.

Éloigné du monde de la bande dessinée depuis quelques années, il effectuait son retour avec « Habana 2150 » pour Héloret à partir de 2018 (deux tomes aux éditions Vents d’Ouest) et « Julie Doohan » pour Luc Brahy à partir de 2020 (trois tomes aux éditions Delcourt)… Et, bien entendu, préparait le retour d’« Aquablue » sous sa plume.

Malgré une bibliographie modeste, Thierry Cailleteau laisse une œuvre majeure pour l’histoire de la bande dessinée. Son écriture rigoureuse, son sens du dialogue et son imagination visionnaire n’ont pas fini de faire rêver des générations de lecteurs.

Il s’en est allé le 22 février à Quevillon, près de Rouen, où il résidait.

BDzoom.com présente ses condoléances attristées à ses proches.

Henri FILIPPINI

« Aquablue » par Ciro Tota.

Galerie

2 réponses à Thierry Cailleteau : un scénariste visionnaire…

  1. Genug dit :

    Pour info, Thierry vivait à Quevillon (sans accent). Sinon, bel hommage, merci pour ses lecteurs.

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