« L’Arc-en-Cieliste » : heureux mélange de sciences, de magie et de légendes !

En ce printemps 1666, la peste fait rage à Londres… À plusieurs centaines de lieues de là, dans un village de la campagne anglaise, vit un jeune lord désargenté — du nom de Hayden Springworth — qui est fasciné par les arcs-en-ciel : ce phénomène météorologique qui apparaît après la pluie, mais dont on ne connaissait pas encore l’origine. Cette passionnante quête initiatique débouche sur une belle bande dessinée, vraiment réussie, narrée avec talent par Cédric Mayen, et impeccablement storyboardée par Roberto Ricci, puis dessinée et colorisée par Laura Iorio !

Les superstitions ou les contes et légendes celtiques, que raconte sa vieille nourrice irlandaise Poppy, ne manquent pourtant pas pour expliquer à Hayden l’apparition de cette irisation, mais sa rencontre inopinée avec un certain Isaac Newton, savant qui s’intéresse à la lumière et dont il va devenir l’assistant, va lui permettre d’apporter une touche scientifique à sa soif de comprendre le mystère qui entoure ce photométéore… Ceci jusqu’au moment où son père, devenu infirme, l’envoie à sa place jouer les espions dans le Béarn, pour le compte du roi : cela dit, il va en falloir bien plus pour que ce garçon débrouillard, dont l’insolence joyeuse n’a d’égale que sa générosité, abandonne pour autant sa passion et ses recherches.

Après avoir traversé la Manche et une bonne partie de l’Hexagone afin d’accomplir sa mission, notre sympathique et enthousiaste héros fini par arriver à Pau. Puis, grâce aux notions de chimie acquises auprès de Newton, il s’impose très vite comme maître-frappeur de monnaie. Son envie d’en savoir plus sur les arcs colorés va le mener dans la vallée d’Ossau, où il va rencontrer la Pluvieuse. Cette étrange jeune femme est dotée d’étonnants pouvoirs qui font tomber la pluie dans les endroits où elle se rend, mais les autochtones prétendent qu’elle porte malheur à tous ceux qui croisent son regard…

D’emblée, le scénario bien orchestré de Cédric Mayen (1), qui oscille sans cesse entre douceur et gravité, nous rappelle beaucoup ceux qu’écrivait le regretté Hubert : et c’est un compliment, évidemment ! Ce fantastique récit enjoué, aussi émouvant que bien documenté, fait en plus passer au mieux son message : il nous prouve que l’on peut fort bien apprendre à se construire et à vivre en groupe, uniquement grâce à son ouverture d’esprit et à sa bonne humeur.

N’oublions pas non plus les dessins tendres et légers, mais également remplis de trouvailles graphiques, de l’Italienne Laura Iori (« June Christy » en 2009 et « Le Cœur de l’ombre » en 2016, où elle s’appuyait, déjà, sur les planches préparées par son compatriote Roberto Ricci), qui s’accumulent tout au long de sept chapitres qui baignent, chacun, dans l’une des couleurs de l’arc-en-ciel définies par Newton lui-même : du violet au rouge !

Gilles RATIER

(1)  Voir tout récemment sur BDzoom.com : Chacun cherche son minet poltron….

« L’Arc-en-Cieliste » par Laura Iorio, Roberto Ricci et Cédric Mayen

Éditions Dargaud (18 €) — EAN : 978-2-5050-8700-7

Parution 9 juin 2023

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