20 BD jeunesse, des primo-lecteurs aux adolescents, pour buller cet été…

Dernière chronique jeunesse avant des vacances méritées. Voici 20 idées de lectures pour nos chers enfants : des tout petits aux presque adultes. Pour faire simple, nous vous rappelons 10 titres qui nous ont enthousiasmés et dont nous vous avons parlé sur BDzoom.com depuis janvier, auxquels nous ajoutons 10 titres récents que nous ne vous avons pas présentés faute de place dans notre rubrique hebdomadaire. En vous souhaitant un bel été et de belles vacances, prenez soin de vous.

Commençons cette ultime chronique de la saison 2022-2023 par un top 10 des titres déjà traités dans la rubrique jeunesse de notre site. Sélection à la subjectivité assumée que nous vous proposons tout de suite :

« Mauvais Monstre » T1 » est la première bande dessinée d’Enzo Berkati en tant qu’auteur complet. Nous avions remarqué l’auteur de 23 ans sur quelques planches parues dans le magazine Spirou, mais nous avons été surpris par sa maitrise narrative et graphique tout au long de cet album de 80 pages qui annonce une belle et riche série.

En effet, il développe, dans cette comédie adolescente riche et atypique, des thématiques profondes avec humour et légèreté : l’importance du regard des autres sur le développement personnel, le rapport de tout à chacun à l’image, en quoi la puberté est un passage clef dans notre évolution vers l’âge adulte, sur la dynamique de groupe et les notions fragiles et changeantes de popularité ou de rejet, sur l’estime et l’acceptation de soi, mais aussi sur la parentalité ou la dualité de toute personne, quelque soit son âge. N’en jetez plus, le lecteur qu’il soit collégien ou adulte aura de quoi se passionner pour les péripéties d’un récit d’initiation original et toujours d’une grande justesse psychologique.

« Elliot au collège T1 : Panique en sixième ». Il y a des passages dans la vie qui rendent anxieux toutes les personnes. Mais si l’arrivée en 6e génère un grand stress pour tous les enfants, cette angoisse prend aux tripes le très sensible Elliot. Le préadolescent la matérialise sous la forme d’une grosse boule orange sur pattes. Loin de le calmer cette véritable boule d’angoisse accroit la tension intérieure d’Eliott. De quoi être au bord des larmes pour lui et faire rire le lecteur, enchanté par ce récit d’autofiction caustique de ses années collège par le jeune auteur Théo Grosjean.

« L’Incroyable Expédition de Corentin Tréguier au Congo ». Cette bande dessinée d’aventures africaines détaille avec une ironie grinçante la réalité d’une expédition précoloniale européenne. C’est à travers le regard d’un militaire non violent, sentimental et profondément humain que l’inhumanité de la colonisation apparait sous les oripeaux d’une mission civilisatrice. Le beau dessin ligne claire de Pierre-Yves Berhin (Hamo) est parfait pour mettre en évidence le côté sarcastique du scénario. Le titre évoque bien sûr, avec une dérision certaine, l’épopée d’un jeune reporter belge, près de 60 ans plus tard. Verrons-nous Corentin Tréguier s’envoler bientôt vers la Russie tsariste ou les États-Unis en construction ? Nous espérons de notre côté le retrouver dans une nouvelle uchronie positive et malicieuse.

« Les Chats ». C’est une excellente idée d’avoir adapté le roman « Les Chats » de Marie-Hélène Delval, déjà vendu à plus de 135 000 exemplaires depuis 1988. Au scénario, nous retrouvons une rédactrice de plusieurs magazines jeunesse comme Pomme d’apiPhosphore ou AstrapiGwénaëlle Boulet est aussi une autrice jeunesse réputée pour ses adaptations comme celle des « Grandes Grandes Vacances ». Elle réussit à condenser l’action du roman sur quelques jours, pour faire de l’album un petit bijou de bande dessinée fantastique bien ancrée dans un quotidien contemporain. La tension monte graduellement avec le nombre de chats noirs présents devant la maison du grand-père. Le lecteur partage ainsi l’angoisse palpable des personnages, mais aussi toute la tendresse de leur relation basée sur la confiance et une affection profonde.

Le dessin est à la hauteur de la finesse du scénario. Illustratrice de magazines et de livres pour enfants, Mélanie Allag varie habilement planches aux couleurs douces d’un bonheur estival et celles aux teintes lugubres et troublantes des séquences cauchemardesques vécues par le jeune héros. Deux narrations se croisent dans ce récit bien construit : celle encore enfantine et naïve de Sébasto alterne avec des pages manuscrites du journal de Da. Cette bande dessinée au suspense haletant constitue une belle initiation à la littérature fantastique.

 « Homunculus T 2 : La Solution apocalyptique ».  Le spiritisme était à la mode dans l’Europe de la Belle Époque, et particulièrement dans l’Angleterre victorienne. Pour le docteur Harryhausen, les spirites et leurs adeptes sont tous des sots qui ne voient pas que la Terre est menacée par un danger imminent : l’émergence de monstres venus d’une dimension parallèle, l’éther. C’est dans le deuxième volume du diptyque « Homunculus » qu’il réussit à éviter l’apocalypse. Cette bande dessinée est agréablement rythmée par des courses-poursuites endiablées et d’énergiques confrontations entre des héros aux sentiments très humains et des créatures sorties de l’imagination fertile des auteurs. La grande force de la bande dessinée est de nous faire ressentir la souffrance si humaine du docteur et de son étrange adjoint, dans un récit feuilletonesque qui mêle habilement rebondissements surréalistes à un humour distancié.

« Boule à zéro + T10 : Les Bras levés ».  Cela fait déjà dix ans que nous voyons grandir la toujours vive et espiègle Zita dans les couloirs de l’hôpital Le Goff. Dans le dixième volume de la série à succès « Boule à zéro + », à l’approche de ses 14 ans, elle doit assumer deux bonnes nouvelles coup sur coup : elle rentre enfin dans l’adolescence et sa leucémie est en voie de guérison. De quoi lever les bras avant de rentrer dans le grand bain de la vie en dehors du service d’oncologie pédiatrique.

Attendez-vous à une rupture de taille dans ce dixième album d’une exceptionnelle série jeunesse dans laquelle émotion, tendresse et humour cohabitent pour notre plus grand plaisir. En effet, non seulement le nouveau traitement que suit Zita est efficace et la guérison est en bonne voie, mais en plus, Zita entre de plein pied dans l’adolescence : sa poitrine pointe un peu et elle a enfin ses règles ; elle va, espère-t-elle, enfin grandir.

« Armelle et Mirko T1 : L’Étincelle ». « Armelle et Mirko » a le charme des fables intemporelles et la douceur des meilleurs albums pour les plus jeunes. Ses grandes cases agrémentées de textes concis, précis et poétiques, font de ce très beau livre un chainon entre album jeunesse et bande dessinée à destination des primo-lecteurs. On prend plaisir à se perdre dans les détails des dessins de Julien Arnal. Illustrateur chez Robert Laffont ou Gautier-Languereau, ce jeune auteur signe ici sa première bande dessinée. Il y magnifie la nature, les forêts et ses habitants, tout comme le passage des saisons ou la beauté des crépuscules.

C’est un duo talentueux qui a écrit le scénario de cette bande dessinée contemplative et bienveillante : Anne Montel et Loïc Clément ont construit, avec « Armelle et Mirko », un récit linéaire porteur de belles thématiques sur l’acceptation de soi, la résilience, la construction d’une amitié sur la base de l’échange et de la confiance… Et bien sûr sur de la nyctophobie et les moyens de vaincre cette peur irrationnelle. Une belle occasion, après lecture de l’album, d’engager un dialogue avec l’enfant souffrant de cette phobie.

« Les Ambassadeurs, la révélation » Cette fable écologique et fantastique est menée au rythme adéquat ; elle prend son temps pour la présentation des personnages et de leurs psychologies, puis s’accélère après la révélation de la mission de ces ambassadeurs qui doivent renouer le lien entre la nature et les hommes.

De quoi développer les thématiques liées à l’adolescence comme la recherche de son identité, les conflits avec les parents ou les difficultés de communiquer entre jeunes du même âge, avant de s’attarder sur des enjeux écologiques évidents : du dérèglement climatique à l’inaction de nos sociétés face aux graves menaces qu’elles font peser sur tous les écosystèmes.

 « Au nom de Catherine » En 2017, avec le multirécompensé « La Guerre de Catherine », nous faisions connaissance avec la jeune Rachel Cohen cachée par la Résistance dans différents lieux en France, sous le patronyme de Catherine Colin. Nom qu’elle conserve à la Libération au début de sa vie de femme adulte. Dans « Au nom de Catherine » – sans famille, mais non sans amis -, Catherine travaille pour son indépendance, en s’émancipant dans un monde encore loin des jours heureux promis à la fin de la Seconde Guerre mondiale.  « Au nom de Catherine » est dans la continuité de « La Guerre de Catherine », mais peut se lire indépendamment. Le propos est toujours aussi fort et émouvant. À partir des quelques années formatrices d’une jeune photographe, c’est un véritable récit d’émancipation féminine qui nous est proposé. Alors qu’il fallait toujours l’autorisation du père ou du mari pour exercer un travail salarié dans ces années-là, Catherine signe elle-même ses premiers contrats et affirme alors son regard de d’artiste et sa propre personnalité. Ses reportages sont l’occasion de traiter de faits de société : d’un féminisme altier avec l’interview de Simone de Beauvoir à l’encore difficile aveu de l’homosexualité d’un ami de Catherine et des violences d’une ségrégation raciale encore légale aux États-Unis aux prémices de la réconciliation Franco-allemande.

 « Mes quatorze ans, enquête sur ma découverte de la sexualité ». Dans la rubrique jeunesse de BDZoom.com, on évoque le meilleur des ouvrages pour les jeunes lecteurs, mais aussi, parfois, ceux qui ont comme personnage central un enfant ou un adolescent. C’est le cas de « Mes quatorze ans » : le journal intime de Lucie, 14 ans en 2003, retrouvé et commenté par la Lucie de 30 ans. Une intéressante mise en perspective sur la manière dont sa sexualité s’est construite. Dans « Mes Quatorze ans, enquête sur ma découverte de la sexualité », nous suivons ainsi les amours de Lucie qui, très mature, assume ses choix et ses désirs dès ses 14 ans. Dans un journal qui n’était pas destiné à être lu par d’autres, elle confesse son obsession pour le sexe, la masturbation ou son envie de découvrir de nouvelles pratiques. Le langage est cru, les émotions sincères et intensément vécues comme souvent à cet âge-là.

La bande dessinée reprend le déroulement chronologique de l’année scolaire de Lucie telle que retranscrite dans son journal, en y ajoutant les commentaires de l’autrice qui a redécouvert ce cahier 15 ans plus tard. C’est l’occasion pour la Lucie Mikaelian de 30 ans de questionner les agissements de la Lucie de 14 ans, avec l’humour que lui permet le recul qu’elle a pris avec l’adolescente qu’elle était.

À ces 10 titres nous en ajoutons 10 autres dont nous vous recommandons tout autant la lecture :

« Moi, je ne suis pas un mouton » est un album qui s’adresse aux primo lecteurs, voire aux enfants de l’école maternelle. C’est l’histoire d’un petit mouton qui ne veut pas être un mouton : il ne veut pas dormir à l’étable ni se protéger de la pluie sous un arbre. Pour le docteur en psychologie et spécialiste de la petite enfance Stephan Valentin chaque enfant a le droit d’être lui-même et de se différencier du groupe. La lecture de l’ouvrage pourra réconforter beaucoup de petits pour qu’ils acceptent leurs différences, – physique ou dans sa façon d’être -, pour renforcer leur estime de soi. Les dessins de Denitza Mineva sont très simples, constitués d’aplats de couleurs vives. De quoi toucher un jeune lectorat pour éviter le harcèlement et célébrer la diversité ainsi que la tolérance. Un message toujours d’actualité.

« La Gardienne des papillons ». Anya est une jeune femme fennec en mission de protection des Papillons-Lune ; des créatures lumineuses qui permettent à la Fleur-Nuit d’éclore. Son village a besoin d’elle pour survivre aux froides nuits du désert, mais Anya commence à rêver d’une vie sous le soleil, mettant en danger son peuple. C’est à la Néo-Zélandaise Kay O’Neill que l’on doit ce récit de fantasy doux-amer qui traite de thématiques profondes comme le poids des responsabilités, la solitude ou les solidarités nécessaires au sein d’un groupe d’amis. Nous lui devons la trilogie des Dragon-thé dont nous vous avons vanté les qualités ici et . On retrouve dans ce récit d’initiation ses illustrations douces et colorées dans un style plus affirmé que dans sa trilogie précédente.

« Melvina T2 : Melvina et le secret du serpent ». Le jour où son chat Ottavio s’échappe pour entrer chez les voisins, la toute jeune Melvina se lance sans hésiter à ses trousses, loin d’imaginer l’aventure qui l’attend derrière la porte. Destinée à de grandes choses, la petite fille est entraînée à Aldiqua, un monde enchanteur aux personnages hauts en couleur. Dans ce deuxième tome d’une trilogie annoncée, de retour chez elle, Melvina se sent seule, persuadée que les habitants d’Aldiqua l’ont oubliée. Néanmoins, la ville doit faire face à la disparition de ses enfants et de ses abeilles. Alors que Melvina entre dans l’adolescence et affronte la puberté, elle se lance dans une quête à travers le royaume de Mondobscur.  « Melvina » est un joli conte pour les petits et les grands, un récit fluide, dense et captivant qui s’inspire du « Alice au pays des merveilles » de Lewis Caroll. Le dessin léger et dynamique est à l’unisson du texte. Cet album entièrement peint à l’aquarelle est rythmé par de nombreux rebondissements. C’est une ode à l’amitié et à la différence qui s’attarde dans ce deuxième volume sur les angoisses liées à l’adolescence.

« Miss Charity T2 : Le Petit théâtre de la vie ». Il n’est vraiment pas très amusant d’être une petite fille dans une famille bourgeoise du Londres de l’époque Victorienne. Charity s’ennuie profondément jusqu’aux jours où elle découvre la faune de son jardin puis le plaisir de peindre à l’aquarelle. Elle ne le sait pas encore, mais elle se forge dès lors les moyens de son émancipation à l’âge adulte. En 2008, « Miss Charity », le roman de Marie-Aude Murail, devient l’un des best-sellers des éditions L’École des loisirs. Énorme succès pour ce gros roman destiné aux jeunes de plus de 13 ans. Succès mérité pour cette fausse autobiographie de Beatrix Potter, naturaliste et écrivaine anglaise en qui la romancière française s’est reconnue un double artistique.

Nous vous avons déjà entretenu dans cette rubrique de l’excellence du travail de scénariste pour la jeunesse de Loïc Clément pour « Chroniques de l’île perdue », « Chaque jour Dracula », « Le Voleur de souhaits » ou « Chaussette », par exemples. Il adapte ici avec une grâce certaine le récit de Marie-Aude Murail. Il en conserve le rythme, l’ambiance de l’Angleterre victorienne et la volonté de mettre en avant les germes de l’émancipation féminine, de ses personnages secondaires féminins à la volontaire Charity. Les aquarelles d’Anne Montel sont en parfaite adéquation avec le sujet de la trilogie, Charity excelle elle-même avec ses pinceaux. Ses cases sans contour et son dessin précis, des animaux aux décors victoriens, apportent douceur et poésie à ce récit initiatique qui sait prendre son temps pour détailler la découverte progressive du monde par une petite fille. Une trilogie tendre et poétique tout en étant féministe.

« La Contrebande Society de Forest Hills ». Kelly, Brooke, Maggie et Melissa achètent un DVD piraté d’un film de Miyazaki, mais au lieu du titre attendu, elles découvrent un film d’animation intitulé « Super Love XL » mettant en scène une humanoïde géante dont les seins envoient des rayons laser. Les amies montent quelques plans pour les revendre à l’académie chrétienne de Forest Hills, leur école très conservatrice. L’opération est un succès, mais le petit groupe risque de se faire prendre par les autorités puritaines. « La Contrebande Society de Forest Hills » est une bande dessinée juste et amusante sur la fin de l’adolescence et la passage à l’âge adulte dans une petite ville états-unienne puritaine et conservatrice. Elle traite de belles thématiques sur la religion, l’amitié et le début des relations amoureuses.

« Bastian, loup solitaire et autres contes » complète la série « Légendes de la garde » de David Petersen. Cette série rencontre un succès certain en France, plus de 55 000 exemplaires vendus. Ses qualités ont été remarquées par les pédagogues : l’Éducation nationale la recommande pour le cycle 3 ; la fin de l’école primaire et le début du collège. Cette petite bande dessinée au format carré présente trois contes inédits qui prolongent la saga animalière. Le dessin poétique et précis de l’auteur états-unien permet de diffuser de belles valeurs au-delà d’un univers de fantasy : la compassion et l’empathie auprès d’une chouette au grand cœur, la curiosité et l’ouverture d’esprit avec une souris à l’oreille attentive ou la prudence et la sagesse aux côtés d’un vieux guerrier. Ces leçons de vie ont été célébrées par quatre Eisner Awards entre 2008 et 2011.

« Le Seigneur de Castellet » est une bande dessinée historique de grande qualité. L’auteur barcelonais Oriol Garcia Quera raconte dans un style réaliste un accrochage entre le jeune seigneur Jorda de Sant Marti et le diacre des terres dépendant du monastère voisin de Sant Cugat. Lors de cette journée de l’an de grâce 1107 le château de Castellet doit aussi faire face à une razzia almoravide. La troupe de soldats musulmans est repoussée après le pillage du village. Cet agréable ouvrage fort bien documenté est encadré par deux courts dossiers historiques sur la Catalogne médiévale du début du XIIsiècle ainsi que sur l’histoire locale du Castellet et du monastère de Sant Cugat.

« Révolutionnaires ! T2 : Le Grand Désordre de l’an I ». Eté 1792, la Révolution française connait un tournant décisif : le roi est fait prisonnier après la prise des Tuileries. En septembre, des prisonniers monarchistes sont massacrés dans les prisons parisiennes. Une comtesse et sa jeune fille voyagent de nuit pour fuir la violence de la capitale : mal leur en prend ! La petite Célénie se retrouve alors seule et sans défense, dans les rues malfamées de Nantes. Elle peut cependant compter sur l’aide d’enfants des rues pour survivre à bien des dangers. Les deux tomes de « Révolutionnaires ! » nous ont véritablement bluffés. Parfaitement rythmés, historiquement documentés, ils permettent de s’immerger, à hauteur d’enfants, dans une ville de province au début de la Convention.

Nous devons cette réussite au scénario de Régis Hautière, auteur de la série culte « La Guerre des Lulus » où avec le même procédé, il nous permettait de suivre un groupe d’enfants, puis d’adolescents, pendant la Première Guerre mondiale. Ce récit vivant, parfois truculent, est mis en images dans un style semi-réaliste classique et efficace par Xavier Fourquemin. Son trait précis et ses cadrages variés donne vie aux quartiers populaires de Nantes, de l’île Feydeau au Bouffay et au quai de la fosse. Il rend compte du foisonnement du port et de la ville de Nantes au XVIIIe siècle.

« Les Cœurs Ferraille T2 : L’Inspiration ». Le deuxième volume de la série « Les Cœurs de ferraille » confirme les qualités de ce conte sensible, intelligent et surprenant. Comme tout bon ouvrage pour la jeunesse, il délivre plusieurs niveaux de lecture pour satisfaire les lecteurs de tous âges. C’est un trio d’auteurs confirmés et complémentaires qui est à l’origine de cette série prometteuse : les Beka (Bertrand Escaich et Caroline Roque) au scénario et José-Luis Munuera au dessin. C’est une série dans laquelle chaque volume narre une histoire complète qui peut se lire indépendamment des autres. Le récit se déroule dans une campagne du Sud des États-Unis réinventée : on y trouve des paysages caractéristiques, maisons et champs de coton de la fin du XIXe siècle, mais aussi des objets anachroniques ; écrans transparents de réseaux sociaux modernes, aéronefs du XXsiècle ou des centaines de robots androïdes qui assistent les hommes dans tous leurs travaux. Au-delà d’une intrigue originale dans un monde rétrofuturiste inusité, la bande dessinée aborde des thèmes profonds à travers le parcours initiatique intrigant d’une jeune héroïne bouleversée par la lecture d’un   livre écrit par un robot. Les machines ont-elles une âme ? Les suprémacistes refusent violemment cette idée. Commence alors un récit mouvementé, pimenté par beaucoup d’humour et un humanisme qui emporte l’adhésion du lecteur le plus rétif.

« Pacotille T2 : L’Île de la liberté ». Nzinga vit au royaume Kongo, au XVIIsiècle. Un jour, des hommes à la peau claire venus de la mer débarquent dans son village et l’arrachent à sa mère et à la terre de ses ancêtres. Nzinga devient alors Pacotille, une marchandise de peu de valeur. Après une éprouvante traversée, elle est vendue comme esclave en Martinique. Dans cet épisode, elle réussit à s’enfuir et se réfugie dans une tribu d’Amérindiens Caraïbes.  Corbeyran et la journaliste martiniquaise Aurélie Bambuck raconte l’esclavage à hauteur d’enfant. Le décor et le contexte historiques sont fiables pour un récit bien mené pour le trait rond et efficace de Berlion. Cet album soutenu par la fondation pour le mémoire de l’esclavage se clôt par un cahier pédagogique fort bien réalisé.

Nous terminons cette saison 2022-2023 par ce florilège de 20 bandes dessinées à destination des plus jeunes et nous vous donnons rendez-vous en septembre prochain pour une nouvelle saison de belles découvertes dans un neuvième art qui n’oublie pas de rester jeune.

Laurent LESSOUS (l@bd)

« Mauvais Monstre » T1 : par Enzo Berkati

Éditions Glénat (15,50 €) – EAN :  978-2-344-04968-6

 « Elliot au collège T1 : Panique en sixième » par Théo Grosjean

Éditions Dupuis (9,90 €) – EAN :  979-1-0347-5778-7

« L’Incroyable Expédition de Corentin Tréguier au Congo » par Pierre-Yves Berhin (Hamo) et Emmanuel Suarez

Éditions Nathan bande dessinée (22,00 €) – EAN :  978-2-09-249465-3

« Les Chats » par Mélanie Allag et Gwénaëlle Boulet, d’après Marie-Hélène Delval

Éditions Bayard, collection Bande d’ados (12,50 €) – EAN :  979-1-0363-2918-0

« Homunculus T 2 : La Solution apocalyptique » par Rune Ryberg et Benni Bødker

Éditions Les Aventuriers de l’étrange (18,00 €) – EAN :  978-2-490195-31-2

« Boule à zéro + T10 : Les Bras levés » par Serge Ernst, Diaz et Zidrou

Éditions Bamboo (11,90 €) – EAN :  978-2-8189-9188-6

« Armelle et Mirko T1 : L’Étincelle » par Julien Arnal, Loïc Clément et Anne Montel

Éditions Delcourt (15,95 €) – EAN :  978-2-4130-4504-5

« Les Ambassadeurs, la révélation » par Laurent Richard et Benoit Broyart

Éditions Jungle (19,00 €) – EAN :  978-2-822-23667-6

« Au nom de Catherine » par Mayalen Goust et Julia Billet

Éditions Rue de Sèvres (18,00 €) – EAN :  978-2-8102-0058-0

 « Mes quatorze ans, enquête sur ma découverte de la sexualité » par Lisa Chetteau, Lucie Mikaélian et Jeanne Boëzec 

Éditions Gallimard (24,00 €) – EAN : 978-2-07-516778-9

« Moi, je ne suis pas un mouton ! » par Dinetza Mineva et Stephan Valentin

Éditions Pfefferkorn (14,90 €) – EAN : 978-3-944160-28-3

« La Gardienne des papillons » par K. O’Neill

Éditions Bliss (26,00 €) – EAN : 978-2-37578-316-3

« La Contrebande Society de Forest Hills » par Nicole Goux et Dave Baker

Éditions Sarbacane (24,00 €) – EAN : 979-10-408-0209-9

« Melvina et le secret du serpent » par Rachelle Aragno

Éditions Dargaud (20,50 €) – EAN : 978-2-5051-1980-7

« Miss Charity T2 : Le Petit théâtre de la vie » par Serge Anne Montel et Loïc Clément

Éditions Rue-de-Sèvres (16,00 €) – EAN : 978-2-36981-686-7

« Bastian, loup solitaire at autres contes » par David Petersen

Éditions Gallimard (11,50 €) – EAN : 978-2-07-519095-4

 « Le Seigneur de Castellet » par Oriol Garcia Quera

 Éditions Idées Plus (16,00 €) – EAN : 978-2-374700-67-0

« Révolutionnaires ! T2 : Le Grand Désordre de l’an I » par Xavier Fourquemin et Régis Hautière

Éditions Le Lombard (12,95 €) – EAN : 978-2-8082-0640-2

« Les Cœurs Ferraille T2 : L’Inspiration » par José-Luis Murena et Beka

Éditions Dupuis (14,50 €) – EAN : 979-1-0347-6868-4

 « Pacotille T2 : L’Île de la liberté » par Olivier Berlion, Corbeyran et Aurélie Bambuck

Éditions Jungle (14,95 €) – EAN : 978-2-822-23861-8

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