Bouncer : avec Boucq, on liquide et on s’en va !

Dans le tome précédent, « L’Échine du dragon », le Bouncer et ses amis — Zeiss et la jeune Indienne Panchita — avaient rapatrié « l’or de Maximilien » (un trésor volé aux confédérés par le Mexique (1) à la fin de la guerre de Sécession) à la banque de Barro-City : là où le Bouncer dirige (avec sa femme) le saloon L’Infierno, dont il est toujours le vigile.

Sous une forte pluie — qui dure… —, des truands de la pire espèce arrivent en ville et sèment le trouble. Un certain colonel Carter et un dénommé Morrison — et leurs hommes —, pourtant en mission officielle selon eux, menacent des notables et essaient de les faire disparaître : le shérif — gravement blessé —, puis le juge… jusqu’au Bouncer, et même sa femme Yin-Li ! Un illusionniste débarque ensuite en ville et, à l’issue de son spectacle — présenté à L’Infierno devenu vide à cause de la concurrence d’un nouveau saloon-bordel, le Pink Ladies —, l’or a disparu ! Entretemps, l’unité de l’armée envoyée par le gouvernement pour protéger l’or et l’ordre public — des soldats noirs ! —, boucle la ville, mais a bien du mal à faire régner un semblant de paix. La course à l’or attire toutes les convoitises et le résultat sera sanglant !

Cet équivalent d’un double album est de haute tenue, qu’il s’agisse du dessin ou du scénario, et un peu moins cru que certains épisodes précédents, mais reste conforme à la série : une suite très attendue donc !

La suite des aventures du Bouncer se faisait en effet attendre, depuis le diptyque des tomes 10 et 11, parus au premier trimestre 2018… François Boucq les avait signés seul, à la différence de tous les autres albums de la série, scénarisés par Alejandro Jodorowsky. On peut donc s’interroger sur le retour tardif du scénariste initial, sans d’ailleurs les mentions « dessin de » et « scénario de » en crédits, mais un simple rappel que l’histoire est inspirée de l’univers et des personnages créés par Boucq et Jodorowsky. Quoi qu’il en soit, la façon de raconter et la mise en scène sont moins cruelles dans ce gros album (comme dans les deux précédents) que dans les épisodes antérieurs, à la violence outrancière, parfois forcée, qui était la marque de fabrique de la série.

Le dessinateur maîtrise toujours aussi bien la narration graphique, les scènes d’action et de violence, mais aussi les moments de dialogue et les huis clos. Son dessin va même plus dans les détails que dans les tomes précédents. Son style est toujours vivace, enlevé, riche d’ambiances magnifiées par la mise encouleurs. Une caractéristique marquante de l’album, qui rompt avec le reste de la série, est que les personnages se succèdent par ordre d’arrivée, les uns après les autres, à la façon d’une pièce de théâtre ou d’un spectacle. Effectivement, l’illusion, les faux-semblants, les leurres et informations trompeuses (donnéesaux protagonistes comme au lecteur) abondent dans le récit et sont amenés de manière surprenante. Plus on avance dans la lecture, plus se dégage cette impression de « grand déballage » spectaculaire, avec rebondissements, retournements, disparitions et transformations. Tout ceci donne finalement à l’ensemble un ton, sinon léger, du moins ironique, voire distancié.

Ne révélons pas la fin, laquelle peut soit fermer la série (ou le cycle), soit la rouvrir sous une forme ou une autre. Mais entretemps, quel spectacle !

Patrick BOUSTER

(1) Voir entre autres les albums « Ballade pour un cercueil » (série « Blueberry ») par Giraud et Charlier, et « L’Or de Maximilien » (série « XIII ») par Vance et Van Hamme.

« Bouncer T12 : Hécatombe » par François Boucq et Alejandro Jodorowsky

Éditions Glénat (24,95 €) — EAN : 978-2-344-03014-1

Parution 2 novembre 2023

Éditions Glénat (45 €) — EAN : 978-2-344-06114-5 pour l’édition en noir et blanc

Parution 8 novembre 2023

Galerie

Une réponse à Bouncer : avec Boucq, on liquide et on s’en va !

  1. Patrick BOUSTER dit :

    On a appris depuis, par une interview de Boucq, qu’il prévoit de continuer la série… Prévisible, car c’est l’un de ses titres qui rencontrent le plus de succès, mais bonne nouvelle ! Après cette « Hécatombe » où il ne reste plus grand monde ni grand chose, un nouveau cycle s’ouvrira.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>