Quand le château fort devient un château faible…

Le Moyen Âge est une époque méconnue de la plupart de nos contemporains. Beaucoup préfèrent rire de ces temps qu’ils considèrent obscurs : entre épidémies de peste, violences quotidiennes et médecine rétrograde. C’est avec une approche semblable à celle de la série télévisée « Kaamelot » d’Alexandre Astier que Jean-Christophe Mazurie a écrit et dessiné « Chroniques du château faible ». Beaucoup d’humour absurde et des dialogues décalés dans une bande dessinée faiblement historique, mais fortement drôle.

Ce siècle est difficile pour les voyageurs. L’un d’entre eux, dans une longue robe de bure, se fraie difficilement un chemin de forêts obscures en routes qui mènent nulle part et de tempêtes impressionnantes en marais putrides. Forcément, il arrive en retard pour son rendez-vous avec le roi dans un château-fort isolé. Celui-ci aurait bien repoussé encore un peu une rencontre qu’il sait inéluctable, car c’est la camarde armée d’une faux qui vient lui annoncer son décès prochain. Branle-bas le combat dans la forteresse médiévale, car le vieux monarque n’a pas d’héritiers !

« Chroniques du château faible : le roi se meurt qui lui succédera ? » page 11.

Pour ses conseillers les plus intimes, il faut d’abord annoncer au roi sa fin proche en le ménageant. Ils ont ainsi l’idée d’un rébus mimé pour lui faire comprendre qu’il va mourir dans d’atroces souffrances. Seulement, si le souverain adore les devinettes, il interprète – mal ! – le message en : « Vous allez courir dans des fosses étranges » ou « Je vais rire dans des brosses à franges ».

Ce n’est que le début des malheurs pour les habitants de la seigneurie. Des complots s’ourdissent dans les méandres des pièces du château, les brigands attaquent vilains et serfs en une horde sauvage ou en une petite bande de trois (ils ne sont pas d’accord sur le terme à employer), d’autres recherchent des enfants illégitimes à faire monter sur le trône ; ils ne trouvent qu’une petite vieille plus âgée que le roi, un chien errant et même un tabouret, tandis que les plus jeunes estiment qu’il est temps d’inventer l’amour courtois, car la séduction à l’époque est plutôt vulgaire que courtoise…

« Chroniques du château faible : le roi se meurt qui lui succédera ? » page 15.

Vous l’aurez compris après ce court résumé, pas de références historiques respectées dans cette bande dessinée de 56 pages, mais un humour décalé, anachronique, et souvent absurde dans la lignée des « Shadocks », ou plus près de nous de la série télévisée « Kaamelot ».

Ce récit est construit en une suite de planches-gags composées, sauf exception, sur un immuable gaufrier de neuf cases. Des illustrations pleine page entrecoupent parfois la narration, telles des enluminures médiévales.

Au-delà de situations loufoques, l’auteur nous régale de son sens des dialogues ; de répliques s’inspirant faussement du vieux français à des expressions contemporaines matinées d’anachronismes cocasses, dans un langage parfois délicieusement fleuri.

Le dessin est minimaliste, il va à l’essentiel. Si les décors moyenâgeux sont suggérés, le lecteur comprend vite où se situe l’action et distingue une quinzaine de personnages parfaitement différenciés, aux caractères bien affirmés. De quoi rire de leurs interactions truculentes dans cet album qui peut se lire et être apprécié dès l’adolescence.

Des illustrations pleine page entrecoupent parfois la narration telles des enluminures médiévales.

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Laurent LESSOUS (l@bd)

« Chroniques du château faible : le roi se meurt qui lui succédera ? » par Jean-Christophe Mazurie

Éditions Fluide glacial (13,90 €) – EAN :  979-10-3820-5260

Parution 7 février 2024

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