PLUS DE LECTURES DU 27 FEVRIER 2006

Toujours aussi variée, voici notre sélection BD de la semaine : “ Hasta la victoria ! T.1 : Cuba 1957 ” par Stefano Casini aux éditions Mosquito, “ La tranchée T.1 : Sauveur ” par Christophe Marchetti, Virginie Cady et Eric Adam aux éditions Vents d’Ouest, “ McCay T.4 : La quatrième dimension ” par Jean-Philippe Bramanti et Thierry Smolderen aux éditions Delcourt, “ L’auberge du bout du monde T.2 : Des pas sur le sable ” par Patrick Prugne et Tiburce Oger aux éditions Casterman et “ Les Musicos T.3 : Porcelaine fine ” par Michel Janvier, Erroc et Henri Jenfèvre aux éditions Bamboo.

 


Hasta la victoria ! T.1 : Cuba 1957 ” par Stefano Casini


Editions Mosquito (13 Euros)


Grâce aux éditions Mosquito (qui se spécialisent dans la publication et mise en valeur, en France, des auteurs de BD italiens), nous avons pu découvrir l’une des facettes du dessinateur Stefano Casini, très connu de l’autre côté des Alpes pour ses nombreux épisodes d’une des séries populaires éditées par Bonelli : «Nathan Never». Donc, après le recueil «Moonlight blues» qui nous a permis de nous familiariser avec le trait acéré et efficace de cet auteur transalpin, voici le premier tome d’une plus ambitieuse saga, prévue en quatre volets, sur l’histoire de la révolution Cubaine. En cette année 1957, la petite île d’Amérique du Sud, qui est devenue une succursale des USA en se spécialisant dans le sexe et le jeu, est au bord de la rupture : des résistants s’organisent pour contrer le dictateur Batista et ses barbouzes, lesquels se sont acoquinés à des mafiosi vendus aux Américains. La solide intrigue romanesque composée par Casini repose sur une vérité historique peu connue où nous croisons des personnages célèbres comme le coureur automobile Fangio et un petit avocat barbu fumant des gros cigares : un certain Fidel Castro… Une série bien documentée flirtant avec les récits d’espionnage : indispensable, comme de bien entendu !


 


La tranchée T.1 : Sauveur ” par Christophe Marchetti, Virginie Cady et Eric Adam


Editions Vents d’Ouest (12,50 Euros)


Certes, le thème a déjà été exploité avec brio et intelligence par Tardi ou Pratt et il est difficile de passer après ! C’est certainement pourquoi les scénaristes Virginie Cady et Eric Adam (dont nous vous avons déjà dit tout le bien que nous pensons au sujet des «Contes du 7ème souffle») ont préféré placer ce diptyque sur la Première Guerre mondiale sur un plan principalement policier. Ces derniers s’accrochent d’ailleurs à la narration de l’enquête, à l’instar de leur héros ; même si les bombardements et les gaz nous rappellent incessamment que nous sommes dans un conflit meurtrier qui pousse les hommes dans leurs derniers retranchements. Un meurtre a donc été commis dans l’une de ces fameuses tranchées où agonisent les poilus. Un policier, officier de renseignement, est porteur d’un message pour l’état-major et y trouve refuge : il se retrouve face à un groupe de soldats, lesquels entourent le corps d’une victime poignardée en plein cœur… Outre l’intérêt psychologique des différents personnages qui accumulent les petites guerres personnelles au milieu de la grande, ce drame policier et historique nous permet de découvrir un nouveau dessinateur prometteur, au trait appuyé assez original, issu du milieu des jeux vidéos.


 


McCay T.4 : La quatrième dimension ” par Jean-Philippe Bramanti et Thierry Smolderen


Editions Delcourt (14,95 Euros)


Le dessinateur américain Winsor McCay (1867-1934) est le créateur de l’immortel «Little Nemo» (créé en 1905) et l’un des pères fondateurs de la BD moderne. Il est aussi l’un des pionniers du cinéma d’animation et fut également réputé pour ses talents d’homme de spectacle et son sens inné de la perspective. Sa riche existence sert de base à une très intéressante biographie imaginaire (dont c’est ici la conclusion), concoctée par le scénariste (mais aussi spécialiste du 9ème art) Thierry Smolderen. La narration, à la fois complexe et limpide, de ce dernier, est soutenue par la mise en images de son complice, Jean-Philippe Bramanti, brillant ancien élève de l’Ecole d’Angoulême. Son étonnant graphisme tachiste donne toute la mesure fantastique à cette épopée, laquelle s’intéresse moins aux données biographiques proprement dites qu’à l’obsession des rêves qui définit McCay : cauchemars, rêves éveillés, rêveries interrompues… En effet, le récit s’ouvre à l’imaginaire en faisant du héros un explorateur de la quatrième dimension afin de contrer le fantôme de l’anarchiste Silas, lequel le poursuit toujours de ses sombres desseins. Notons qu’un dossier didactique, où le chercheur émérite qu’est Thierry Smolderen nous tient au courant de ses précieuses découvertes sur cette figure essentielle de la bande dessinée internationale, nous est offert en fin d’album.


 


L’auberge du bout du monde T.2 : Des pas sur le sable ” par Patrick Prugne et Tiburce Oger


Editions Casterman (9,80 Euros)


Un écrivain parisien se réveille dans une vieille et lugubre auberge, au bord d’une falaise bretonne battue par les vents, en 1884. Il est poursuivi par ses cauchemars nocturnes où il a eu l’impression d’être épié, toute la nuit, par des diablotins hantant les lieux. Pour finir de le mettre mal à l’aise, l’aubergiste, malade et sentant sa fin venir, lui raconte l’histoire fantastique d’une jeune femme revenue d’entre les morts et pourvue de pouvoirs surnaturels… Voici le deuxième volume, fort réussi, d’une trilogie privilégiant le classicisme graphique et narratif, à l’inverse de tous ceux qui se réclament aujourd’hui de la «nouvelle BD» ! Utilisant l’aquarelle directe, Patrick Prugne progresse énormément dans la maîtrise de son trait et le scénario bien construit de Tiburce Oger est très plaisant, complètement lisible, en tout cas bien plus que quand cet auteur complet est son propre dessinateur : son style de dessin étant peut-être trop emberlificoté pour être totalement efficace (il faut dire aussi que, quand ce dernier dessine et scénarise à la fois, il s’agit souvent de récits d’heroic-fantasy, genre qui n’est guère ma tasse de thé).


 


Les Musicos T.3 : Porcelaine fine ” par Michel Janvier, Erroc et Henri Jenfèvre


Editions Bamboo (9,45 Euros)


Voici, enfin, le 3ème recueil des gags des «Musicos», cette bande de jeunes qui joue du hard rock, dessiné par Michel Janvier, scénarisé par Erroc (l’un des papas des «Profs») et Henri Jenfèvre (dessinateur des «Gendarmes») ; sans oublier la mise en couleur de Frédérique Avril : le tout aux éditions Bamboo ! Si avec le titre («Porcelaine fine»), Michel Janvier revendique son appartenance limousine, cet album, encore plus amusant que les précédents, devrait conquérir un public (pas nécessairement mélomane) de plus en plus interrégional, voire international : notamment avec l’arrivée de nouveaux personnages secondaires comme ce manager, ringard et plus bête que méchant, qui est un hommage au premier producteur des Rolling Stones (c’est l’un des nombreux clins d’œil nostalgiques dissimulés au détour de ces pages vraiment drôles). Et comme la musique adoucit les mœurs, n’hésitez pas à rencontrer Michel Janvier et ses copains auteurs de BD à la deuxième édition du festival «BD Cibels» qui se tiendra du 7 au 9 avril 2006 à La Souterraine (23) : l’invité d’honneur ne sera autre que Juanjo Guarnido (le dessinateur de «Blacksad») !


 


Gilles RATIER


 

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