Depuis presque 20 ans, l’idée d’une comédie de mœurs romantique sur fond de satire politique où une Première Dame aurait la possibilité d’influencer les affaires publiques de notre pays trottait dans la tête de Didier Tonchet : prolifique créateur de BD humoristiques bien connu (ahhh, « Raymond Calbuth » !) et scénariste toujours inspiré, comme c’est le cas ici (1)… Il nous embarque avec délices dans la jouissive histoire d’une actrice engagée de seconde zone qui va gagner le cœur des Français et d’un président de la République dont la cote de popularité est en chute libre, à un an des élections : le tout mis énergiquement en images, tout au long de 270 pages, par le dessin virevoltant de Jean-Philippe Peyraud (2)…
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Nelson, le diablotin, n’a pas changé : toujours glouton, farceur et gaffeur, il n’en finit plus d’empoisonner la vie de la jolie Julie et de son labrador, le lymphatique Floyd. Mais au fur et à mesure, le petit diable orange devient à son tour la proie des contre-attaques de ses colocataires.
Malgré un 5e album et bientôt mille strips, la série de Bertschy continue de faire les beaux jours du quotidien suisse Le Matin et de Spirou, conservant toute sa vitalité et son humour. En trois ou quatre cases d’un dessin simple et enlevé, mais néanmoins particulièrement expressif, minutieux et soigné, sous ses apparences économes, Bertschy amène une chute toujours bien sentie et amusante, dans un style international qui doit au moins autant à l’esprit anglo-saxon qu’à la tradition franco-belge. Jouant d’une thématique bien rodée mais jamais répétitive, l’auteur sait conserver la cohérence de son univers et respecter la psychologie de ses héros, sans pour autant tomber dans les recettes mécaniques. Car les rapports entre les personnages évoluent doucement, révélant au fur et à mesure toutes les facettes des personnalités (Julie en célibataire tantôt déprimé, tantôt entreprenante), de leur situation professionnelle et des liens qui se tissent entre eux. D’ailleurs, l’auteur ne cesse d’introduire de nouveaux compagnons de canulars (comme l’inénarrable Stupidon), étoffant le bestiaire (avec des figures de chats et de chiens à la Tom et Jerry), la famille et l’entourage de Julie (qui se voit affublée d’une sœur au style gothique). Cet album présente de nouveau 180 strips d’une réelle qualité et d’une grande homogénéité, sans temps mort ni fausse note, d’un humour rafraîchissant et moderne, qui jette un regard pertinent sur la société contemporaine. La patte des plus grands pour une œuvre qui se hisse peu à peu sur les traces de Mafalda ou des Peanuts.
JOËL DUBOS
Nelson, t5, Super casse-pieds, Bertschy, Dupuis, 8,50 euros