PLUS DE LECTURES DU 12 MARS 2007

“ Tif et Tondu : intégrale T.1 : Le diabolique M. Choc ” par Will et Maurice Rosy, “ Zélie et compagnie T.4 : En voiture ! ” par David De Thuin et Corbeyran, “ Miss Pas Touche T.2 : Du sang sur les mains ” par Kerascoët et Hubert, “ Goscinny et moi : témoignages ” par José-Louis Bocquet, et “ Triple galop T.1 ” par Benoît Du Peloux et Michel Rodrigue.

 


Cliquez sur l’appareil photo pour découvrir les couvertures des albums chroniqués.


 


Comme d’habitude, notre sélection de la semaine est toujours aussi éclectique :


 


Tif et Tondu : intégrale T.1 : Le diabolique M. Choc ” par Will et Maurice Rosy


Editions Dupuis (16 Euros)


Tif le chauve et Tondu le barbu étaient aux abonnés absents depuis 1997 ! Pourtant, les aventures de ce tandem contrasté avaient, jusqu’à lors, accompagné la vie du journal Spirou depuis le premier jour de son histoire, en avril 1938. Si la première version fantaisiste et comique, due au trait un peu malhabile de Fernand Dineur, ne restera pas dans les annales, le relookage de notre duo pétaradant par le jeune Will, en 1948, méritait, en effet, une intégrale digne de ce nom ! C’est donc chose faite, aujourd’hui, avec un tome 1 indispensable qui nous propose les 3 premières enquêtes écrites par Maurice Rosy, génial scénariste, qui inventa l’un des pires criminels de la planète, et aussi l’un des plus mystérieux. J’ai nommé : Monsieur Choc ! La modernité du trait de Willy Maltaite (le vrai nom de Will), qui nous fait penser aujourd’hui au style «atome» de la fin des années 1950, et l’efficacité (doublée d’une originalité encore très actuelle) des scénarios, vont faire de cette série l’un des classiques mythiques de la BD franco-belge. Cette intégrale tant attendue devrait totaliser 16 volumes. Ces derniers vont regrouper 3 récits à chaque fois (avec, en bonus, quelques récits, textes, articles et illustrations inédits), alternant les scénarios de la période Rosy et ceux signés Maurice Tillieux (écrits à partir de 1968), lequel fut rejoint par Stephen Desberg, en 1977. Si on nous promet aussi les quelques épisodes scénarisés par Henri Gillain (le frère de Jijé) ou Albert Desprechins, ainsi que ceux de la reprise par Alain Sikorski et Denis Lapière, en 1993, espérons que l’ultime tome (qui est titré «Inédits») nous présentera des récits moins connus : ceux qu’écrivit Dineur pour Will de 1948 à 1950 («La cité des rubis», «La revanche d’Arsène Rupin», «En Amérique Centrale» et «Le fantôme des lagunes») ou, surtout, les 2 aventures conçues par Marcel Denis, entre 1960 et 1961, qui sont de vrais petits bijoux totalement méconnus («A Hollywood» et «Ne tirez pas sur Hippocampe»), par exemple !


 


Zélie et compagnie T.4 : En voiture ! ” par David De Thuin et Corbeyran


Editions Bayard (9,90 Euros)


Les éditions Bayard BD redéfinissent la toilette de leurs collections pour enfants et reconditionnent les aventures des héros de leurs magazines DLire et J’aime Lire dans de petits ouvrages brochés et carrés : 120 pages toutes en couleurs, destinées à séduire les amateurs du format manga. Les deux premiers à avoir droit à cette nouvelle présentation sont «Ariol», le petit âne curieux et turbulent conçu par Emmanuel Guibert au scénario (oui, oui, il s’agit bien de l’auteur du «Photographe») et par Marc Boutavant au dessin, ainsi que «Zélie et compagnie». Cette dernière est une petite fille bavarde et curieuse qui commet les 400 coups, avec sa bande de copains, dans les pages de DLire, depuis 2001. C’est le prolifique et talentueux scénariste Corbeyran qui a imaginé ces sympathiques garnements, s’éloignant ainsi des procédés de ces habituels récits réalistes de longue haleine afin de s’investir, avec autant d’inspiration et de minutie, dans cette suite de tranches de vie amusantes de 10 pages chacune : il s’y est peut-être même attaché un peu plus, car les idées incroyables qui viennent à l’esprit de cette gamine turbulente lui sont souvent inspirées par celles de ses deux filles : Lou et Violette. Enfin, l’humour bon enfant de cette série séduisante (même pour les plus grands !) est fort bien mis en valeur par le dessin simple et efficace de David De Thuin, dont nous vous conseillons particulièrement la formidable et trop méconnue série «Le roi des bourdons», qu’il édite lui-même (diffusion Makassar).


 


Miss Pas Touche T.2 : Du sang sur les mains ” par Kerascoët et Hubert


Editions Dargaud (9,80 Euros)


Infiltrée dans une maison close luxueuse pour y découvrir les meurtriers de sa sœur, la jeune Blanche, provinciale et vierge de son état, soupçonne le patron du bordel d’être le boucher des guinguettes des bords de Marne. Toujours aussi naïve et innocente, c’est sous le sobriquet explicite de «Miss Pas Touche» qu’elle se fait engager  et qu’elle se prête aux fantaisies des clients excités par sa particularité. C’est alors qu’elle est menacée par le bras droit de son employeur, et qu’elle réussit à s’en sortir : en le trucidant ! Bien qu’ils aient un graphisme s’apparentant à l’école graphique de la nouvelle génération, donc un trait enlevé et léger, la reconstitution du Paris des années 1930 réalisée par Marie Pommeguy et Sébastien Cosset (lesquels se dissimulent sous le pseudonyme de Kerascoët) est impeccable. Leur travail méticuleux et, finalement, très réaliste, va d’ailleurs de paire avec la fantaisie et le sadisme du scénario décalé concocté par Hubert (également excellent coloriste à ses heures) ; car ce dernier y mélange, allégrement, les poncifs du polar, de la chronique sociale et du feuilleton populaire : une réussite !


 


Goscinny et moi : témoignages ” par José-Louis Bocquet


Editions Flammarion (22 Euros)


N’ayons pas peur des mots : il s’agit certainement du meilleur livre écrit sur ce génial scénariste et rédacteur en chef que fut René Goscinny (en tout cas, personnellement, c’est «Le» livre que j’aurais aimé écrire sur cette immense figure du 9ème art). Car non seulement cet épais ouvrage de 400 pages nous raconte toute la vie de l’un des papas d’«Astérix», de «Lucky Luke» et d’«Iznogoud», mais il nous détaille une partie mémorable de l’histoire de la bande dessinée franco-belge. En effet, l’œuvre est composée d’interviews de grands de la BD ou de proches ayant bien connu Goscinny, précédés, à chaque fois, d’un texte très bien écrit, nous replaçant dans le contexte de l’époque, et ceci de façon chronologique. L’émotion y est toujours présente, et cela commence d’ailleurs très fort avec les souvenirs de Claude Goscinny, le frère de René qui était passé de revenus à 60 000 francs par mois à une retraite de 5000 francs…, mais qui était très fier qu’au célèbre restaurant La Tour d’argent, un plat porte le nom de son cadet. D’autres émouvants témoignages suivent dont ceux de personnalités, également disparus depuis : Morris, Delporte, Franquin, Greg, Vidal, Françoise Verny, Gébé, Forest… Il n’y manque que Charlier, que José-Louis Bocquet n’a pas dû avoir eu la chance de rencontrer, mais son ombre y plane quand même, pratiquement, à chaque page ! Et puis, il y a les amis de toujours qui, eux, sont encore là : Uderzo, bien sûr, mais aussi Graton, Attanasio, Sempé, Tibet, Tabary, Tchernia, Marie-Ange Guillaume… Sans oublier tous les autres acteurs majeurs de la BD moderne que le rédacteur en chef de Pilote a découverts, pour la plupart : les Giraud, Cabu, Claire Bretécher, Gotlib, Fred, Mézières, Christin, Mandryka, Druillet, Tardi, Annie Goetzinger, Enki Bilal… Et l’histoire se termine, avec optimisme, sur l’autre importante membre de la famille Goscinny, sur l’héritière : Anne Goscinny. Enfin, ce livre, qui fera certainement référence, est enluminé par quelques superbes portraits réalisés, d’après les documents d’époque, par Charles Berberian, Blutch, Catel et Philippe Dupuy : ce sont les cerises sur le gâteau !!!


 


Triple galop T.1 ” par Benoît Du Peloux et Michel Rodrigue


Editions Bamboo (9,45 Euros)


Sauf exception, je dois bien avouer que la plupart des recueils de gags sur une profession, un loisir ou un sport me laissent plutôt de marbre. Or, je dois bien l’avouer, cette fois-ci, j’ai ri à gorge déployée à la lecture de cet album que je n’ai pas lâché avant la dernière page ; alors que, d’habitude, je n’apprécie vraiment, ce genre trop mal considéré par la plupart de mes confrères, que lorsque les pages sont égrainées, une à une, dans des revues spécialisées ou généralistes. D’ailleurs, les éditions Bamboo, dont le catalogue s’est largement construit sur ce style de BD, ont très bien su placer leurs différentes séries dans les magazines ; et j’imagine assez bien que les amateurs d’équitation doivent se réjouir de lire les avatars des différents protagonistes de cette nouvelle et sympathique série : Monique, la monitrice râleuse du club hippique, Roméo, son frimeur et dragueur de fils, Maud et Céline, jolies et gentilles amoureuses des équidés, et Bébert, l’emblématique palefrenier. Sans oublier les chevaux eux-mêmes, lesquels sont très bien croqués par Benoît du Peloux, graphiste talentueux qui n’avait pas encore misé sur le bon cheval. Espérons que ce «Triple galop» (qui bénéficie aussi du savoir faire narratif et de l’humour bien ciblé de Michel Rodrigue) ne soit pas qu’un simple galop d’essai…


 


 


Gilles RATIER


 


 

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