Deux ans après la publication remarquée en 2022 du premier opus de « 1629 : l’effrayante histoire des naufragés du Jakarta » (1), voici la seconde partie : laquelle devrait combler ceux qui se sont passionnés pour ce formidable thriller maritime. Un huis clos éprouvant — inspiré aux auteurs par une histoire vraie déjà adaptée en BD par Jean-Denis Pendanx et Christophe Dabitch (2) — qui renoue avec les grandes séries d’aventures exotiques…
Lire la suite...Le Rapport Ratier portant sur une année de bandes dessinées sur le territoire francophone vient de sortir : 2013, l’année de la décélération
Dans un contexte économique et social complexe et morose, les différents acteurs du 9e art ralentissent un tant soit peu leur offre éditoriale : pour la première fois, depuis au moins 17 ans, la production d’albums de bande dessinée, qui reste pourtant encore très abondante et diversifiée, a diminué. Arrivé à maturité depuis plusieurs années, le secteur livre du 9e art se concentre et trouve, quand même, un équilibre entre dynamisme et vigilance ou innovation et prudence : d’autant plus facilement qu’il s’appuie sur plusieurs locomotives traditionnelles qui sont de retour, Astérix en tête.
I. Production – Tout en conservant une constante multiplicité des genres et des publics, l’offre de bande dessinée marque le pas : 5 159 livres de bande dessinée ont été publiés en 2013 (dont seulement 3 882 strictes nouveautés) – soit une diminution de 7,3 %.
II. Édition – La production et l’activité du secteur sont toujours dominées par 4 groupes de plus en plus puissants qui totalisent 43,7 % de la production — contre 44,9 % en 2012 —, alors que 332 éditeurs ont publié des bandes dessinées en 2013 (contre 326 l’an passé).
III. Évaluation – Boosté par le nouvel Astérix, l’économie de la bande dessinée, dans son ensemble, fait partie des secteurs du livre qui résistent le mieux à la crise ; même si le tirage de ses 117 titres bénéficiant de fortes mises en place est encore en baisse.
IV. Traduction – L’Asie et les États-Unis – avec, respectivement, 1 555 et 461 nouveaux titres – sont toujours les principaux pourvoyeurs du marché de la BD francophone : l’un des plus ouverts aux productions étrangères avec 2 257 nouvelles bandes dessinées traduites.
V. Réédition – Relativement porteur et qualitatif, le secteur patrimonial accueille encore 880 nouvelles éditions ou intégrales : 189 de moins que l’an passé, alors que 189 titres datant de plus de 20 ans sont proposés en album pour la première fois.
VI. Prépublication – Comme le reste du secteur presse en kiosque, celui de la bande dessinée subit de plein fouet la concurrence des nouvelles technologies, malgré la diffusion, en 2013, de 76 revues spécialisées et de 14 séries de fascicules.
VII. Mutation – Le passage à la bande dessinée numérique reste toujours marginal, malgré de nombreuses initiatives d’auteurs, de diffuseurs ou d’éditeurs.
VIII. Création – Selon des critères mis en place depuis 11 ans, 1492 auteurs réussiraient à vivre de la création de bandes dessinées sur le territoire francophone européen ; par ailleurs, 1678 personnes ont publié au moins un album en 2013.
IX. Adaptation – Si les œuvres réalisées à l’origine pour d’autres médias alimentent régulièrement les nouveautés du 9e art, à l’inverse, 10 bandes dessinées francophones ont donné lieu à des longs métrages diffusés au cinéma.
X. Information – L’existence de 13 revues papier et 32 sites spécialisés, en 2013, prouve l’intérêt insatiable du lectorat envers l’information, l’histoire et la critique de bande dessinée.
XI. Manifestation – Il y a de plus en plus d’événements organisés autour de la BD sur le territoire francophone européen : 514 en 2013 (contre 489 l’an passé).
Bilan téléchargeable avec annexes
NB : la moindre utilisation de ces données ou d’une partie d’entre elles doit être obligatoirement suivie de la mention : © Gilles Ratier, secrétaire général de l’ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée)
Tout en conservant une constante multiplicité des genres et des publics, l’offre de bande dessinée marque le pas : 5 159 livres de bande dessinée ont été publiés en 2013 (dont seulement 3 882 strictes nouveautés) – soit une diminution de 7,3 %.
Pour la première fois, depuis au moins 17 ans, la production d’albums de bande dessinée décroît : 5 159 livres appartenant au monde du 9e art ont été diffusés dans les librairies francophones ou via Internet en 2013 (5 565 en 2012). Soit 406 titres de moins (-7,3 %) qu’en 2012, année qui avait enregistré, par rapport à la période précédente, une augmentation de 4,3 % avec 238 ouvrages en plus.
D’après les données provisoires de Livres Hebdo/Electre, la production de bande dessinée ne représenterait, en 2013, que 6,7 % de la production éditoriale globale sur le marché français (contre 7,6 % en 2012). Cette production, tous secteurs confondus, se situe en effet en hausse de 5,1 %, avec plus de 67 000 nouveautés et nouvelles éditions en 2013. D’autres domaines sont bien plus productifs, à l’instar des livres pour la jeunesse, les sciences sociales ou les romans (respectivement 15,2 %, 13,5 % et 13,3 % de la production de 2012).
Tous ces albums de bandes dessinées ne bénéficient évidemment pas des mêmes tirages et de la même mise en place. 330 d’entre eux (contre 281 en 2012) n’encombrent guère les rayonnages des librairies puisqu’ils sont principalement diffusés localement ou via Internet où les achats ne cessent d’augmenter : une façon comme une autre de toucher un public toujours aussi atomisé. Cependant, certains espaces de vente (comme les librairies spécialisées) continuent de connaître des problèmes de surface, de disponibilité et de trésorerie. Surtout entre septembre et décembre, période où les éditeurs font le plus gros de leur chiffre d’affaires avec la parution de 119 des 242 principaux blockbusters produits en 2013 (il y en avait pourtant eu 139 sur 234 l’année passée), et où 36,2 % de la production annuelle – soit 1 868 albums – a été mise en place (contre 2 084 et 37,4 % en 2012).
Par ailleurs, parmi les 5 159 ouvrages de 2013, il faut aussi distinguer les catégories suivantes :
— les strictes nouveautés, qui sont au nombre de 3 892 (75,4 % du total des livres de bande dessinée), pour 4 109 et 73,8 % en 2012, soit finalement 217 créations en moins.
— les rééditions (et éditions revues ou augmentées), avec 880 titres sous une nouvelle présentation, c’est-à-dire 17,1 % des bandes dessinées de l’année, contre 1 069 et 19,2 % en 2012, soit 189 titres de moins.
— les art books, avec 298 recueils d’illustrations réalisées par des auteurs de bandes dessinées (5,8 % des parutions de 2013), soit un léger recul de 13 titres par rapport aux 311 et au 5,6 % de 2012.
— les essais, avec 89 ouvrages sur le 9e art (1,7 % des parutions), ce qui fait qu’avec 13 opus de plus que l’an passé — où il y en avait 76, soit 1,4 % —, c’est le seul secteur en progression de 2013.
189 des 3 882 strictes nouveautés sont des reprises datant de plus de 20 ans qui n’avaient jamais été compilées sous forme de livres auparavant (soit 4,9 % des nouveautés, contre 197 et 4,79 % en 2012) et 2 257 d’entre elles sont des traductions d’œuvres achetées à l’étranger (soit 58 % des nouveautés). Si l’on déduit ces titres souvent moins coûteux ou amortis avec le temps, on s’aperçoit qu’il n’y a eu que 1 436 véritables créations de bandes dessinées en Europe francophone pendant l’année 2013, soit 27,8 % de la production globale d’albums : 242 de moins qu’en 2012 où il y en avait eu 1 678 (30,1 %).
Les 3 892 nouveaux albums s’adressent toujours, principalement, à 4 lectorats distincts :
— celui des BD traditionnelles dites franco-belges qui, même si sa production régresse de 203 titres, reste de loin le secteur le plus prisé par les lecteurs de bandes dessinées : en ce domaine, 1 528 titres sont parus en 2013 (39,3 % des nouveautés), contre 1 731 et 42,1 % en 2012.
— celui des séries « asiatiques » dont la production diminue aussi quelque peu : 1 575 nouveaux mangas, manhwas, manhuas et assimilés étant parus en 2013 (40,7 % des nouveautés), contre 1 621 et 39,4 %, en 2012, soit 36 titres en moins.
— celui des comics américains (ou réalisés par des Européens) qui est le seul à augmenter en 2013 ; avec 407 recueils d’aventures de superhéros et consort – soit 10,5 % des nouveautés et 41 titres supplémentaires —, contre 366 et 8,9 %, en 2012.
— et celui des romans graphiques et livres expérimentaux, également en régression, avec seulement 372 albums atypiques parus en 2013, soit 9,6 % des nouveautés et 19 titres en moins qu’en 2012 où l’on en totalisait 391 (9,6 %, des nouveautés).
Au niveau des principaux genres des bandes dessinées traditionnelles, on remarque aussi une importante diminution des :
— recueils humoristiques avec 411 albums (soit 26,9 % de ce secteur), contre 489 et 28,25 % l’an passé.
— séries historiques avec 398 titres (soit 26,1 %), contre 413 et 23,86 % en 2012.
— albums fantastiques ou de science-fiction avec 240 albums (15,7 %), contre 265 et 15,3 % en 2012.
— ouvrages pour les enfants avec 221 albums (14,5 %), contre 268 et 15,5 % en 2012.
— thrillers et autres polars avec 213 albums (13,9 %), contre 267 et 15,4 % en 2012,
alors que seules les bandes dessinées érotiques augmentent : 45 albums (2,9 %), contre 29 et 1,7 %.
Évidemment, le continuel métissage des styles et des origines complique de plus en plus la répartition des albums dans telle ou telle catégorie, les catalogues des éditeurs étant, par ailleurs, toujours aussi riches et segmentés. Même s’il faut aussi constater que 1 186 nouveaux albums hors mangas et comics s’inscrivent dans des séries [contre 1 359 en 2012], soit 62,1 % de ces nouvelles créations ou traductions [64 % en 2012].
La production et l’activité du secteur sont toujours dominées par 4 groupes de plus en plus puissants qui totalisent 43,7 % de la production — contre 44,9 % en 2012 —, alors que 332 éditeurs ont publié des bandes dessinées en 2013 (contre 326 l’an passé).
Si le nombre d’albums proposés en 2013 diminue quelque peu, les librairies doivent toujours faire face à une abondance d’albums de toutes sortes qui est le fait de 332 éditeurs (soit 6 de plus qu’en 2012 où ils étaient 326) ; et plus particulièrement des 13 plus importants sur le plan économique, lesquels ont publié, en 2013, 3 553 ouvrages – soit 68,9 % du secteur (contre 3 231 et 58,1 % en 2012) —, dont 2781 strictes nouveautés (2 931 en 2011). Les 319 autres structures ne proposent donc, à elles toutes, que 1 606 ouvrages – soit 31,1 % du secteur (contre 1 566 titres et 28,1 % en 2012) – dont 1 111 véritables nouvelles parutions (1 094 l’an passé).
Ce sont encore les 4 mêmes groupes, responsables de 43,7 % de la production, qui dominent le secteur :
— Le groupe Média-Participations est toujours, économiquement parlant, le plus important (voir, en annexes, les données 2012 d’Ipsos et Livres Hebdo), mais il se contente d’être en 2e position sur le plan de la production : 739 titres ont été publiés par ses filiales Dargaud, Dargaud Benelux, Kana, Le Lombard, Dupuis – qui a récemment intégré Graton et Marsu —, Blake et Mortimer, Lucky Comics, Fleurus/Mame, Caméléon, Huginn & Muninn et Urban Comics – soit 14,1 % de la production (contre 783 et 14,1 % l’année passée).
— Le groupe Glénat se développe et devient le 2e éditeur du secteur sur le plan économique, mais reste 3e sur le plan de la production, avec 407 titres – soit 7,9 % (contre 478 et 8,6 % en 2012) – publiés sous son propre label ou ceux de ses filiales Comics, Disney, Mangas, Treize étrange et Vents d’Ouest, en attendant d’intégrer les catalogues de Mad Fabrik et de feu 12 bis rachetés pendant l’année 2013.
— celui de Guy Delcourt est toujours le plus gros producteur d’albums de bande dessinée, avec 824 titres – soit 16 % de la production annuelle — (906 et 16,3 % en 2012) et, en termes de ventes en exemplaires, le 3e plus important groupe éditorial. Comme ses confrères, la maison mère (avec ses labels mangas, via Akata – intermédiaire dont il vient de se séparer — et Tonkam) a moins publié que l’an passé (482 opus – soit 9,3 % — contre 539 – soit 9,7 %) ; il est en de même pour Soleil (avec Soleil Manga et Quadrants), que Delcourt détient désormais à 100 % : 342 albums, soit 6,6 % (contre 367 et 6,6 % en 2012).
— le groupe Madrigall (Gallimard-Flammarion) reste le 4e éditeur sur le plan économique et de la production, avec 282 titres produits en 2013 – soit 5,5 %, contre 330 et 5,9 % l’année passée — par le pôle Gallimard (collections Bayou, Fétiche, Folio BD… et ses filiales Denoël graphic ou Futuropolis) et les labels BD de Flammarion (Casterman, KSTR et AUDIE/Fluide glacial) ; seul Jungle ! a rejoint, en cours d’année, le groupe Steinkis — comprenant également Atlantic BD et Splash ! — lequel détenait déjà 50 % de son capital.
Derrière ces 4 leaders, 9 groupes au poids économique non négligeable confortent leurs positions : Panini avec 318 comics et mangas – soit 6,2 % (265 et 4,8 % en 2012), les filiales BD d’Hachette livre, soit Albert-René (l’éditeur d’Astérix), Pika, Marabout, Lattès, Chêne et L.G.F., avec 213 titres et 4,1 % de la production (212 et 3,8 % en 2012), Kazé Manga avec 165 mangas – soit 3,2 % (198 et 3,6 % en 2012), Bamboo qui fête ses 15 ans d’existence avec 145 titres – soit 2,8 % (contre 155 et 2,8 % en 2012), Ki-oon avec 106 mangas – soit 2,1 % (105 et 1,9 % en 2012), Taïfu avec 101 mangas – soit 2 % (108 et 2 % en 2012), Éditis et ses filiales Kurokawa, First, Fleuve noir, Hors collection et Pocket, avec 98 titres – soit 1,9 % (92 et 1,7 % en 2012), Clair de lune — qui se dissimule aussi sous l’appellation Petit Pierre & Ieiazel — avec 89 titres, soit 1,7 % (103 et 1,8 % en 2011) et Ankama avec 66 divers albums – soit 1,3 % (85 et 1,5 % en 2012).
Cette concentration de l’édition laisse peu de place aux autres entreprises, certaines reconnaissant être en difficulté, à l’instar d’Emmanuel Proust ou d’Atrabile. Qu’elles soient :
- structures au catalogue classique (Akileos, l’àpart, Artège, BD Must, Champaka, Cleopas, DCL, Les Deux royaumes, Grrr… art, Hibou, Horizon BD, Hugo BD, Les Humanoïdes associés, Idées +, Joker, JYB, Maghen, Makaka, Mosquito, Paquet, Pat à pan, Physalis, Sandawe, Signe, Tartamudo, Vagabondages, Yil, Zéphyr…),
- éditeurs jeunesse (Bang, Bayard, Calligram, Didier, L’École des loisirs et son nouveau label Rue de Sèvres, Gouttière, La Joie de lire, Mâche Milo, Nathan, Poisson soluble, P’tit Louis, Sarbacane, Tourbillon…),
- opérateurs littéraires (Actes Sud, Les Arènes, Bourin, City, De Borée, Dunod, Les Échappés, Grasset, Harmattan, Les Impressions nouvelles, Lagarde, Naïve, Olivius, Seuil…)
- ou édition alternative ; ces dernières (L’Agrume, Altercomics, L’Apocalypse, L’Association, Beaulet, La Boîte à bulles, Çà et là, Cambourakis, Canard, La Cerise, La 5e Couche, Cornélius, Des Ronds dans l’O, 2024, Diábolo, Dynamite, Ego comme X, L’Employé du Moi, Les Enfants rouges, Flblb, FRMK, The Hoochie Coochie, Indeez Urban, Lapin, Même pas mal, Le Moule-à-gaufres, Page69, La Pastèque, PLG, Poivre & Sel, Potager moderne, Rackham, Les Requins marteaux, Les Rêveurs, Scutella, 6 pieds sous terre, Tabou, Tanibis, Vertige graphic, Warum, etc.) n’ayant produit que 274 nouveautés, soit 7,1 % — contre 294 et 7,2 % en 2012.
Leur visibilité en librairies reste essentielle et dépend d’une mise en place efficace que seuls les 12 principaux diffuseurs ou distributeurs, appartenant pour la plupart aux plus importants éditeurs, permettent d’assurer : Média diffusion/MDS (Média-Participations), la Sodis et le Centre de diffusion de l’édition/CDE (Gallimard), Interforum (Éditis), Volumen (La Martinière), Delsol (Delcourt), Glénat Diffusion (Glénat) ou Ladiff — ces 3 derniers étant distribués par Hachette, leader de cette profession —, ou encore Harmonia Mundi, Les Belles Lettres et Makassar dont les forces de persuasion sont plus limitées.
Boosté par le nouvel Astérix, l’économie de la bande dessinée, dans son ensemble, fait partie des secteurs du livre qui résistent le mieux à la crise ; même si le tirage de ses 117 titres bénéficiant de fortes mises en place est encore en baisse.
Avec une production en recul pour la première fois depuis plusieurs années, l’économie du 9e art verrait aussi, d’après Livres Hebdo/I+C, ses ventes se tasser de près de 2 % sur les 9 premiers mois de 2013 : moins que la plupart des autres secteurs éditoriaux (mais plus que la jeunesse, le poche et le parascolaire) ; ceci alors que l’ensemble du marché du livre régresse de –1 à – 1,5 % en euros courants. Il faudra, bien entendu, attendre le début 2014 pour affiner ce bilan économique général de 2013, d’autant plus que le dernier trimestre est toujours déterminant pour l’activité du secteur, et particulièrement cette année avec le poids du nouvel Astérix.
Comme dans toutes les autres industries culturelles, seuls quelques titres, la plupart du temps séries ou œuvres indépendantes d’auteurs bien installés, réalisent l’essentiel du chiffre sur ce secteur. Cette année, on en comptabilise 117 tirées à plus de 50 000 exemplaires : 28 de plus qu’en 2012, année qui ne bénéficiait pas, non plus, de l’effet Astérix. 86 d’entre eux (contre 78 en 2012) appartiennent au domaine franco-belge et, en se basant sur les communications des principaux éditeurs, voici les 10 tirages les plus importants de 2013 :
— 2 480 000 d’ex. pour le 35e Astérix par Jean-Yves Ferri et Didier Conrad.
— 445 000 ex. pour le 22e Blake et Mortimer par Jean Dufaux, Antoine Aubin et Étienne Schréder.
— 350 000 ex. pour le 18e Le Chat par Philippe Geluck.
— 250 000 ex. pour le 22e XIII par Yves Sente et Iouri Jigounov.
— 220 000 ex. pour le 5ème Blacksad par Juan Diaz Canales et Juanjo Guarnido.
— 200 000 ex. pour le 34e Thorgal par Yves Sente et Grzegorz Rosiński.
— 180 000 ex. pour le 34e Boule et Bill par Laurent Verron, avec Cric, Pierre Veys et Diego Aranega.
— 180 000 ex. pour le 10e Les Blagues de Toto par Thierry Coppée.
— 170 000 ex. pour le 16e Les Légendaires par Patrick Sobral.
— 170 000 ex. pour le 6e Les Nombrils par Maryse Dubuc et Delaf.
Viennent ensuite Les Sisters t.8 par Christophe Cazenove et William (160 000), XIII Mystery t.6 par Laurent-Frédéric Bollée et Steve Cuzor (150 000), Les Légendaires Origines t.2 par Patrick Sobral et Nadou, Les Mondes de Thorgal : La Jeunesse t.1 par Yann et Roman Surzhenko ou Les Tuniques bleues t.57 par Raoul Cauvin et Willy Lambil (140 000), Les Profs t.16 par Erroc, Pica et Mauricet (125 000), Cédric t.27 par Raoul Cauvin et Laudec, Jack Palmer t.15 par René Pétillon ou Les Schtroumpfs t.31 par Alain Jost, Thierry Culliford et Pascal Garray (120 000), Game Over t.10 par Midam & co (115 000), Antarès t.5 par Léo, Lanfeust Odyssey t.5 par Christophe Arleston et Didier Tarquin, Spirou et Fantasio t.53 par Fabien Vehlmann et Yoann, Trolls de Troy t.18 de Christophe Arleston et Jean-Louis Mourier ou Une histoire d’hommes par Zep (110 000), Les Mondes de Thorgal : Louve t.3 par Yves Sente et Roman Surzhenko, Murena t.9 par Jean Dufaux et Philippe Delaby, La Quête de l’oiseau du temps : avant la quête t.4 par Serge Le Tendre, Régis Loisel et Vincent Mallié, Seuls t.8 par Fabien Vehlmann et Bruno Gazzotti ou La Tectonique des plaques par Margaux Motin (100 000), Les Mondes de Thorgal : Kriss de Valnor t.4 par Yann et Giulio De Vita (95 000), L’Élève Ducobu t.29 par Zidrou et Godi ou Litteul Kévin t.10 par Coyote (90 000)…
Du côté comics, Walking Dead (avec 2 tomes tirés à 120 000 et 100 000 ex.) est le tirage le plus important de l’année : les zombies de Charlie Adlard et Robert Kirkman profitant, évidemment, du succès de la série télévisée qui en dérive. Juste derrière, on retrouve l’adaptation des Simpson, le feuilleton animé télévisé de Matt Groening (avec les 3 opus de la série mère, les 2 de Bart Simpson, celui de Lisa Simpson et les 2 hors série parus dans l’année qui ont été tirés entre 50 000 et 85 000 ex. chacun) et les strips du gros chat Garfield par Jim Davis (2 recueils tirés à 55 500 exemplaires, auxquels il faut rajouter les versions comics et animés). En revanche, il n’y a pas d’outsiders chez les superhéros où seuls Kick-Ass chez Panini et certains titres de Batman chez Urban Comics réussissent à obtenir un tirage avoisinant les 20 000 ex.
En ce qui concerne les mangas, le podium est toujours squatté par l’habituel trio de tête composé par Naruto (4 nouveaux tomes tirés à 200 000 ex. par Kana), One Piece (4 tomes entre 150 000 et 170 000 ex. par Glénat, auxquels il faut rajouter un guidebook à 50 000 ex.) et Fairy Tail (7 entre 90 000 et 115 000 ex. par Pika). Loin derrière, 7 autres séries se détachent quand même : Black Butler (3 tomes tirés à 55 000 ex. par Kana), Bleach (5 entre 46 400 et 55 000 ex. par Glénat), King’s Game (3 entre 33 400 et 45 000 ex. par Ki-oon), L’Attaque des titans (4 entre 33 000 et 44 000 ex. par Pika), Judge (1 à 44 000 ex. par Ki-oon), Prophecy (2 entre 30 000 et 37 000 ex. par Ki-oon) et Soul Eater (32 000 à 36 000 ex. par Kurokawa). À eux seuls, ses 10 blockbusters (publiées chez 5 éditeurs) assurent, dans leur globalité, plus de 50 % des ventes de mangas.
Cependant, même si les éditeurs ajustent au mieux leurs coûts en imprimant ce qu’ils espèrent être les ventes d’une première année de mise en place (tout en tenant compte des ventes effectives des précédents volumes), il faut bien constater, qu’à quelques rares exceptions près, les chiffres de tirage des locomotives du secteur sont encore tous en baisse. Il en est évidemment de même pour le tirage moyen, alors que l’écart diminue entre les best-sellers (tirés à au moins 20 000 ex.) et les autres tirages. Une fois de plus, il semble donc que c’est l’augmentation des titres tirés entre 20 000 et 50 000 ex. — nous en avons comptabilisé 288 en 2013 contre 284 l’année passée — qui assure la bonne tenue du secteur.
L’Asie et les États-Unis – avec, respectivement, 1 555 et 461 nouveaux titres – sont toujours les principaux pourvoyeurs du marché de la BD francophone : l’un des plus ouverts aux productions étrangères avec 2 257 nouvelles bandes dessinées traduites.
En général, pour les éditeurs, les achats de droits sur des œuvres provenant d’autres pays sont plus économiques que les avances de droits d’auteur nécessaires aux créations originales. Ceci explique, en partie, les 23 traductions supplémentaires de 2013 : 2 257 ouvrages de bande dessinée provenant de 25 pays différents (23 en 2012) ayant été traduits – soit 56 % des nouveautés, contre 2 234 et 54,4 % en 2012).
Le continent asiatique a fourni la matière pour 1 555 nouveaux recueils parus en 2013 (1 586 en 2012) — ce qui correspond à 595 séries différentes traduites du japonais, du coréen ou du chinois (546 en 2012) ; soit 39,9 % des nouveautés (38,6 % en 2012), publiées chez 41 éditeurs différents (40 en 2012).
Ce secteur soutenu par un lectorat souvent plus jeune et plus féminin, avide de nouveautés au moindre coût se succédant dans des délais rapprochés, plébiscite toujours les bandes dessinées d’origine japonaise. Cette année, 1 456 mangas ont été traduits en français – soit 37,4 % des nouveautés (contre 1465 et 35,6 % en 2012), contre seulement 79 manhwas coréens (106 en 2012), 9 manhuas chinois (13 en 2012) et 1 seul ouvrage venu de Taïwan ; les créations de mangas européens étant au nombre de 31, contre 37 l’an passé.
Ce secteur, pourtant toujours vivace, recule économiquement plus que la moyenne du marché BD (-7,2 % en valeur et -8,3 % en nombre d’exemplaires vendus pour janvier-mai 2013, d’après Ipsos et Livres Hebdo). Par ailleurs, les 15 labels leaders de l’édition francophone de mangas doivent toujours faire face à l’implantation directe de certains éditeurs japonais, vendeurs de licences. Ce contexte dégradé les oblige à repenser leurs stratégies et à développer d’autres axes : l’élargissement vers un lectorat plus juvénile ou moins spécialisé et la création en direct avec les auteurs asiatiques.
En 2013, Glénat Mangas, responsable de 148 nouveaux titres traduits du japonais, reste toujours en pôle position sur ce segment, même si ses principaux concurrents (les éditions Kana et Pika, avec 174 et 196 titres) se maintiennent. Ce secteur est aussi couvert par Delcourt (87 nouveaux titres traduits, auxquels il faut rajouter les 144 de Tonkam et les 141 de Soleil Manga), Kurokawa (85), Ki-oon (106), Kazé Manga/Asuka (165), Panini Manga (123), Taïfu/Ototo (101), Bamboo avec Doki-Doki (43) et Casterman avec Sakka (15).
Certaines structures, à la production plus anecdotique, privilégient des œuvres proches du roman graphique (c’est le cas de Cornélius, Ego comme X, Flblb, Imho, Komikku, Le Lézard noir, Matière, Paquet, Rue de Sèvres, Sarbacane…), tandis que d’autres se spécialisent dans la bande dessinée coréenne (Booken Mangas, Clair de Lune, Kwari et Misma), chinoise (Akiléos, Fei, Kotoji, Spash ! et You-Feng) et taïwanaise (Akata), ou encore dans les mangas créés par des Européens (Ankama, ED Éditions, Physalis et Picquier), le patrimoine (Black Box, Isan Manga et Mame), l’érotisme (Boy’s Love – IDP) ou la jeunesse (Nobi-Nobi).
Les bandes dessinées américaines constituent l’autre segment important des traductions proposées sur le territoire francophone européen avec 461 titres publiés en 2013, soit 11,84 % (contre 448 et 10,9 % en 2012). La plupart d’entre eux (83,51 % soit 385 albums, contre 366 et 81,7 % en 2012) sont des comics mettant en scène superhéros et consorts, le reste étant des séries humoristiques publiées par Bayard, Casterman, Dargaud, Glénat, Hors collection, Jungle ! et Rue de Sèvres ou des romans graphiques qui sont l’apanage des catalogues d’éditeurs comme L’Agrume, L’Apocalypse, Les Arènes, L’Association, Atrabile, Ça et là, Cambourakis, La 5e Couche, Cornélius, Denoël graphic, L’Employé du moi, Futuropolis, Gallimard, Ici même, Presque lune, Rackham, Stara, Steinkis ou Télémaque. On s’aperçoit alors que 3 éditeurs se partagent ce marché très concurrentiel, mais de moins en moins confidentiel : Delcourt et ses départements spécialisés en détient 41,4 % en nombre d’exemplaires vendus de janvier à mai 2013 d’après Ipsos – notamment grâce au succès de Walking Dead et des adaptations en BD de Star Wars —, avec 71 comics chez la maison mère et 5 chez Soleil US, le label Urban Comics du groupe Média-Participations pèse 26,8 % (toujours d’après Ipsos) avec 127 traductions de la marque américaine DC Comics, comme Batman ou Superman, et le groupe Panini France est juste derrière avec 26,2 %, ayant produit 124 titres Marvel (X-Men Spider-Man, The Avengers, Thor…) et 64 sous son label Fusion comics. Tous les autres éditeurs (ACB comics, Akiléos, Atlantic, Délirium, EP, Glénat, Kymera, Milady graphics, Néofélis, Organic comix, Paquet et Summer media) n’en représentent, à eux tous, que 5,6 %.
Notons aussi la montée en puissance d’une nouvelle tendance, chez Ankama, Atalante, Delcourt, Galaxie comics, Soleil et Wanga : la création de 22 comics made in France, comme c’était déjà le cas pour les mangas.
Abstraction faite de ces 2 pôles, le matériel traduit en français issu des autres pays reste comparativement assez négligeable, quantitativement parlant : 86 en provenance d’Italie (contre 85 en 2012), 54 d’Espagne (contre 34 en 2012), 31 de Grande-Bretagne (contre 21), 16 des Pays-Bas (contre 18), 15 d’Allemagne (contre 12), 8 d’Argentine (contre 4) et 5 de Suède ou Finlande (contre 3 et 4), mais aussi d’Afrique du Sud, d’Australie, du Brésil, du Canada anglophone, de Colombie, de Croatie, d’Israël, de Norvège, de Pologne, du Portugal…
En contrepartie, le secteur francophone réalise toujours une bonne activité à l’export, notamment en Asie. Les échanges entre les différents acteurs internationaux du 9e art sont d’ailleurs nombreux et fructueux ; même si l’on note une diminution du nombre d’auteurs étrangers travaillant directement pour les éditeurs établis en France, Belgique et Suisse : 139 en 2013 (soit 35 de moins que l’an passé), dont 66 Italiens (contre 84 en 2012), 27 Espagnols (comme en 2012), 16 résidents des pays de l’Est (24 en 2012), 8 Chinois (9 en 2012)…
Relativement porteur et qualitatif, le secteur patrimonial accueille encore 880 nouvelles éditions ou intégrales : 189 de moins que l’an passé, alors que 189 titres datant de plus de 20 ans sont proposés en album pour la première fois.
Outre le fait de ravir un public nostalgique, les 880 reprises d’albums (1 069 en 2012) – dont 272 intégrales, 119 tirages de luxe et 24 compilations (contre 319, 146 et 21, l’an passé) – permettent d’assurer la présence d’un fonds en librairies. De plus en plus d’éditeurs rééditent sous une nouvelle présentation, compilent et rhabillent en nouveautés ou en intégrales des titres anciens, notamment entre octobre et décembre où 305 (soit 34,7 % des rééditions de l’année) – contre 366 et 34,2 % en 2012 — sont proposées pour coïncider avec la période des cadeaux de Noël. Certains best of atteignent même des tirages non négligeables comme ceux des gags de Gaston Lagaffe, Cédric, Le Petit Spirou (45 000, 25 000 et 22 000 chez Dupuis) ou Les Rugbymen (25 000 chez Bamboo). C’est aussi le cas des intégrales des éditions Dupuis, méritoire démarche patrimoniale agrémentée par un dossier très documenté replaçant ces classiques dans leur contexte et par de nombreux bonus, lesquelles sont tirées entre 6 000 et 18 000 ex. suivant les titres.
Cette revalorisation des catalogues se retrouve aussi chez les éditeurs traducteurs de séries d’origine étrangère puisque l’on dénombre 126 rééditions de mangas (152 en 2012), 115 de comics (104 en 2012), 12 de fumetti d’Italie (20 en 2012), 4 de manhwas de Corée (6 en 2012), 3 d’historietas d’Argentine (5 en 2012)…
Par ailleurs, 189 titres créés dans des revues il y a plus de 20 ans (soit 4,86 % des nouveautés, contre 197 et 4,8 % en 2012) ont été édités en album pour la première fois. Leur tirage et diffusion, souvent réduits, n’est possible que grâce à la passion et la nostalgie des responsables de certaines maisons d’édition plus ou moins bien distribuées (comme Actes Sud/L’An 2, Akiléos, Albert-René, Casterman, Cornélius, Delcourt, Délirium, Diábolo, Dynamite, Flblb, Pascal Galodé/Grand West, Glénat, Isan manga, Jungle !, Panini, Pavesio, Les Rêveurs ou Urban Comics) et, surtout, de structures qui se diffusent souvent par leurs propres moyens pour pouvoir réaliser ce nécessaire travail de transmission : Les Amis de Jacobs, de Le Rallic ou de René Giffey, d’Ananké, Aux forges de Vulcain, BD13-18, BD Must, Black Box, Bleu et Noir, Club des Amis de Trubert, Le Coffre à BD, Connaître Chott, De Varly, Ego comme X, L’Élan, La Flandre libre, Le Gang, Gomb-R, Hibou, Hollywood Comics, Jacques Kamb, K & K’s, Noir Dessin, Néofélis, Pan Pan, Piazzola, Plotch Splaf, Pressibus/ILV édition, Regards, Taillac, Taupinambour, Triomphe, La Vache qui médite…
Sans eux, ces œuvres et ces auteurs seraient tombés dans l’oubli, même si certains d’entre eux sont mis en avant dans les 88 essais sur le 9e art de 2013 (74 en 2012), — dont 44 monographies (certaines sont assez monumentales, à l’instar de celles sur Raoul Cauvin, Jean-Michel Charlier, Grzegorz Rosiński ou François Schuiten : rarement de si imposants ouvrages n’avaient été consacrés à des acteurs du 9e art) et 16 guides pratiques – ou sur les sites qui valorisent cette facette patrimoniale : bdoubliees.com, bdtresor.net, bdzoom.com, citebd.org, coconino-world.com, conchita.over-blog.net, lectraymond.forumactif.com, pimpf.org…
Cette poignée de bonnes volontés et de passionnés n’hésite pas, par ailleurs, à entretenir la mémoire des 21 personnalités du monde de la bande dessinée francophone dont nous avons appris le décès en 2013 :
— Patrice Caillot : conservateur à la BNF et collaborateur au Collectionneur de bandes dessinées.
— Jacques Sadoul : éditeur, romancier, passionné de littérature populaire et auteur d’essais sur la bande dessinée.
— Pierre Defoux : auteur de Xavier raconté par le ménestrel dans Spirou.
— Maurice Rosy : directeur artistique, dessinateur et scénariste à Spirou (Tif et Tondu, Spirou, Boule et Bill…).
— Jacques Bisceglia : collaborateur au Collectionneur de bandes dessinées, spécialiste de jazz et de polars.
— Didier Comès : pilier du mensuel (À suivre) et auteur de monuments du 9e art comme Silence ou La Belette.
— Pierre Pourbaix : professeur à l’école de BD de Saint-Luc.
— Henry Blanc : dessinateur des adaptations de Signé Furax et de San Antonio dans la presse quotidienne.
— Christian Mathelot : dessinateur de Marijac, adaptateur de l’ouvrage Le Grand Cirque.
— Fred : l’immense créateur de Philémon dans Pilote ou de L’Histoire du Corbac aux baskets chez Dargaud.
— François Defaye : directeur artistique du festival d’Angoulême et créateur des éditions Sangam.
— Kline : dessinateur de Davy Crockett et Loup noir dans Vaillant et Pif Gadget.
— Fred Funcken : dessinateur de nombreuses séries historiques à Tintin : Le Chevalier blanc, Harald le Viking…
— François Dumont : animateur de l’association et des éditions Images innées.
— Francis Castan : dessinateur de presse et auteur de quelques bandes dessinées pour Fripounet, Lisette...
— Pierre Frisano : dessinateur de Zorro, Daktari, Gorak, Fantomas, Courtisanes ou San Ku Kai.
— Claude Jambers : illustrateur de bandes quotidiennes pour France-Soir.
— José Ramón Larraz : auteur et réalisateur espagnol ayant beaucoup produit pour la France (Marijac, Spirou…)
— Jacques Dutrey : collaborateur à Hop ! et à bdzoom.com, grand spécialiste de Jijé et de la revue Mad.
— Jacques Arbeau : dessinateur de Brik, L’Espiègle Lili et Les Pieds nickelés.
— Pierre Wininger : auteur de Victor Billetdoux dans Circus ou de Nicéphore Vaucanson dans Okapi.
En 2013, le secteur s’est aussi souvenu que Spirou avait 75 ans, un événement célébré avec nombre d’ouvrages et de festivités. Mais il a quelque peu oublié que, parmi les séries qui existent toujours, Le Petit Spirou, lui, fêtait ses 30 ans (tout comme Pierre Tombal, Marion Duval, Le Chat de Geluck et Les Sales Blagues de Vuillemin), Kid Paddle, Tramp et Le Cycle de Cyann leurs 20 ans, tandis qu’Achille Talon et Blueberry atteignaient même leur demi-siècle. Heureusement, les héros semblent éternels puisque, au-delà des disparitions ou de l’abandon par leurs créateurs, 25 bandes dessinées populaires ont été poursuivies en 2013 : sous leur forme originale ou sous celle de spin off destinés, éventuellement, à un autre lectorat.
Comme le reste du secteur presse en kiosque, celui de la bande dessinée subit de plein fouet la concurrence des nouvelles technologies, malgré la diffusion, en 2013, de 76 revues spécialisées et de 14 séries de fascicules.
Depuis quelques années, certains éditeurs de magazines, tels Altaya, Atlas, Cobra, Eaglemoss, Hachette et Planeta DeAgostini, ou des magazines comme Télé 7 jours, Le Figaro et Le Soir, proposent, en kiosques, des séries de fascicules ou même des éditions particulières d’albums de bande dessinée accompagnés d’un rédactionnel didactique souvent alléchant ; certains, édités par Atlas, sont vendus uniquement par correspondance. C’est une nouvelle fois le cas en 2013 avec 14 séries : Astérix, Blake et Mortimer, Blueberry, Bob Morane, Lucky Luke, Marsupilami, Les Pieds nickelés, Rahan, Spirou et Fantasio, Thorgal, Tintin…
Toutefois, il existe encore 76 périodiques publiant majoritairement de la bande dessinée diffusés dans ce réseau en perte de vitesse (ils étaient 77 en 2012), dont 17 (16 en 2012) proposant surtout des créations européennes : Le Journal de Mickey (tirage OJD : 129 616 ex.) et les autres revues éditées par Disney Hachette Presse (Super Picsou géant, 125 745 ; Mickey parade géant, 89 155 ; Picsou magazine, 107 513 ; Disney girl, 90 000 ; Winnie, 77 124 ; Disney junior, 40 000 ; Disney princesse, 35 828 ; et La Fée Clochette, 35 000), Fluide glacial redynamisé par une nouvelle équipe éditoriale (avec 120 000 ex. au n°), Spirou (90 000), L’Écho des savanes (70 000), L’Immanquable (16 000), Psikopat (25 000), Lanfeust mag (30 000), le pocket Captain Swing !. Si, en général, les tirages baissent légèrement, le contexte difficile de la presse papier sur le plan économique est tel que quelques titres ont fini par disparaître : c’est le cas de Tchô ! (même si le journal de Titeuf existe toujours sous la forme de 2 compilations annuelles diffusées en librairies entre 20 000 et 22 000 ex.) ou encore de Bisou, Lol ! et M-BD qui n’ont résisté que le temps de 2 à 4 numéros chacun.
Certains titres publient, principalement, des bandes issues de licences, tel le nouveau Garfield le mag chez Bayard Presse (50 000 ex.) : 88,1 % d’entre eux — contre 88,5 % en 2012 — appartiennent au groupe Panini France, filiale du célèbre groupe italien qui publie aussi d’autres magazines ne contenant que quelques pages de bandes dessinées : la plupart adaptant des dessins animés ! Cependant, parmi eux, il y en a 17 (comme en 2012), tirés entre 30 000 et 60 000 ex. au n°, qui en sont majoritairement composés : Bug Bunny BD, Cheval Girl, Scooby-Doo !, Tom & Jerry ou Winx Club et leurs suppléments, mais également de Barbie magazine, Beyblade, Inazuma Eleven, Littlest Petshop, Lucie, Monster High, Pokémon, Power Rangers, Teenage Mutant Ninja Turtles et Transformers.
Panini édite aussi 35 des 41 fascicules proposant des comics de super-héros (il y en avait 44 en 2012) : ils sont issus du renouveau de l’univers Marvel (Age of Ultron, Avengers, Deadpool, Iron Man, Spider-Man, Thor, Wolverine, X-Men…) et tirés entre 20 000 et 30 000 ex. Les 6 autres magazines de comics en kiosques sont publiés par Urban Comics (Batman, DC saga et Green Lantern Saga, titres en provenance du label concurrent américain DC Comics et tirés entre 15 000 et 19 000 ex.) et par Delcourt (Walking Dead le magazine officiel avec 18 000 ex., Star Wars comics magazine avec 15 000 ex. et Star Wars The Clone Wars avec 12 000 ex.).
Du côté des mangas, des périodiques aux tirages souvent supérieurs parlent surtout des dessins animés, de la culture et des jeux provenant du Japon ; à l’instar d’AnimeLand (ou de son X-tra Kids, magazine destiné aux 6-8 ans, mais qui semble en sommeil), Coyote Mag, Japan Life Style, Japan, Manga Kids, Maniak !…
La BD est aussi toujours présente dans les magazines généralistes ou spécialisés dans d’autres domaines : en 2013, 245 titres y ont été proposés souvent en avant-première (soit 6,3 % des nouveautés, contre 456 et 11,1 % en 2012), particulièrement grâce aux sociétés Mediatoon de Média-Participations, acteurs majeurs en ce domaine. Signalons aussi 12 hors-séries de notables revues (Arts magazine, Beaux Arts magazine, Les Cahiers pédagogiques, Géo, Historia, Lire, Philosophie magazine, Le Point, Télé 7 jours…) consacrées entièrement aux héros ou aux auteurs du 9e art : Astérix, Corto Maltese, Lucky Luke, Spirou, Tintin ou Enki Bilal.
Cependant, le phénomène de l’année pour ce secteur prêt à tout expérimenter semble être la recrudescence des revues publiant des bandes dessinées diffusées en librairies : outre Bamboo Mag distribué gratuitement à 35 000 ex. (l’une de ces revues promotionnelles où les éditeurs annoncent leurs ouvrages en avant-première), on en recense 22 en 2013, alors qu’elles n’étaient que 17 l’an passé : Alimentation générale, Arbitraire, Clafoutis, Dame Pipi comix, Jade, Mon lapin (refonte du Lapin de L’Association), Neuf 13, Nu, Nyctalope, Patate douce, Projet bermuda, Slip, Turkey Comix, Un fanzine carré et les fascicules nostalgiques de J.F.C. éditions (Centaurus, L’Âge merveilleux…) ou d’Organic Comix (Étranges Aventures et Futura) ; ainsi que les un peu moins confidentiels Aaarg ! du collectif Même pas mal ou Papier des éditions Delcourt (7 000 ex. tirés pour chacun de ces n° 1) et La Revue dessinée (n° 1 tiré à 24 000 ex.) également disponible sous la forme numérique.
Ce trimestriel, magazine d’actualité en bande dessinée, a donc finalement opté pour le papier avec un contenu optionnel de photos, sons et vidéos consultable sur le site internet ou téléchargeable en application pour les tablettes et autres écrans nomades. Il faut aussi souligner l’éclosion de plusieurs autres initiatives collectives sous forme de magazines de BD numériques. Mis en ligne avec le soutien d’Arte, Professeur Cyclope (9 n°) propose des fictions sur le web en cherchant à inventer la bande dessinée de demain. Les auteurs tentent d’innover sur la forme en intégrant les outils informatiques comme le scrolling, le turbomédia ou les gifs animés. Si Mauvais esprit, hebdomadaire numérique de BD humoristiques, est passé au gratuit après 52 n° payants. BD NAG, magazine jeunesse de bandes dessinées numériques amusantes et gratuites est, quant à lui, en stand-by.
Le passage à la bande dessinée numérique reste toujours marginal, malgré de nombreuses initiatives d’auteurs, de diffuseurs ou d’éditeurs.
Le terme BD numérique reste à définir. Le plus souvent, il correspond à l’édition et la diffusion d’une bande dessinée sous forme numérisée ou dématérialisée destinée à être lue sur un écran. Il peut s’agir de créations originales dans un format électronique ou de simples adaptations numérique au support de lecture sur téléphones intelligents, tablettes, liseuses, écrans d’ordinateurs ou de télévision. C’est aussi une création spécifique et enrichie pour le support informatique, avec un contenu multimédia et des procédés de réalité augmentée poursuivant l’œuvre sur Internet, ce que ne permet pas un simple livre numérique.
L’offre légale et payante de BD sous forme numérisée s’organise, diffusée principalement par Izneo, Numilog et ComiXology. Le premier se diversifie avec son application mobile BDComics (300 000 téléchargements), sa nouvelle application manga By Izneo et son offre à destination des bibliothèques. Grâce à leur rapprochement en cours d’année, Izneo et Numilog disposent désormais de respectivement 6 000 et 2 600 titres, à l’unité ou sur abonnement, sous une forme homothétique à la version papier, issus des catalogues d’une trentaine d’éditeurs. Si aucun chiffre d’affaires, encore trop infime, n’est publié, Izneo se proclame leader européen et annonce 1,2 million de visiteurs, 6,5 millions d’albums découverts et 55 millions de planches vues. L’Américain ComiXology a rallié à son catalogue de comics 14 éditeurs traditionnels (dont les groupes Delcourt et Glénat). Il ne propose qu’un peu moins de 500 titres en français sous une forme retravaillée pour l’écran : affichage plein écran de chaque case, modèle narratif plus dynamique, zoom caméra…
Finalement, la totalité de l’offre légale payante, réellement disponible, dépasse à peine les 7 500 titres et alimente les plateformes d’achat mondiales avides de contenu comme Amazon, Google Play, l’Apple Store et même ebay, la grande distribution, des applications spécialisées comme BD Buzz (200 000 téléchargements) et quelques librairies généralistes ou en ligne. Par ailleurs, Ave!Comics fournit des versions payantes enrichies de sons, de vidéos et d’options de lecture automatique, tandis que DigiBiDi propose des locations payantes ou des extraits gratuits. Fonctionnant grâce à la publicité, une boutique ou le mécénat, l’offre légale gratuite se poursuit chez Delitoon, sur le modèle des webtoons coréens, avec notamment la série Lastman (près de 250 000 vues), chez EspritBD (plate-forme dédiée aux jeunes créateurs), chez Webcomics (pionnier des sites d’hébergement de BD en ligne) ou encore chez Youboox, initiateur de la lecture en streaming (250 albums).
Ces formules permettront-elles d’endiguer l’offre illégale ? Selon le MoTif (en 2012), elle se situerait dans une fourchette de 30 000 à 40 000 BD accessibles. Même le nouvel Astérix s’est retrouvé sur Internet dans une version piratée, avec un rendu des couleurs jugé meilleur que l’offre légale… Selon une récente étude de l’HADOPI, Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet, le prix jugé trop élevé et l’offre encore famélique alimentent le piratage, alors que l’organisme de contrôle estime que la consommation licite de contenu est en augmentation. Cependant, selon les acteurs interrogés par BDZ.Mag, site qui s’intéresse à la BD piratée, le phénomène reste marginal pour 58 % des auteurs qui déplorent, toutefois à 75 %, y perdre des ventes.
Les auteurs continuent d’explorer les possibilités de création et d’inventer ce qui pourrait être la bande dessinée de demain. Au-delà de leur présence sur des sites et blogs ou des tentatives de création de magazines de bande dessinée numériques, 2 autres voies, observées de près par les éditeurs, semblent privilégiées. D’abord, la conception de bande dessinée pour l’écran avec des petites animations et en lecture simple, à la manière de Romain et Augustin de Thomas Cadène, prépublié sur le site du Nouvel Observateur et sous forme papier chez Delcourt. Ensuite, la poursuite de l’expérience de lecture grâce à Internet, sous forme de réalité augmentée. Romain Renard a ainsi offert sa bande-son et du contenu complémentaire inédit à son album Melville. Son éditeur, Le Lombard, a aussi créé une application de contenu enrichi des albums Thorgal sur téléphones et tablettes d’Apple. Dupuis, lui, lance sa nouvelle série Wormworld saga, adaptation d’un best-seller allemand, en ligne sur un site dédié et interactif permettant la lecture complète en scrolling. Le mode transmédia se profile aussi à la manière de l’album Mediaentity (Delcourt) que les auteurs Simon et Émilie déclinent en plusieurs médias (jeux vidéo, jeux de rôles, docu-fiction…) enrichis par la communauté de lecteurs. Autre projet, Je vous ai compris de Frank Chiche (Casterman) est une BD animée interactive en 3 épisodes et combine un contenu historique enrichi, une interaction sur Facebook, un album papier et un film sur Arte. Cependant, à l’heure actuelle, le modèle économique capable de faire payer le contenu passe encore par le papier, les gains publicitaires restant marginaux.
Le numérique pose des questions non encore résolues. Même si la qualité des supports et les expériences progressent (42 % des lecteurs ont lu de la BD en format numérique et 18 % seraient des lecteurs réguliers d’après l’étude Babélio), ils n’emportent pas encore l’adhésion du grand public qui se heurte aux formats, incompatibilités et qualités de lecture très variables. Les négociations sur les droits d’auteurs numérisés entre le SNE (syndicat des éditeurs) et le CPE (conseil permanent des écrivains) ont abouti à un compromis sur le contrat d’édition à l’ère du numérique : un contrat unique qui doit prévoir, au profit de l’auteur, une rémunération spécifique sur l’ensemble des recettes provenant de la commercialisation et de la diffusion numériques de son œuvre. Se pose aussi l’application du taux de TVA sur le livre papier et numérique, selon qu’il s’agisse d’un bien culturel de base ou d’un service, et selon le pays de l’acheteur ou du vendeur.
Selon des critères mis en place depuis 11 ans, 1492 auteurs réussiraient à vivre de la création de bandes dessinées sur le territoire francophone européen ; par ailleurs, 1678 personnes ont publié au moins un album en 2013.
Même si elle ne nourrit pas vraiment son homme, la création est toujours bien présente sur Internet, notamment avec les blogs BD, où des auteurs de bandes dessinées, professionnels ou amateurs, proposent en ligne leurs créations sous forme de billets publiés ante-chronologiquement. Ils sont plus ou moins graphiquement développés et associent, la plupart du temps, commentaires et dessins. Aucune statistique officielle n’est disponible sur leur nombre en France, d’autant plus que la plupart des auteurs investissent dans un hébergement privé avec des plateformes de blogs internationales telles que Dotclear et WordPress.
Toutefois, on peut connaître ceux qui ont le plus de succès en termes de liens pointant vers eux. En effet, d’après le classement Ebuzzing, les 3 premiers blogs BD en novembre 2013 étaient Papacube (Papa au cube), le blog communautaire 30 jours de BD et Hotmilk le blog de Luchie. Celui de Martin Vidberg n’arrive qu’en 17e position et celui de Pénélope Bagieu, en 21e position. Ce chamboulement dans le classement par rapport à l’année dernière vient du fait que le classement Ebuzzing ne prend pas en compte l’audience du blog. Il se base sur le nombre et la valeur des liens qui pointent vers lui : le poids des liens déclinant en fonction du temps et la valeur de chaque lien dépendant du classement du blog qui le poste. Il prend également en compte les partages des publications sur les médias sociaux, en particulier Facebook et Twitter.
Pour mieux comprendre la blogosphère des blogs BD, il faut compléter ces données en allant sur le site Internet du Festiblog. Ce festival a fêté son 9e anniversaire en 2013 et, depuis sa création en 2005, plus de 300 auteurs y ont dédicacé. Les organisateurs sélectionnent à chaque édition une soixantaine d’auteurs en essayant de constituer une liste la plus représentative possible (même si elle reste subjective) entre auteurs professionnels et amateurs : le blog BD est donc bien devenu un genre à part entière au sein du média bande dessinée, emmené par ses auteurs phares, ses récompenses dans les festivals et ses 94 publications papier (83 l’an passé).
Publications papier qui restent, toujours, le seul support rentable pour les 1492 auteurs européens de BD francophones qui espèrent encore vivre, plus ou moins bien, de leur métier (1 510 l’an passé) ; ce décompte ayant été réalisé en se basant sur des critères qui ne sont, hélas, plus du tout suffisants aujourd’hui : avoir au moins 3 albums disponibles au catalogue d’éditeurs bien diffusés et un contrat en cours ou un emploi régulier dans la presse ou l’illustration. 184 d’entre eux sont des femmes, soit 12,3 % (188 et 12,4 % en 2012), et 274 sont scénaristes sans être également dessinateurs, soit 18,4 % (280 et 18,5 % en 2012). À ces 1492 professionnels de plus en plus mal rétribués — ils doivent souvent accepter d’autres travaux dans divers domaines pour survivre —, il faut ajouter 204 coloristes ayant travaillé sur au moins 2 albums dans l’année (191 en 2012), dont 95 sont des femmes. Malgré ce constat peu réjouissant, 1678 créateurs francophones d’Europe ont pourtant réussi à publier, au moins, un album de bandes dessinées en 2013 (ils étaient 1 951 en 2012).
Si les œuvres réalisées à l’origine pour d’autres médias alimentent régulièrement les nouveautés du 9e art, à l’inverse, 10 bandes dessinées francophones ont donné lieu à des longs métrages diffusés au cinéma.
À l’instar de tous les autres métiers artistiques, ceux qui imposent leurs créations dans les meilleures ventes ou qui voient leurs œuvres adaptées par les autres médias s’en sortent beaucoup mieux : le 9e art restant, encore, un réservoir conséquent de scénarios et d’idées, particulièrement pour le cinéma et la télévision. Cette année, au moins 10 adaptations de bandes dessinées francophones ont pu voir le jour sur les grands écrans (des Profs, Boule et Bill ou Les Schtroumpfs, à La Vie d’Adèle ou à Snowpiercer – d’après Le Bleu est une couleur chaude et Le Transperceneige —, en passant par Quai d’Orsay et Joséphine, ou encore par le dessin animé Aya de Yopougon) et les éditions Dargaud ont effectué un tirage de 50 000 ex. pour l’intégrale de Quai d’Orsay, Glénat de 40 000 ex. pour la nouvelle édition du Bleu est une couleur chaude, Gallimard de 20 000 ex. pour une version en phase avec la sortie d’Aya de Yopougon, Casterman de 20 000 ex. pour l’intégrale du Transperceneige… Le petit écran, quant à lui, en accueille 29 autres : principalement des séries en dessins animés destinés à la jeunesse comme Allez raconte, Ariol, Les Blagues de Toto, Cédric, Les Dalton, Dofus, Grabouillon, Kid Paddle, Lanfeust Quest, Lou !, Marsupilami, Nini Patalo, OVNI, Le Petit Nicolas, Petit Vampire, Prudence Petitpas, Les P’tits Diables, Sam Sam, Samson & Néon, Les Schtroumpfs, Silex and the City, Spirou et Fantasio, Titeuf, Tintin, Tony & Alberto, Trolls de Troy, Valérian et Laureline, Wakfu, Yakari…
L’inverse est également vrai puisqu’on ne compte plus le nombre de vedettes de la télévision mis en cases par des auteurs francophones, tel le dernier venu : Nos chers Voisins, gags inédits réalisés par Fich et Zoïc pour Jungle !. D’autres éditeurs et auteurs tablent toujours, quant à eux, sur les adaptations littéraires puisqu’on en dénombre 200 (soit 5,1 % des nouveautés, contre 136 et 3,3 % en 2012) : de celles des œuvres d’Albert Camus ou de Marcel Proust à celles de Jean Vautrin ou de Jean Teulé qui a commencé sa carrière comme auteur de bandes dessinées. Certains écrivains comme Marc Lévy adaptent eux-mêmes leurs propres œuvres, tandis que d’autres, comme Éric-Emmanuel Schmitt ou François Bégaudeau, se mettent carrément à l’écriture de scénarios inédits, tandis que Joann Sfar s’exerce à l’écriture d’un premier roman ; un va-et-vient continuel qui stimule efficacement le commerce des albums de bandes dessinées ou autres dérivés et vice versa.
L’existence de 13 revues papier et 32 sites spécialisés, en 2013, prouve l’intérêt insatiable du lectorat envers l’information, l’histoire et la critique de bande dessinée.
Si la production BD a baissé en 2013, ce n’est pas à cause des ouvrages dissertant sur le 9e art, puisqu’il y en a eu 88 au lieu de 74 en 2012. Les amateurs de bande dessinée restent donc très demandeurs d’informations sur leurs lectures favorites et sur leurs acteurs (dessinateurs, scénaristes ou éditeurs). D’ailleurs, dans le réseau presse, en dehors des magazines dédiés spécifiquement aux mangas qui subissent de plein fouet la concurrence des sites d’Internet, 4 magazines commentent régulièrement l’actualité bédéesque : Comic Box, bimestriel édité par Panini qui traite des comics (tirage de 25 000 ex. au n°), les plus généralistes mensuels [dBD] et CaseMate aux tirages déclarés légèrement en baisse par rapport aux années précédentes (respectivement 13 000 ex. et 28 000 ex. au numéro) et le nouveau venu Kaboom proposé 3 à 4 fois par an à 50 000 ex. pour compléter l’approche culturelle de Chronic’art. Toutefois, en librairie ou par correspondance, on peut aussi se procurer au moins 9 revues d’actualité ou de bédéphilie (8 en 2012) : L’Avis des bulles, Bananas, La Crypte tonique, Gabriel, Hop !, LDC Bédégrammes, Papiers nickelés, Samizdat et Tonnerre de bulles. D’autre part, il ne faut pas oublier les magazines d’associations consacrées à la promotion de l’œuvre d’auteurs comme Reflets (sur Bob Morane), Les Amis d’Hergé, d’Edgar P. Jacobs ou de Marc Wasterlain, ainsi que les revues gratuites, organes d’éditeurs (avec de nombreuses prépublications) ou de librairies spécialisées (avec des conseils de lecture) comme Magazine Album ou Canal BD Magazine et leur Manga Mag tirés en moyenne, respectivement, à 72 500 ex. et à 37 500 ex. Le mensuel informatif Zoo reste donc le leader en ce domaine, avec 90 000 ex. qui sont tirés et diffusés gratuitement dans les Fnac, Leclerc, Cultura et les festivals BD.
D’autre part, Internet demeure le lieu de rencontre des amateurs du 9e art autour de sites généralistes ou spécialisés, banques de données, blogs, forums et réseaux sociaux. bdgest.com — bedetheque.com est de loin le site le plus visité avec plus de 1 million de visites mensuelles, en grande partie grâce à son forum et sa base de données d’albums : son logiciel de gestion d’albums et la publicité le finançant en partie. Culture Régie s’occupe des revenus publicitaires d’une dizaine d’autres sites. Hélas, cela ne suffit pas à monétiser l’activité journalistique, essentiellement bénévole : le magazine téléchargeable bdsphere.fr n’a pas eu, par exemple, le temps d’atteindre son équilibre. Le nombre total de sites généralistes consacrés au 9e art se maintient à une trentaine (32 exactement). Une tendance récente est la création de sites agrégeant des informations ou chroniques réalisées par d’autres, comme culturebd.com ou labandedu9.fr — à la manière de bdparadisio.com — ou l’adossement à des sites multimédias tels avoir-alire.com ou krinein.com. Les sites d’information ou de chroniques les plus visités restent actuabd.com, planetebd.com, sceneario.com, bdzoom.com, auracan.com, bodoi.info, du9.org, wartmag.com et bandedessinee.info (source Google Analytic/visiteurs uniques). Il faut aussi noter l’existence de sites institutionnels (citebd.org ou labd.cndp.fr), communautaires (bd-sanctuary.com et bdmaniac.fr) ou très ciblés (bdtheque.com, coinbd.com, opalebd.com ou bdoubliees.com). Les 3 principaux sites consacrés aux mangas (animeland.com, manga-news.com et manga-sanctuary.com) font partie des sites les plus visités du 9e art, s’y ajoutent animint.com, manta-web.com ou total-manga.com. Enfin, les comics, souvent en multimédia, sont bien représentés avec buzzcomics.net, comicbox.com, comicsplace.net, comicsblog.fr…
Il y a de plus en plus d’événements organisés autour de la BD sur le territoire francophone européen : 514 en 2013 (contre 489 l’an passé).
La vitalité des manifestations (+5 %) se polarise sur la France qui concentre 92 % des rendez-vous. La part des événements de moins de 5 ans baisse à 26 % contre 39 % en 2012. Les créations, à l’instar du festival Bulles d’air à Evreux ou le Festival Vertigo dans la station de ski de Gourette, sont au nombre de 23, contre 47 en 2012. Malgré l’encombrement, le calendrier se concentre sur les 2e et dernier trimestres avec les 2/3 des manifestations. Seuls 23 % des manifestations exigent des droits d’entrée modérés. Quand ils sont payants, la hausse est supérieure à l’inflation avec 4 € en moyenne (contre 3 € en 2012) et jusqu’à 20 € la journée (contre 14 € en 2012) ; 80 % des entrées des événements en France sont gratuites. Une cinquantaine de lieux continue à rassembler l’essentiel des visiteurs que la plupart des organisateurs relèvent une nouvelle fois en hausse : Aix-en-Provence pour Les Rencontres du 9e art (75 000 contre 58 000), le festival Quai des bulles de Saint-Malo (34 000 contre 32 000) ou le festival BD de Lyon (31 000 contre 25 000). Avec la fourchette d’erreur liée à des manifestations gratuites, bd BOUM de Blois (24 000) et Festival BD-Fil de Lausanne (30 000) restent stables. Pour la première fois, le Comic Con et Japan Expo de Villepinte (232 000 contre 208 000) dépasse nettement le Festival international de la bande dessinée à Angoulême (qui déclare une fréquentation supérieure à 200 000). Le public continue à rechercher un contact direct avec les auteurs et les principaux salons généralistes sont toujours Paris (190 000 entrées), Nancy (estimation de 170 000), Montreuil pour la jeunesse (164 000, contre 160 000), Genève (94 500 contre 92 000), Brive-la-Gaillarde (90 000 contre 80 000), Bruxelles (70 000) et Limoges (60 000). L’ensemble de ces événements se différencie par la durée, les formats ou encore les genres proposés – de la bande dessinée franco-belge aux mangas et aux comics, en passant par l’alternatif et les blogs, les ouvrages sur la bande dessinée et la jeunesse ; les festivals strictement mangas ou comics restant stables en nombres et très minoritaires. Les statistiques reportées dans ce chapitre ont été obtenues en croisant les informations des sites opalebd.comet et agendabd.com.
C’est à l’occasion de ces évènements, dont la fréquentation est désormais bien ancrée dans les pratiques culturelles, que les 80 membres de l’ACBD, l’Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée (voir aussi le site acbd.fr), se réunissent — notamment au Festival international de la bande dessinée à Angoulême, au Salon du livre de Paris et au bd BOUM de Blois. Tous les ans, l’ACBD honore des albums remarquables parus dans l’année : le Prix Asie-ACBD 2013 (Opus de Satoshi Kon aux éditions IMHO) et le Grand Prix de la Critique 2014 (Mauvais Genre de Chloé Cruchaudet chez Delcourt) remis à la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image, pendant le Festival d’Angoulême.
Gilles RATIER, Secrétaire Général de l’ACBD
qui remercie ses amis de l’ACBD : Marc Carlot, Daniel Couvreur, Patrick Gaumer, Philippe Guillaume, Antoine Guillot, Brieg Haslé-Le Gall, Ariel Herbez, Jean-Christophe Ogier, Fabrice Piault, Manuel Picaud, Denis Plagne, et Laurent Turpin.
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N. B. La moindre utilisation de ces données ou d’une partie d’entre elles doit être obligatoirement suivie de la mention : Gilles Ratier, secrétaire général de l’ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée) ; sachant que Manuel Picaud s’est occupé de l’édition numérique, des sites Internet consacrés au 9e art et des festivals invitant des auteurs BD, tandis que Raphaëlla Barré s’est penchée sur les blogs bandes dessinées.
Merci aux attachés de presse ou responsables éditoriaux qui nous ont communiqué les chiffres des tirages, ainsi qu’aux responsables des publications sur Internet et de certains festivals pour différentes statistiques : Ahmed Agne, Stéphane Beaujan, Maud Beaumont, Pol Beauté, Mehdi Benrabah, Fanny Blanchard, Frédéric Bosser, Franck Bourgeron, Emmanuel Bouteille, Élise Brun, Sophie Caïola, François Capuron, Paul Carali, Pierrick Carbuccia, Bénédicte Cluzel, Évelyne Colas, Justine Cornu, Bernard Coulanges, Benjamine des Courtils, Sébastien Dallain, Kathy Degreef, Clémentine de Lannoy, Nicolas Ducos, Sandrine Dutordoir, Philippe Duvanel, Sylvie Duvelleroy, Marie Fabbri, Bruno Fermier, Georges Fernandes, Stéphane Ferrand, Bruno Genini, Marlène Hatchi-Barsotti, Vincent Henry, Dyane Hertogs, Ainara Ipas, Michel Jans, Emmanuelle Klein, Bruno Lemaitre, Christine Leriche, Nicolas Leroy, Caroline Longuet, Anaïs Malherbe, Julien Massei, Pascal Mériaux, Philippe Morin, Hélène Morlet, Frédéric Niffle, Aurélie Oria-Badoc, Alexandre Paringaux, Didier Pasamonik, Laure Peduzzi, Emmanuelle Philippon, Patrick Pinchart, Mathieu Poulhalec, Lise Prudhomme, Diane Rayer, Estelle Revelant, Florence Richaud, Louise Rossignol, Sophie de Saint Blanquat, Pascal Scuotto, Doriane Sibilet, Dorothée Tardif, Olivier Thierry, Élisabeth Tielemans, Laurence Van Tricht, Dominique Véret, Valentine Verron, Frédéric Vidal, Marie-Thérèse Vieira et Hélène Werlé.
Le rapport que vous venez de lire est le fruit d’un incommensurable travail de bénédictin qui se pratique tout au long de l’année. Ceci afin de collecter, de la façon la plus exhaustive possible, la liste de toutes les parutions de bandes dessinées de l’année.
Les premières informations arrivent, en général, des éditeurs eux-mêmes — des plus discrets à ceux qui sont parfaitement installés —, lesquels annoncent régulièrement leurs prochaines parutions par envois groupés de mails. Celles-ci sont alors collectées dans une base de données d’envergure qui comporte autant d’entrées que de mentions nécessaires à l’établissement du rapport : date effective de distribution en librairies ou de mise en vente, nom de l’éditeur, du titre ou de la série, du numéro de tome, du sous-titre ou titre de partie, du dessinateur, du scénariste, du coloriste, de l’œuvre originale, de son genre, de son origine, de son tirage…
Chaque semaine, ce travail de base est complété par les listings détaillés de différents libraires (notamment de ceux des réseaux Canal BD et Album) et recoupé avec ceux d’Electre : base bibliographique de référence pour les professionnels du livre. Electre est fiable, mais laisse quand même passer quelques productions marginales (celles des éditions du Coffre à BD et de tous les petits éditeurs que cette structure diffuse, par exemple, ne sont pas répertoriées), mentionne quelques titres sous d’autres rubriques (pendant de longues années, la série Tom-Tom et Nana était uniquement inscrite sous l’appellation livres jeunesse, alors qu’il s’agit bel et bien d’une bande dessinée) et, inversement, certains ouvrages qui ne relèvent pas obligatoirement du 9e art y sont insérés… Enfin, il n’est jamais précisé s’il s’agit d’une véritable création, d’une réédition, d’une revue ou d’un recueil d’illustrations : des critères qui, d’ailleurs, ne relèvent pas de leurs compétences (ce n’est pas ce qu’on leur demande !).
Ce travail laborieux est encore recoupé avec diverses informations provenant de recherches personnelles ou de nos divers correspondants (Ariel Herbez, par exemple, est chargé de recenser la moindre parution suisse, même celles qui ne passent jamais les frontières de ce petit pays partiellement francophone) : ce qui permet de ratisser large et de répertorier la quasi-totalité des productions, même les plus difficilement distribuées. La visite régulière de librairies, au moins une fois par semaine, permet d’avoir les livres en main et de pouvoir les inscrire dans le genre ou le style de bande dessinée auquel ils paraissent appartenir prioritairement, avec un risque limité d’erreurs.
Ce n’est qu’une fois cette immense base de données lissée (il faut, par exemple, enlever tous les titres annoncés par les éditeurs, mais qui, pour des raisons diverses, ont été reportés ou tout simplement annulés) que commence le travail d’écriture et de structuration des résultats.
Pour pouvoir situer ces chiffres dans un contexte économique fiable, il est fait appel à Fabrice Piault, rédacteur en chef adjoint de Livres Hebdo, lequel a accès aux données de l’institut de sondage Ipsos. Toute la partie nouveaux supports – sites web compris — est assurée par Manuel Picaud (avec Raphaëlla Barré pour les blogs), lequel s’occupe également du chapitre sur les manifestations et de la mise en graphique des données des annexes. Leurs travaux sont alors intégrés en suivant la logique et la stylistique du rapport. Les renseignements manquants et réponses aux questionnements de dernière minute sont fournis par les éditeurs eux-mêmes, notamment tout ce qui concerne les tirages (là encore, cela va de la plus petite structure à la plus imposante, sans aucun a priori).
La dernière partie, l’écriture proprement dite, nécessite également de longues heures de travail et est uniquement réalisée entre le 1er et le 24 décembre de l’année en cours ; les différentes étapes étant relues par une pléiade de fidèles intervenants comme Didier Pasamonik ou nos collègues de l’ACBD cités plus haut. Enfin, le rapport est relooké sous forme de PDF par Brieg Haslé-Le Gall (également chargé de recenser les albums et fascicules diffusés en kiosque) et diffusé sur le site acbd.fr par Laurent Turpin, avant d’être envoyé à plus 1 000 correspondants du monde de la bande dessinée ou du journalisme qui le relaient très largement dans l’ensemble des médias : et cela fait 14 ans que ça dure…
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» travail de bénédictin » l’expression est faible! respect devant ce formidable travail détaillé!
Je trouve que c’est plutôt une bonne nouvelle que la production ralentisse un peu car le « toujours plus » n’est jamais bon dans quelque domaine que ce soit!
Rêvons à des sorties encore moins nombreuses mais où la qualité des albums serait toujours au rendez vous!