« Les Aventures de Gérard Crétin » est une bande dessinée en une page proposée dans le mensuel Mikado des éditions jeunesse Milan, entre 1989 et 1994, et c’est la première série de gags que l’immense Florence Cestac (1) a créée spécifiquement pour la presse ! Son antihéros a tendance à être vantard et gaffeur : il croit souvent savoir tout faire mieux que les autres et être le meilleur en tout… Mais il est quand même attachant, car terriblement naïf ! Ainsi, il enchaîne les situations hilarantes et embarrassantes, incarnant, avec une tendre absurdité, certains travers humains. Le trait de la reine du gros nez en BD y est déjà unique, même si elle juge avoir fait quelques progrès depuis. Mais comme le dit elle-même : « un petit coup de nostalgie, ça ne peut pas faire de mal ! »
Lire la suite...« La Mort de Staline » T1 par T. Robin et F. Nury

Grâce à cet éblouissant portrait d’une dictature plongée dans la folie pendant les deux jours qui suivirent l’attaque cérébrale de Joseph Staline, dans la soirée du 28 février 1953, à la suite de la diffusion d’un concerto de Mozart à la radio de Moscou, on retrouve avec plaisir le trait réaliste qu’utilisait Thierry Robin sur « Rouge de Chine » ou sur « Koblenz », bien avant que ce dernier se consacre exclusivement à la bande dessinée enfantine et humoristique (« Zappa et Tika » ou « Petit Père Noël » avec Lewis Trondheim).
Et son style semi-réaliste, acéré et anguleux, ainsi que son découpage dynamique et très varié, convient parfaitement au récit décalé concocté par Fabien Nury, où la lutte acharnée pour le pouvoir suprême reflète toute la perversité et l’inhumanité du totalitarisme.
On sent aussi que cet excellent dessinateur bicéphale est complètement passionné par le sujet (d’ailleurs, il avait déjà accumulé une tonne de documentation avant que le scénariste d’« Il était une fois en France » ou de « L’Or et le sang » le contacte, car il avait, alors, un projet de « biopic » sur « le petit père des peuples ») : c’est comme si le subtil scénario de Fabien Nury lui avait, graphiquement, donné des ailes !
Prévu en deux tomes fort bien documentés, où le scénariste, comme à son habitude, mêle habilement la fiction et la réalité historique, cette « lamentable fin d’un tyran sanguinaire » nous donne une vision très juste de cette période de cafouillage, noyée dans la vodka, où trouille et combine, étaient bien les deux mamelles de la Russie… Et voilà encore un grand moment de lecture à ne pas rater !
Gilles RATIER
« La Mort de Staline » T1 (« Agonie ») par Thierry Robin et Fabien Nury
Éditions Dargaud (13,50 Euros)