Avec « Le Tombeau des chasseurs », le talentueux Victor Lepointe évoque la tragédie collective d’une bataille vosgienne en 1915 et, plus encore — par le regard de l’un d’eux, Victor Granet —, scrute l’intimité des sentiments de ces chasseurs alpins sacrifiés. Plongée dans la si mal nommée Der des ders…
Lire la suite...» Miyo » par Nami Akimoto
Créé spécialement pour les lecteurs français des éditions Kana, ce manga reste très japonais dans sa construction. L’histoire qui se passe entre Paris et Tokyo offre une approche à même de séduire le lectorat des deux pays. Un graphisme clair et léger, une histoire remplie de sentiments, » Miyo » a tous les stéréotypes du shôjo manga ! En tous cas, cette ?uvre ne dépaysera pas les lecteurs d’ » Urukyu », le précédent manga de Nami Akimoto paru pour sa part chez Soleil.
© Nami Akimoto – Kana 2010
L’histoire raconte une romance adolescente d’une jeune fille typique. Miyo Matsuda, jeune japonaise de 15 ans est tiraillée entre deux beaux garçons. Elle vit avec ses parents dans la capitale française depuis sept ans. Son père vient de nouveau d’être muté et ils repartent tous à Tokyo. Le cœur lourd, Miyo ne veut pas laisser son amour français auprès duquel elle n’a jamais été capable de se déclarer. Malheureusement, elle n’y arrivera pas, tombera malade et repartira au pays du soleil levant sans avoir ouvert son cœur à cet ami d’enfance. Au Japon, elle se sent un peu comme une étrangère, elle n’est plus à sa place. Elle n’a pas, par exemple, l’habitude de porter un uniforme. Néanmoins, elle attire les regards et tous ses camarades ont mille questions à lui poser. Tous, sauf Shiro, mystérieux jeune homme, renfermé et taciturne. Pourtant, ils vont rapidement finir par se rapprocher et Miyo va comprendre pourquoi ce dernier lui est si familier.
© Nami Akimoto – Kana 2010
La trame est classique, mais ce manga peine à poser l’intrigue de départ. Heureusement, tout va s’accélérer dans le dernier tiers du livre. Les premières histoires d’amour sont les mêmes, qu’elles se passent à Paris comme à Tokyo. Néanmoins, le » French Lover » a encore du succès au Japon. Peu présent physiquement, il est toujours question de ce fameux Nicolas. Tiraillée entre deux cultures, deux garçons bien différents, Miyo devra faire un choix et ce n’est peut-être pas celui qu’attendait le lecteur. La conclusion, abrupte, de ce récit est clairement là pour surprendre.
© Nami Akimoto – Kana 2010
Le personnage de l’héroïne est assez innovant dans le sens où, si elle reste japonaise de par ses origines, sa verve et son implication dans la vie des autres viennent sûrement de son long séjour en France. Un point de vue intéressant qui aurait mérité un développement plus important. Les différences culturelles ne sont pas énormément abordées. On a l’impression que les distances qui séparent Miyo de ses amis français ne sont pas aussi grandes que la réalité. Il est parfois question de décalage horaire, mais la facilité avec laquelle voyagent certains protagonistes est déconcertante?! Le récit n’arrive pas à rendre les ellipses temporelles cohérentes du fait du nombre de pages réduites qui servent à raconter toute cette histoire. Un comble pour un manga !
© Nami Akimoto – Kana 2010
Édité chez Kana, » Miyo » est un manga atypique. Pensé dés le départ pour un public français, la dessinatrice Nami Akimoto y a mis une partie de son expérience vécue dans l’hexagone. Destiné à un public assez jeune, ce manga est estampillé » Dico des filles « . Cette mention permet aux jeunes filles, on s’en doute, d’être guidées vers des sujets qui peuvent plus particulièrement les intéresser. Édité par Fleurus depuis de nombreuses années, le » Dico des filles » distille des conseils sur de multiples sujets, la vie en société, la mode, la déco, la cuisine et bien évidement, le sexe et les garçons. Ce » label » ne s’obtient pas comme ça, il faut que l’ouvrage ait un réel intérêt informatif, qu’il s’adresse en premier lieu aux adolescentes et surtout qu’il leur permette d’avancer dans la vie qui les entoure. » Miyo » rentre parfaitement dans cette catégorie.
© Nami Akimoto – Kana 2010
L’édition de ce manga est particulièrement soignée. Couverture claire avec titre embossé : ce qui est plutôt rare et couteux. C’est peut-être ce qui justifie le prix un peu au dessus de la moyenne. On regrettera par contre que l’histoire ne se déroule que dans un seul et unique tome. Deux volumes n’auraient pas été de trop pour développer l’intrigue et le triangle amoureux. Nami Akimoto a su créer un univers qui aurait mérité un développement plus poussé. Beaucoup d’interrogations quant à la différence de culture auraient pu être abordées. Ici, l’histoire se concentre sur cette amourette sans aller au fond des choses. C’est un peu dommage. Pourtant, ce shôjo est très mignon et le résultat, sans être très novateur ou prenant ,reste malgré tout extrêmement attachant et facile d’accès. Au final, la qualité de la construction narrative et des dessins dépouillés offre un spectacle suffisant pour que le lectorat amateur de shôjo fleur bleue puisse y trouver son compte.
© Nami Akimoto – Kana 2010
Aujourd’hui Nami Akimoto a changé de registre et sa dernière œuvre « Tokyo Sex « , publiée chez Kodansha dans le magazine » Dessert « , est clairement orientée vers un lectorat féminin beaucoup plus adulte.
Gwenaël JACQUET
© Nami Akimoto – Kana 2010
» Miyo » par Nami Akimoto – Volume unique
Éditions Kana (7,95 euro)