Le père Lucien ne s’encombre guère de scrupules ! Rien d’étonnant à cela, puisque c’est, en fait, un homme de main réputé pour son efficacité, qui se planque dans un petit village du Jura en se faisant passer pour le nouveau curé. Traqué par des types qui, eux, ne sont pas très catholiques et veulent l’envoyer ad patres, il a enfilé dans l’urgence la soutane du père Philippe qui s’est retrouvé dans la mauvaise piaule au mauvais moment : les autochtones ne l’ayant encore jamais vu. Drôle et captivant, ce polar prévu en deux tomes est écrit par l’étoile montante du roman policier français qu’est Jacky Schwartzmann et enluminé par le trait expressif de Sylvain Vallée : le dessinateur d’« Il était une fois en France »…
Lire la suite...Et si on évoquait le Ghana ?
Dans « Le Royaume des Kapokiers », Troubs nous propose justement un séjour au Ghana : pays d’Afrique de l’ouest, situé entre la Côte d’Ivoire et le Togo… Un pays plutôt connu pour ses décharges de textiles de de composants électroniques à ciel ouvert. Paradoxalement, pourtant, dans le parc national de Mole, où s’installe l’auteur, on y déploie maints efforts pour protéger la biodiversité…
Troubs réalise ici un véritable reportage sur ce parc situé dans le nord-ouest du pays : un parc à la « biodiversité précieuse que s’efforce de protéger l’équipe de 150 rangers et fonctionnaires du parc », un parc qui initie tour à tour des classes d’élèves venues découvrir ses activités et ses richesses, des enfants de petits paysans qui, chose étonnante, pour « les trois quarts d’entre eux n’ont jamais vu d’éléphants ».
D’un côté, Troubs explique à ces enfants comment on dessine les pachydermes ; de l’autre, il apprend comment ces enfants et leurs familles vivent dans les villages à la périphérie du parc, souvent victimes des éléphants qui détruisent leurs récoltes. Les femmes ont, quant à elles, créé une coopérative et développé la production du beurre de karité. Enfin, les enfants bénéficient d’un programme d’éducation à l’environnement.
Bien évidemment, Troubs découvre la faune locale – notamment les singes colobes blanc et noir -, les traditions locales, les difficultés liées aux progrès, les besoins, le rôle des ONG… tout en respectant les modes de vie des humains et des animaux. Comment, en effet, faire en sorte qu’humains et non-humains vivent en harmonie ? Et n’oublions pas le kapokier : cet arbre géant qui culmine à 70 mètres de haut et qui donne son titre à l’album…
Le carnet de voyage, à l’esprit positif, est complété d’un dossier de huit pages (« Des éléphants et des hommes »), composé de dessins et de photos : ces éléphants que Troubs a déjà évoqués, avec Nicolas Dumontheuil, dans « La Longue Marche des éléphants », à la suite d’un séjour au Laos (cf. chronique ici-même). Son dernier album, lui, était consacré aux oiseaux, à propos du Liban (« Les Oiseaux », même éditeur, en 2021), et toujours aux problèmes liés à nos comportements face à la destruction de l’environnement.
Didier QUELLA-GUYOT
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« Le Royaume des Kapokiers » par Troubs
Éditions Futuropolis (22 €) – EAN :9782754836364
Parution 6 mars 2024