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Quasiment toutes les planches originales — en fac-similés — d’un épisode mythique de « Ric Hochet », à la disposition d’un public pas forcément fortuné…

04/12/2025
Par Gilles Ratier

Pour le deuxième volume de leur collection patrimoniale Vint’page, laquelle propose des recueils de fac-similés des pages d’origine de classiques du 9^e art franco-belge à un prix défiant toute concurrence, les éditions Ad hoc ont choisi « L’Ombre de Caméléon » : un excellent « Ric Hochet » signé Tibet (pour les dessins) et André-Paul Duchâteau (pour le scénario), qui fut publié en Belgique, puis en France, dans le journal Tintin de 1964 à 1965. Cerise sur le gâteau, c’est Patrick Gaumer, spécialiste de ces deux auteurs (auxquels il a consacré deux monographies de référence), qui est le responsable de l’informative et fort bien illustrée introduction.

Ainsi, 58 des 60 pages originales de cette trépidante aventure — dont les deux manquantes, qui n’ont pas pu être retrouvées, malgré tous les efforts de l’éditeur, ont été reproduites en partant du film en noir et blanc numérisé — sont fort bien imprimées sur du papier de qualité (Biotop3, 160 gr), dans cet ouvrage en grand format (34×27 cm), sous une couverture brochée avec une reliure dite « fil apparent » qui permet une ouverture à plat.

Voilà qui nous donne l’occasion d’admirer au mieux, au plus près de l’état original, le travail graphique d’un Tibet qui commençait alors à être en pleine possession de son art (grâce aussi à l’aide non négligeable de Mittéï pour les décors) et de lire de façon agréable un récit dynamique — que l’on trouvera à coup sûr plus fluide que les précédents — d’un Duchâteau également en grand progrès narratif. D’ailleurs, c’est certainement avec cette intrigue policière, qui avance sans temps morts, que la série prend son véritable essor et gagne en popularité auprès des lecteurs du « journal des jeunes de 7 à 77 ans ».

Cela démarre curieusement par l’arrestation du héros : le déjà célèbre journaliste au quotidien La Rafale ! Mais on apprend très vite qu’il ne s’agit que d’un stratagème pour que Ric puisse se mettre plus facilement dans la peau d’un détenu et infiltrer une prison sécurisée sans attirer l’attention, étant donné qu’il doit réaliser un reportage réaliste — et sensationnel ! — sur le sujet. C’est alors qu’il va être mêlé à une évasion spectaculaire, dont l’un des protagonistes n’est autre que son ennemi juré : le Caméléon, dont il avait fait la connaissance lors de sa première longue aventure.

S’en suivent alors nombre de braquages, cascades et courses-poursuites à pied ou en voiture, sur terre et dans les airs… De la bonne BD distractive, parfaitement maîtrisée de bout en bout, comme on savait en faire dans les années soixante, avec bien entendu les codes du genre et de l’époque !

Notons que, comme pour le précédent tome de la collection, la couverture est un montage proposant une case de l’une des pages et une photo de la véritable planche à dessin du responsable graphique.

Les éditions Ad hoc (1) nous livrent, une fois de plus, un travail impeccable de valorisation du patrimoine du 9^e art, rendant accessibles, à un public exigeant, les reproductions d’originaux d’artistes de la bande dessinée classique franco-belge. On attend avec impatience les prochains titres de Vint’page : normalement un « Chick Bill », avec « La Route d’acier » de Tibet, et de nouveau « La Patrouille des Castors », avec « L’Inconnu de la villa mystère » de MiTacq et Jean-Michel Charlier.

Gilles RATIER