On le sait, l’Espagnol Josep Homs (1) est un dessinateur aussi original que talentueux : il nous l’a prouvé à maintes reprises, ne serait-ce qu’avec sa série « Shi » écrite par Zidrou, dont il prépare le sixième épisode, toujours chez Dargaud. Par ailleurs, avec cet étonnant et glaçant roman graphique de 100 pages qu’il met lui-même en couleurs (et quelles couleurs !) — où une jeune juive très indépendante peut voir et converser avec une incarnation du diable —, il devient, pour la première fois, son propre scénariste. Tout en ressuscitant le mythe du golem et en reprenant le thème philosophique du bien et du mal, il nous démontre que le manipulateur n’est pas toujours celui qu’on croit !
Lire la suite...Prières et balistiques – Soda 11 par Tome et Gazzotti (éditions Dupuis)

Rien ne va plus dans l’univers de Soda. Le flic new-yorkais doute de tout et en a marre de sa vie. Mais comment faire pour « Partir. Quitter le pays » ?
Rien ne va plus dans l’univers de Soda, ce flic new-yorkais qui fait croire à sa mère qu’il est pasteur pour éviter à cette dernière des complications cardiaques. Car Soda doute. De sa mère d’abord. Est-elle vraiment cardiaque ? Et pourquoi lui ment-elle en affirmant qu’elle ne bouge pas de son appartement alors qu’il l’a surprise sortant de la limousine d’un maffioso ?
Soda doute de sa vie aussi. Marre de se cacher tout le temps. Mais comment faire pour « Partir. Quitter le pays ». Gagner beaucoup d’argent rapidement ! Alors quand il apprend qu’une grosse somme faisant l’objet d’un échange illégal de plutonium doit avoir lieu, il se surprend à imaginer une retraite anticipée. Il se voit déjà ailleurs, avec le sergent Linda, une jolie jeune femme noire, qu’il « culbute » au passage (c’est le mot). Ca aussi c’est nouveau dans l’univers du flic new-yorkais de Tome et Gazzotti.
Car les deux auteurs ont visiblement pris le parti de faire évoluer leur personnage et leur série. Tant au niveau du récit (plus violent, moins moral, un peu de sexe et beaucoup de cigarettes !) que dans le graphisme, plus sombre et plus expressif dans le reflet de la noirceur de l’âme. Certains ne s’en remettront pas, pris dans leurs habitudes d’une série vivant sur ses thèmes récurrents ou tout simplement parce qu’une orientation plus adulte de la série ne leur convient pas (notons d’ailleurs que pour cette raison, celle ci ne devrait plus désormais être publiée dans le magazine Spirou mais paraître directement en album). Les autres, ravis et ne boudant pas leur plaisir, regretteront cependant que cette évolution ne se fasse ici que par petites touches, restant un peu sur leur faim, sans savoir si il s’agit d’un coup d’essai ou d’un baroud d’honneur. La réponse appartient aux seuls auteurs.
(collection Repèrages Dupuis – 57 FF)