Disparu il y a déjà sept ans, René Pétillon — bien connu pour ses dessins d’humour dans Le Canard enchaîné, mais aussi pour son inénarrable détective Jack Palmer dont l’enquête corse a notamment fait parler de lui, car adaptée au cinéma — (1) avait travaillé, depuis 2008, sur ce scénario quasiment achevé. Bien qu’il en ait également assuré partiellement le découpage et les crayonnés (donc, il ne restait pratiquement plus qu’à dessiner l’album), il avait abandonné cet ultime projet pour différentes raisons, dont la nécessité d’honorer d’autres entreprises en cours. C’est le célèbre Manu Larcenet (2), récemment auréolé de son adaptation de « La Route », qui a été approché pour s’approprier l’histoire, la terminer et la mettre en images : un très bon choix !
Lire la suite...Bouncer 3 – La justice des serpents

Le justicier manchot de Jodorowski et Boucq n’est pas à la fête dans un Far West qui mérite plus que jamais son qualificatif de sauvage.
Indispensables et détestés, tels étaient les bourreaux de l’Ouest américain qui focalisaient la haine du donneur de mort tout en remplissant une mission que nul autre ne voulait assumer. Pas de chance pour le Bouncer : après le mystérieux décès du bourreau officiel de Barro-city, le sort le désigne pour remplir cette tâche ingrate. Un premier coup du sort, suivi de nombreux autres que nous ne vous dévoilerons pas mais qui s’amoncellent comme une série d’épreuves consécutives qui détruiraient plus d’un homme. Mais pas le Bouncer qui a depuis longtemps compris que pour vivre dans cette civilisation très brutale, il faut lutter. A mort …
Avec le premier volet de ce nouveau diptyque du Bouncer, Alexandro Jodorowski range son habituelle tendance scénaristique esotéro-fantastique, pour se consacrer à un récit âpre et violent, une tragédie dont la dimension spirituelle n’ en est pas moins, bien que reléguée au second plan, toujours omniprésente. Quant à François Boucq, il utilise à merveille son talent au service d’un style réaliste qu’il maîtrise désormais parfaitement. Jouant sur l’expressivité souvent austère de ses personnages, qu’il associe à un découpage cinématographique qui fait parfois penser à Sam Peckimpah (le réalisateur de La Horde sauvage), alternant regards intimistes et utilisation des décors mythiques de l’époque (le saloon, la prison) ou des grands espaces désertiques, le dessinateur nous projette totalement dans ce récit à lire d’urgence. LT