Bruce J. Hawker, le héros favori du regretté William Vance (même après qu’il ait connu l’énorme succès de la série « XIII »), est de retour ! Et le tourmenté officier de la Royal Navy, aux cheveux blanchis par l’écume, reprend le commandement de son navire fétiche : le H. S. M. Lark. Il doit le ramener à bon port, mais les rumeurs vont bon train parmi l’équipage : ce voilier serait maudit ! À moins qu’il ne s’agisse de son capitaine qui exige de ses hommes qu’ils le suivent jusqu’en enfer : leur voyage étant parsemé d’épreuves, entre combats navals et éléments déchaînés. Hawker semble même n’être plus le seul maître à bord, se retrouvant, bien malgré lui, embringué dans la quête du trésor des Templiers.
Lire la suite...Stephen Desberg joue collectif
En trois mois, les lecteurs auront pu découvrir l’intégralité des six volumes d’«Empire USA», saison 2, thriller géopolitique haletant signé de six dessinateurs différents, que le scénariste du « Scorpion » a imaginé dans le cadre d’un conflit Est-Ouest d’une nouvelle génération.
« À l’origine d’ « Empire USA », nous explique Stephen Desberg, il y avait l’envie de construire en profondeur tous les personnages, à l’image de ce qui ce fait sur les séries TV américaines, dont je suis fan. Mais l’intrigue se devait aussi d’avancer sur un rythme soutenu, d’où l’idée de rapprocher les parutions en travaillant avec différents dessinateurs. Par prudence, pour que les lecteurs acceptent ce système, adhèrent au passage de témoin graphique d’un album à l’autre, et pour se rapprocher de ce qui se fait dans les séries TV, j’ai élaboré, pour la saison 1, de longs résumés pour chaque album, ce qui m’a finalement été reproché. Pour la saison 2, j’ai donc décidé d’aller à l’essentiel et de me poser le moins de garde-fous possibles »
Il faut dire que Stephen Desberg a plutôt mal vécu l’accueil critique réservé à son premier cycle de 6 albums, paru en 2009 : « Je me suis heurté à la résistance des médias , très attachés à la tradition et qui ont vu, dans ma série, une ouverture vers la banalisation de la BD. Celle-ci a même fait l’objet d’une campagne de désinformation. Par exemple, il se disait, à tort, qu’on trouvait plus d’ « Empire Usa » en occasion qu’en librairie. »
Le succès commercial est pourtant au rendez-vous : « Près de 30.000 ventes en moyenne par titre, révèle le scénariste. Et le tirage des albums de la saison 2 est de 40.000 exemplaires à l’unité, avec l’objectif d’en vendre autant que pour la première saison. »
Si la première saison avait été construite en réaction aux années Bush, « dont je n’étais pas fier », indique le scénariste passionné de géopolitique et « à moitié américain par mon père », l’intrigue de cette deuxième saison se noue autour d’une une problématique qu’il juge probable : « une forme de nouveau clash entre les USA et la Russie, mais de forme différente. » Stephen Desberg  s’avoue fasciné par le phénomène de l’oligarchie en Russie : « je me demande vraiment comment des gens ont pu construire des fortunes aussi colossales en si peu de temps. On se demande qui était derrière ces personnes, pour leur permettre de racheter une grande partie de l’économie russe. » Alors, il imagine une nouvelle forme de conflit, plus capitaliste : « Il m’intéressait de personnaliser cette nouvelle guerre froide, entre le milliardaire américain et l’oligarque russe. » Le scénariste se garde pourtant de donner des pistes à la résolution de ce conflit émergent, qui n’est pas ce qui l’intéresse le plus  : « Ma position est celle de mon personnage principal, qui porte sa réponse en lui, celle d’une quête d’identité à l’intérieur d’un système, comment se retrouve-t-on plongé dans ce conflit et comment s’y positionne-t-on ? »
Laurent TURPIN
« Empire USA, saison 2 » T1 à 6 par Henri Reculé (T1), Alain Queireix (T2), Griffo (T3), Alain Mounier (T4), Erik Juszezak (T5) et Daniel Koller (T6) et Stephen Desberg
Éditions Dargaud (11,95 euros chaque)