Paris BD devient PICTURES, le Salon de toutes les images

Nouvelle formule, nouveau lieu, nouvelles dates : un entretien exclusif avec Bertrand Morisset, Directeur du pôle Salons grand public du COSP.

 


Quand on l’interroge sur Paris BD, Bertrand Morisset part du constat que le salon est né d’une demande des éditeurs de bande dessinée, que celui-ci a vu le jour puis s’est développé dans une stratégie de partenariat avec le groupe Bande Dessinée du SNE (Syndicat National de l’Edition), qui souhaitait le déploiement d’une plate-forme qui rassemblerait les acteurs de la Bande Dessinée sur Paris. Or, après déjà deux éditions, force est de constater que le marché professionnel n’est plus aujourd’hui convaincu de la nécessité d’un second événement annuel d’envergure nationale autour du neuvième art. Non pas que les chiffres soient mauvais, loin de là. Avec respectivement 20.000 puis 40.000 visiteurs, les salons Paris BD 2002 et Paris BD 2003 n’ont pas démérités. Et si la première année fut, de l’avis de tous, plutôt rapidement préparée et au bilan mitigé, la seconde édition posait avec professionnalisme (climatisation exceptée !) les bases d’un salon qui ne demandait qu’à perdurer. Mais plutôt que de Salon, il aurait fallu parler de Festival, avec expositions prestigieuses ou conférences attractives. Et c’est  franchement là que le bât blesse car Paris BD ne vit d’aucune subvention publique (exceptée une aide – « du bout des lèvres », dixit Bertrand Morisset – du CNL) et se voit donc soumis aux objectifs fixés par un ensemble d’actionnaires qui dépassent, et de loin, les simples enjeux de représentativité ou d’image.


 « Nous aurions pu », déclare Bertrand Morisset, « jouer la carte de l’événement Bobo/Rive Gauche ou du « nomadisme chic » – une allusion à peine voilée au Festival d’Angoulême qui investit depuis quelques temps les hauts lieux parisiens – « mais il nous aurait fallu 10 ans pour nous imposer et équilibrer nos comptes et ce n’était ni la vocation du C.O.S.P., un organisme professionnel et privé d’organisation de salons, ni l’intérêt finalement exprimé des professionnels du neuvième art. Nous avons donc décidé d’élargir notre offre à l’ensemble des supports qui exploitent les œuvres dessinées ».


C’est un fait, la bande dessinée est aujourd’hui ancrée dans la réalité quotidienne, à tous ses niveaux : jeux vidéo, films, téléphones portables, campagnes de communication, habillement, etc. Comme le souligne Bertrand Morisset, « la BD est globalisée, elle est exploitée par tous les médias et industries connexes . Notre salon, dans sa forme actuelle, va donc disparaître pour évoluer vers un format qui disposera d’une nomenclature plus large, avec une offre éclectique et ludique favorisant la découverte du neuvième art sous tous ses aspects et dépassant le simple cadre du support album. Si les acteurs fondamentaux resteront les auteurs et éditeurs de BD, qui détiennent ou exploitent ce patrimoine artistique de référence, ils ne formeront plus une condition nécessaire d’accès au salon, qui ne convenait de toute façon plus, dans sa forme actuelle, aux éditeurs, qui ont désormais besoin de se singulariser dans un univers beaucoup plus large ».


Bertrand Morisset va d’ailleurs plus loin dans son analyse : « Pour la seule bande dessinée, le public parisien n’a pas besoin d’un salon ». De nombreuses librairies sont en effet présentes dans la capitale, des expositions ou séances de dédicaces sont d’ailleurs proposées en permanence aux franciliens. « Par contre, retrouver dans un lieu unique et fédérateur tout ce qui fait la réalité contemporaine de la bande dessinée n’existe pas. Le public d’aujourd’hui, les 15-35 ans, qui a accès aux différents héros de BD à travers de nombreux supports, attend une offre globalisante où il retrouvera son univers quotidien ». Mais quoi, par exemple ? « L’année dernière, la démonstration avec des infographistes et la présence de Benoit Sokal présentant son jeu video Sybéria a été une réussite complète. Il est par exemple très intéressant de comprendre pourquoi la BNP communique en utilisant Blake et Mortimer ou MMA, Le Chat de Geluck ; « Lille 2004 », en tant que capitale européenne de la culture, a ouvert un important espace au neuvième art. Quant à l’offre de la téléphonie mobile, elle explose. C’est une nouvelle vision du neuvième art que nous allons proposer ».


Bien, mais qu’en pensent les éditeurs de BD ? « Je ne sais pas, je ne leur en ai pas encore parlé ! Il m’ont demandé de les surprendre et m’ont déclaré être en attente d’un nouveau concept car leur choix se portait plutôt sur Angoulême en ce qui concerne leur présence, qu’ils souhaitaient en majorité limitée à une par an, à un salon de BD. Aujourd’hui, je leur propose une manifestation dans l’esprit d’une rencontre « plaisir ». Leur présence peut sembler indispensable amis elle ne pourra se faire sous la forme d’un stand « magasin » avec portillon, genre « foire au livre » car dans ce cas, je n’en veux pas ! On repart de zéro mais notre acquis et notre positionnement stratégique devraient convaincre de nombreux partenaires ».


De nombreux éditeurs, qui se diversifient notamment dans les services ou la production audiovisuelle ou encore l’exploitation des droits dérivés sous forme de licences, au travers de filiales, pourraient effectivement trouver matière à présenter leur métier au sens large sans se limiter aux traditionnelles tables de dédicaces/ventes d’albums. Mais le souhaiteront-ils ? Si la question est posée, il reste aujourd’hui aux acteurs de la Bande Dessinée à se prononcer sur ce projet novateur et à donner une réponse sur leur participation à une manifestation dont le nom s’élargit avec le concept, puisqu’il s’agira désormais de (Paris BD présente) Pictures. Quant aux dates, elle sont repoussées début septembre 2004 (du 10 au 12 à priori): « Juin n’était pas un bon moment. C’ est une grosse période d’examens  et tous les ans, il y a la des manifestations sportives qui incitent les gens à rester chez eux, sans compter la chaleur dont nous avons souffert ! ». Quant au lieu : « Ce sera le CNIT, à La Défense, un lieu doté de nombreux amphithéâtres et salles, et situé dans un quartier très fréquenté intégré dans un tissu urbain important, où gravite une population francilienne active et très consumériste ».


 


Donc, pour résumer, Paris BD présente « PICTURES », le salon de toutes les images, au CNIT de Paris, du 10 au 12 septembre 2004. A vos agendas, en attendant le contenu détaillé de la manifestation à venir dans les prochaines semaines.


 


Laurent Turpin (Les propos de B. Morisset ont été recueillis le 06 janvier 2004).

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