Commencée en 2017 (avec « Snærgard »), cette saga scandinave située au XIIIe siècle s’achève avec ce tome 2 : « Nordlys ». Récemment converti au christianisme, le territoire reste lié aux croyances et pratiques de la religion germanique, à la magie des sorciers, aux légendes et sortilèges… Pelle Eiwindsen, un jeune homme de haute lignée, se rebelle contre le système en mutilant le sorcier Adriel, et fuit. Il s’allie au jeune Njál pour retrouver la sœur de ce dernier : Solveig, victime d’un sortilège qui l’a transformée en vieille femme. Tous ces jeunes gens ont de mortels ennemis : pour Pelle, son père Eiwind, cruel et intraitable ; pour Njál et Solveig, le seigneur Kjartan, lequel les a retenus prisonniers, ainsi que Pelle. Car Kjartan a besoin de Solveig pour briser la malédiction qui l’a rendu laid.
Lire la suite...Destin de femme hors du commun…
Alors que de nombreuses femmes ont été écartées abusivement de la Grande Histoire parce qu’elles étaient femmes, quels que fussent leurs talents ou leurs exploits, nous connaissons heureusement un juste retour des choses, ce que souligne déjà la panthéonisation de Joséphine Baker. La bande dessinée n’est, en effet, pas en reste pour redonner vie à des femmes oubliées, avec par exemple les albums de Catel et Bocquet (dont l’un sur Joséphine) chez Casterman, ou la collection Pionnières chez Soleil. L’ouvrage que viennent de consacrer les éditions Félès à Mariette Hélène Delangle, surnommée Hellé Nice, est de cette trempe…
Mariette Hélène Delangle (1900–1984) n’était, en effet, pas une femme ordinaire. Comme le dit l’un de ses interlocuteurs : « On vous découvre en tant que nageuse, grimpeuse, pilote, danseuse, actrice et aviatrice. » On peut ajouter modèle de peintre, effeuilleuse, skieuse, voyageuse… À vrai dire, Hélène Delangle voulait tout essayer, tout faire : rien ne lui faisait peur. Mais comme toute femme de cette époque, il lui faut se battre, faire face, être indépendante et sans concession.
Sa force, c’est son plaisir de vivre, elle est une amoureuse sans complexe, sans tabous, libertine diront certains, libre tout simplement de ses amours et de ses amants. On adhère très vite, d’ailleurs, au choix judicieux de Giuseppe Manunta de magnifier, très joliment, son héroïne : femme sensuelle et hédoniste qui le méritait bien. Le sens des couleurs et du modelé de l’auteur en font un personnage totalement charnel et séduisant, tout comme il donne aux décors un charme très particulier.
Ce qu’il y a de fort dans une histoire comme celle-ci, c’est cette incroyable diversité du personnage qui, selon qu’on aime les danseuses, les amoureuses, les pilotes automobiles, les aventurières, les femmes de caractère, intéressera de nombreux publics. Hellé Nice vit tellement les choses à fond qu’elle en apparait romanesque, comme si tout cela était trop beau pour être vrai. Et tout est vrai ! C’est une femme qui sait poser et se poser, mais qui ne se repose jamais sur ses lauriers. Elle est insatiable.
Mais c’est probablement ses courses automobiles qui tiennent ici la corde : avec les Bugatti notamment. Les véhicules, admirablement mis en scène par Manunta, battent des records de vitesse (record du monde en 1929 pour Hellé Nice) ou se fracassent sur les bas-côtés. Malheureusement, les héros et les héroïnes ont quelquefois des destins regrettables et des fins de vie misérables. Ce fut le cas pour elle : un accident qu’on lui reprocha injustement, puis des rumeurs infondées, feront qu’on l’oublia lamentablement.
Heureusement, cet album de Giuseppe Manunta la sublime graphiquement, et la rend désormais inoubliable…
Didier QUELLA-GUYOT ; http://bdzoom.com/author/DidierQG/
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« Hellé Nice : une vie en vitesse » par Giuseppe Manunta
Éditions Félès (23 €) – EAN : 9782491483104
Parution : 20 novembre
Manunta a l’habitude de dessiner de belles carrosseries, plutôt Tabou ou Dynamite d’ailleurs…