Depuis presque 20 ans, l’idée d’une comédie de mœurs romantique sur fond de satire politique où une Première Dame aurait la possibilité d’influencer les affaires publiques de notre pays trottait dans la tête de Didier Tonchet : prolifique créateur de BD humoristiques bien connu (ahhh, « Raymond Calbuth » !) et scénariste toujours inspiré, comme c’est le cas ici (1)… Il nous embarque avec délices dans la jouissive histoire d’une actrice engagée de seconde zone qui va gagner le cœur des Français et d’un président de la République dont la cote de popularité est en chute libre, à un an des élections : le tout mis énergiquement en images, tout au long de 270 pages, par le dessin virevoltant de Jean-Philippe Peyraud (2)…
Lire la suite...Bienvenue à Veggie Town et dans « L’Arche de Rantanplan » !

Lucky Luke n’est plus le cow-boy solitaire de jadis, vivant des aventures bon enfant au gré de rencontres improbables. Sous l’impulsion des successeurs de Morris et de René Goscinny, et plus que jamais depuis l’arrivée de Jul au scénario, son Far West est devenu le reflet de notre civilisation moderne : avec ses bons et surtout ses mauvais côtés. Après les Juifs, les Parisiens ou l’esclavage des Noirs, le scénariste propose une satire un rien féroce des dérives du véganisme pur et dur.
Texas. En route pour récupérer le troupeau de bœufs qu’ils doivent convoyer jusqu’à Dodge City, Lucky Luke et Jolly Jumper passent par Cattle Gulch : ville d’éleveurs de bétail. Ils croisent la route du volubile Ovide Byrde : rouquin sympathique, mais aux idées trop farfelues pour l’époque, lequel affronte la colère de la population. Fondateur et unique adhérent du comté de la Société protectrice des animaux, l’homme élève une incroyable ménagerie dans une ancienne ferme baptisée l’Arche.
Parmi eux, Rantanplan, le chien à la bêtise légendaire, évadé on ne sait comment du pénitencier où séjournent ses maîtres les Dalton. C’est par hasard qu’il trouve de l’or dans une vieille mine de charbon depuis longtemps abandonnée. La fortune pour Ovide Byrde et ses idées radicales. Une fois Rantanplan rendu à ses maîtres par Lucky Luke, l’histoire de la mine découverte par le cabot attire l’attention de Tacos Cornseed : un cruel desperado qui doit bientôt être libéré.
De retour à Cattle Gulch, entouré par une troupe de bandits fraîchement recrutés, le Mexicain piège le naïf végétarien. Devenue Veggie Town, la ville devient un enfer pour la population contrainte d’abandonner son mode de vie. Il est plus que temps pour Lucky Luke d’intervenir, flanqué du Comanche Aigle intrépide et de sa tribu, eux aussi victimes des dérives pour le bien-être des animaux…
Henry Bergh (1813-1888), fondateur en 1866 de l’USPCA, Société américaine de la prévention de la cruauté envers les animaux, inspire Jul pour la création du personnage d’Ovide Byrde. De là à transposer les excès que connaît aujourd’hui la cause animale dans l’univers de Lucky Luke, il n’y a qu’un pas que le scénariste franchit avec son talent habituel.
La plupart des protagonistes que s’attendent à croiser les habitués de la série trouvent leur place au fil d’une histoire délirante, néanmoins en phase avec notre époque. Jeux de mots pas toujours d’une réelle finesse (mais qu’importe !) et avalanche de gags servent cette histoire qui ne concède pas le moindre temps mort. Le crayon d’Achdé, qui signe ici son dixième album post-Morris, ne tremble pas : même lorsqu’il s’agit de camper de nouveaux personnages tels Ovide Byrde et Tacos Cornseed. Duo désormais bien rodé, après quatre épisodes réalisés en commun, Jules et Achdé se sont approprié l’univers si personnel du créateur ; jusqu’à en faire une œuvre au ton original, sans pour autant dérouter les plus vieux lecteurs : même si certains regretteront la trop lente parution des albums aux rendez-vous désormais bisannuels.
Notons, pour les amateurs de collectors, la publication d’un sympathique dossier de presse de 20 pages en couleurs.
Henri FILIPPINI
« Les Aventures de Lucky Luke d’après Morris T10 : L’Arche de Rantanplan » par Achdé et Jul
Éditions Lucky Comics (11,50 €) — EAN : 978-2-8847-1492-1
Bonjour,
J’ai lu dans « Ouest-France » au cours de l’été 1921, le tome précédent « Un cow-boy dans le coton » du même duo. Quelle déception : un scénario bancal qui ressemble au parcours d’un poulet sans tête.
Et puis des personnages qui meurent. Incongru dans une bande dessinée humoristique même s’il s’agit des « méchants. » On veut, à tout prix, « coller » à notre société. On est bien loin de l’univers (génial) de Morris et Goscinny.
Au temps pour moi : je voulais dire 2021 bien sûr! Désolé!