Une révélation pour des ambassadeurs surprenants…

Et si c’était déjà trop tard, ou presque ? Que nous avions tellement saccagé la Terre que tout retour vers une nature sauvegardée était impossible ? Quelle serait l’ultime tentative de la nature pour se protéger des actions humaines ? Pourquoi pas envoyer des ambassadeurs auprès des hommes, pour enfin faire évoluer les mentalités ? Un projet détaillé dans une intrigante petite bande dessinée jeunesse : « Les Ambassadeurs, la révélation ».

Dans un petit port de pêche breton, la vie suit son cours tranquillement. C’est ici que grandissent cinq adolescents sans histoire particulière. À Guerven, tous les collégiens se réjouissent de la fin de l’année scolaire qui annonce les vacances estivales.

À cet âge, que certains qualifient d’ingrat, les adolescents sont préoccupés par des questions intimes : Alexandra doute de son genre assigné à la naissance et souhaite qu’on l’appelle par un prénom plus neutre comme Alex, les jumeaux Hugo et Valentine voudraient se défaire de l’emprise d’un père chômeur et alcoolique, Tom regrette quant à lui l’absence du sien et se réfugie dès qu’il le peut dans la cabane qu’il a construite dans un arbre, et la solitaire Malika aime lire ses poètes favoris face à l’océan, comme ces vers de Baudelaire : « La mer est ton miroir… Tu contemples ton âme dans le déroulement infini de sa lame et ton esprit n’est pas un gouffre moins amer. »

Est-ce prémonitoire : une terrible tempête ravage la petite ville dans la nuit.

« Les Ambassadeurs, la révélation » page 12.

Est-ce dû au dérèglement climatique ?

Le débat est ouvert à Guerven car des vents violents ont emporté le toit du collège, des arbres centenaires sont déracinés et la mer est impraticable pour tous les types d’embarcation : bateau de pêcheurs ou voiliers de plaisance.

Après une journée agitée, chacun retourne dans sa maison pour une bonne nuit de sommeil réparateur. C’est au matin qu’une surprise gigantesque attend les cinq adolescents. Ils sont tous dotés d’une tête d’animal sur leur corps humain. Loup, renard, chevreuil ou lièvre, impossible de passer inaperçu avec un tel visage.

C’est pourquoi ils quittent les domiciles familiaux avec des sweats à capuche et se retrouvent dans des lieux isolés en dehors du bourg.

Mais pourquoi une telle mutation ?

Les réponses à leurs questions leur sont données lors de dialogues avec les animaux de la forêt. En plus de leurs transformations physiques radicales, leurs sens ont été modifiés, leur odorat et leur ouïe sont plus développés et ils peuvent donc communiquer avec les cerfs, les corbeaux, les grenouilles ou les musaraignes. Ceux-ci leur annoncent qu’il s’agit de la dernière chance pour les hommes, qu’ils peuvent les écraser s’ils le décident.

Les cinq ados sont désormais les ambassadeurs de la nature auprès des humains. Leur mission est importante : « Vous avez le pouvoir d’amorcer la bascule vers une autre logique. Nous pensons la cohabitation encore possible. Mais les humains ont besoin d’une leçon. » Pour savoir comment les ambassadeurs vont délivrer cette leçon à leur communauté, il vous faudra lire dans son entier « Les Ambassadeurs ».

La mutation de Malika...

Cette fable écologique et fantastique est menée au rythme adéquat ; elle prend son temps pour la présentation des personnages et de leurs psychologies, puis s’accélère après la révélation de la mission de ces ambassadeurs qui doivent renouer le lien entre la nature et les hommes.

De quoi développer les thématiques liées à l’adolescence comme la recherche de son identité, les conflits avec les parents ou les difficultés de communiquer entre jeunes du même âge, avant de s’attarder sur des enjeux écologiques évidents : du dérèglement climatique à l’inaction de nos sociétés face aux graves menaces qu’elles font peser sur tous les écosystèmes.

Tom, Hugo et Valentine après leurs mutations...

C’est au très littéraire Benoît Broyart que nous devons ce scénario vraiment original. Nous avions remarqué son talent de conteur dans la trilogie « La Pension Moreau », dessinée par Marc Lizano, puis dans « L’Encyclopédie des peurs » ou « Maldoror et moi » : ce dernier titre était déjà dessiné par Laurent Richard. Celui-ci apporte son trait simplifié et sa coloration douce à ce conte moral qui, au-delà de la cause animale, entend sensibiliser la jeune génération, dès le début du collège, à la sauvegarde de notre planète bien menacée par les agissements d’une espèce animale nocive : la nôtre.

Laurent LESSOUS (l@bd)

« Les Ambassadeurs, la révélation » par Laurent Richard et Benoit Broyart

Éditions Jungle (19,00 €) – EAN :  978-2-822-23667-6

Parution 23 mars 2023

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