« Luc Leroi » : cinq ans après, un retour (À suivre) !

Né en 1980 dans les pages du mythique mensuel (À suivre), Luc Leroi est le modèle de l’antihérosmalchanceux et gaffeur. Ses apparitions sont suffisamment rares pour se réjouir de la parution de ce nouvel album signé par Jean-C. Denis, son heureux créateur. Pionnier d’une bande dessinée autobiographique et romanesque, il démontre qu’il est possible de séduire un lectorat exigeant, tout en proposant des pages aux images soignées, réalisées dans un format d’album classique.

« On réimprime ! » : c’est bien la première fois que Luc Leroi entend ces mots de la part de son éditrice concernant un ouvrage dont il est l’auteur. Notre éternel loser a de quoi se réjouir, même si ce succès éphémère est dû à la confusion du titre : le même que celui du roman du célèbre Sylvain Courjonc dont la sortie a eu lieu quelques jours après la sortie du sien. Flanqué d’un brave chien abandonné qui ne le quitte plus — particulièrement collant —, croisé dans un square, il découvre Stéphanie, son ex, sonnant à sa porte. Expulsée de son appartement, la jeune femme lui demande l’hospitalité. Elle est accompagnée par Brian : un jeune garçon au tempérament explosif que lui a prêté son père afin d’apitoyer l’huissier. En vain !

Stéphanie, Luc, Brian et le chien baptisé Cookie forment un quatuor pour le moins détonnant. De rencontres inattendues en situations farfelues, nos héros se sortent des pires galères, toujours avec bonne humeur. Une réjouissante galerie de personnages permet des retrouvailles émouvantes avec d’anciens protagonistes, mais aussi des découvertes avec de nouveaux qui ne manquent pas de piquant. Plus que jamais, Luc Leroi cumule les catastrophes en tout genre, sans jamais se départir de son flegme légendaire.

Entre la réalisation de deux ouvrages indépendants, Jean-C. Denis trouve visiblement beaucoup de plaisir — et nous aussi — à renouer avec son double de papier. Le dessin lorgnant sur la ligne claire n’a pas pris une ride, riche de petits détails savoureux auxquels s’ajoute une maîtrise parfaite du trait. Le scénario, où chaque mot compte, est riche en coups de théâtre, digne d’une comédie au casting parfait. Parfait comme l’auteur imagine le monde — pas toujours idéal — où évoluent les personnages de cette joyeuse série, laquelle compte seulement neuf albums réalisés en plus de 40 ans.

Aux 74 pages du récit, s’ajoute un cahier graphique de 16 pages uniquement proposé avec la première édition. Plutôt que d’offrir les sempiternels croquis, Jean-C. Denis présente ce qu’il baptise les « micrographes » au format d’origine : des images miniatures qui lui permettent de visualiser dessins et décors avant de passer à la réalisation des pages.

Né en 1951 à Paris, diplômé de l’École supérieure des arts décoratifs, Jean-Claude Denis — qui signe Jean-C. Denis — crée en 1974 le groupe Imaginon avec Caroline Dillard et Martin Veyron. Tout en travaillant pour la publicité, il publie ses premières BD dans divers supports, dont Pilote (où il crée « André le corbeau »), (À suivre) à partir de 1979, LÉcho des savanes…

Outre la série des aventures de Luc Leroi, on lui doit une vingtaine de one-shots, dont « Quelques mois à l’Amélie », « Bande à part », « Tous à Matha », « Le Sommeil de Léo », « Belém : un mirage à l’envers »… Musicien, il se produit aux côtés de Charles Berberian, Philippe Vuillemin et Frank Margerin. Il a reçu le Grand Prix de la ville d’Angoulême en 2012.

Henri FILIPPINI

« Luc Leroi T9 : Un effet d’aubaine » par Jean-C. Denis

Éditions Futuropolis (18 €) — EAN : 978-2-7548-1496 — 4

Parution 23 août 2023

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