Alfredo Castelli : disparition d’une légende des fumetti

Le 7 février dernier, Aldredo Castelli s’est éteint à Milan, à l’âge de 76 ans. Depuis 1965, son nom est lié à l’histoire des fumetti : les bandes dessinées italiennes. Tour à tour fanzineux, éditeur, créateur de journaux, rédacteur en chef, dessinateur et surtout scénariste, il vouait une passion sans faille à la bande dessinée. Érudit respecté en Italie, il était l’auteur d’articles et d’ouvrages dédiés au 9e art et journaliste professionnel depuis 1974.

Né à Milan le 26 juin 1947, Alfredo Castelli abandonne ses études d’architecture en 1965 pour se consacrer à la bande dessinée.

Il écrit des aventures de Kolosso pour les éditions Gli Amici, collabore au Diabolik des éditions Astorina, où il écrit plusieurs épisodes de la série éponyme et anime l’humoristique « Scheletrino ».

Puis, il signe des épisodes de « Rocky Rider », « Pedrito el Drito », « Piccola Eva » ou « Nonna Nilla » pour Il Intrepido et Il Monello chez Universo, « Cucciolo » et « Tiramolla » pour les éditions Alpe ou « Topolino » et « Paperino » pour Mondadori.

En 1966, Alfredo Castelli crée Comics Club 104 : le premier fanzine italien dédié à la bande dessinée.

En 1969, il lance le magazine d’humour Tilt avec Mario Gomboli, puis Horror — avec Pier Carpi chez Gino Sansoni — où il imagine « Van Helsing » et « Zio Boris » pour Carlo Peroni, puis Daniele Fagarazzi.

« Zio Boris » dans Corriere dei Ragazzi.

Rédacteur en chef du Corriere dei Ragazzi, la version ado du fameux Corriere dei Piccoli, il écrit « L’Ombra » pour Mario Cubbino, « Otto Krunz »

« Otto Kruntz » dans Corriere dei Ragazzi.

et « Bobo il Magnifico » pour Daniele Fagarazzi,

« Bobo il magnifico » dans Corriere dei Ragazzi.

écrit et dessine « Tilt » et « L’Omino Buffo » et, surtout, imagine « Gli Aristocratici » pour Ferdinando Tacconi : une bande qui connaîtra le succès en France sous le titre « Les Aristocrates » ou « Les Gentlemen ».

« Gli Aristocratici » dans Corriere dei Ragazzi.

Il écrit quelques aventures d’Eva Kant — la compagne de Diabolik — dessinées par Giancarlo Alessandrini, pour la revue Cosmopolitan.

Pour l’hebdomadaire allemand Zack, il propose « Mark Merlin », dessiné par Enrico Bagnoli.

Il collabore brièvement à Pif-Gadget où sont traduits « Les Aristocrates ».

Au cours de sa collaboration avec l’hebdomadaire catholique Il Giornalino, Alfredo Castelli imagine « Mister Charade » pour Renato Polese, « Gli Astrotoppisti » pour Nevio Zeccara, « Chico e Blasco »…

« Gli Astrostoppisti » dans Il Giornalino.

En 1978, pour l’hebdomadaire SuperGulp édité par Mondadori, il propose « Les Aventures de l’explorateur Allan Quatermain » dessinées par Giancarlo Alessandrini.

Quatre plus tard, sous le nom de Martin Mystère, ce personnage commence unelongue carrière chez Sergio Bonelli Editore. (1)

Entouré d’une solide équipe de scénaristes et de dessinateurs, lors de sa disparition, il poursuivait encore les aventures du « détective de l’impossible », dont le mensuel propose ce mois-ci son n° 407 ; il faut y ajouter de nombreux hors-séries : L’Almanaccho del Mistero, la revue Zona X

Planche originale de « Martin Mystère » par Giancarlo Alessandrini.

Pour Sergio Bonelli, devenu un ami proche, il signe des épisodes de « Mister No » (2), « Zagor », « Dylan Dog »… Toujours pour Bonelli, pour la collection Un Uomo, un’Avventura, il écrit « L’Uomo delle Nevi » pour Milo Manara et « L’Uomo di Chicago » pour Giancarlo Alessandrini.

Collectionneur dans l’âme, outre son amour de la bande dessinée, Alfredo Castelli se passionnait pour la télématique, la prestidigitation, les costumes de tous les temps… et l’humour anglais.

Il a beaucoup écrit sur la bande dessinée et plus particulièrement sur les séries américaines proposées dans la presse dès 1895.

Notons la publication de « Here We Are Again » : une anthologie en deux volumes détaillant — sur plus de 600 pages — toutes les séries publiées aux États-Unis de 1895 à 1919.

Un travail de recherche fabuleux — hélas non traduit —, autoédité avec le concours de Sergio Bonelli Editore.

Une édition spéciale en italien a été proposée à l’occasion du festival d’Angoulême de 2002.

Alfredo Castelli, dont l’œuvre dépasse les 40 000 pages, était un homme raffiné, d’une grande gentillesse et d’une humilité à toute épreuve. Sa disparition laisse un grand vide dans le monde merveilleux des fumetti.

Nous adressons à ses proches nos plus sincères condoléances.

Henri FILIPPINI

(1)  Voir : « Martin Mystère ».

(2)  Voir Mister No, l’aigle de l’Amazone….

Galerie

Une réponse à Alfredo Castelli : disparition d’une légende des fumetti

  1. Henri Khanan dit :

    Un acteur important du fumetti!

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