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« Horace, cheval de l’Ouest » : un cheval et son cow-boy…

28/03/2024
Par Henri Filippini

En 1969, Vaillant le journal de Pif — qui ronronne trop au goût de ses rédacteurs — devient Pif-Gadget. Aux héros classiques, la rédaction, dirigée par Richard Médioni, souhaite ajouter de nouvelles séries comiques. C’est ainsi qu’« Horace, cheval de l’Ouest » voit le jour, aux côtés de « M. le magicien », « Couik » ou « La Jungle en folie ». Plus inspiré par les dessinateurs populaires italiens que par l’école franco-belge, Jean-Claude Poirier ose proposer un héros atypique : un cow-boy, et sa monture pas vraiment ordinaire, dont l’intégralité des aventures va être réunie dans deux superbes albums publiés par les éditions Revival. Le premier est déjà disponible !

« Horace, cheval de l’Ouest », première page dans Pif-Gadget n° 71 (juin 1970).

Dès la première planche publiée en juin 1970 dans le n° 71 de Pif-Gadget, le lecteur comprend qu’Horace ne sera pas un héros comme les autres. À la recherche de la monture de ses rêves, un cow-boy maigrelet et naïf tombe sur un cheval doté de la parole, au poil gris et aux exigences pour le moins étranges : une botte fraîche de paille d’Italie tous les soirs, deux paires de fers par semaine, un petit déjeuner à 9 h 30… sans oublier le repos du dimanche. Pour le plus grand bonheur des lecteurs, le brave cow-boy pas très futé — dont on ne connaîtra jamais le patronyme, sinon son surnom Gros-Nez-Pâle — accepte le marché. Désormais, ce couple improbable parcourt l’Ouest, croisant la route de personnages récurrents : Pied-de-Biche — son embarrassante fiancée —, les belliqueux Indiens Corbeaux, le chef sioux Nuage rouge, le général Crook, chef des tuniques bleues… et bien d’autres.

« Joë Bridgers », Pschitt junior n° 3 (3e trimestre 1964).

« Horace, cheval de l’Ouest » n’est pas le premier western imaginé par Jean-Claude Poirier.

Il est l’héritier de « Joë Bridgers », né en 1964 dans Pschitt junior, puis de « Cactus papa » : shérif à la retraite scénarisé par Jacques Lob pour le mensuel Record.

Tout au long des pages de sa nouvelle série, le trait évolue, s’affine, la mise en page se dynamise.

Héritier de l’école italienne populaire, riche en personnages anthropomorphes, Horace parvient à séduire les amateurs de « gros nez » que sont les lecteurs français, plus habitués à la sagesse de l’humour franco-belge.

Avant le décès prématuré de son auteur en 1980, à l’âge de 38 ans, les apparitions d’Horace se font de plus en plus espacées, Jean-Claude Poirier consacrant son temps aux exploits de Supermatou (1) dans Pif-Gadget, dont Revival a publié une première intégrale l’an dernier, et aux enquêtes délirantes de Charlotte Poireau dans Tintin.

Un seul album est édité en 1976 — sous le titre « Pas de pitié pour les cow-boys » (2) — par les éditions du Kangourou (dédicacé à ses enfants : son fils Pacôme et sa fille Bilitis, laquelle signe la nouvelle mise en couleurs du présent album).

La découverte d’une œuvre originale, poétique et hilarante pour les plus jeunes, une sacrée bouffée de nostalgie pour les anciens lecteurs de l’hebdomadaire des éditions Vaillant.

Cette première intégrale chronologique, respectueuse des volontés de l’auteur, compte 264 pages inédites en album réunissant 165 gags et 14 récits complets de sept pages parus dans Pif-Gadget du n° 71 de juin 1970 au n° 242 d’octobre 1973.

Un seul petit regret : que les couvertures de Pif-Gadget et diverses BD de promotion ne figurent pas dans cet ouvrage — à la présentation parfaite — qui se veut complet. Une préface érudite, signée Maël Rannou, revient sur la série sous le titre « À la conquête du “farvouest” ».

Henri FILIPPINI