Le père Lucien ne s’encombre guère de scrupules ! Rien d’étonnant à cela, puisque c’est, en fait, un homme de main réputé pour son efficacité, qui se planque dans un petit village du Jura en se faisant passer pour le nouveau curé. Traqué par des types qui, eux, ne sont pas très catholiques et veulent l’envoyer ad patres, il a enfilé dans l’urgence la soutane du père Philippe qui s’est retrouvé dans la mauvaise piaule au mauvais moment : les autochtones ne l’ayant encore jamais vu. Drôle et captivant, ce polar prévu en deux tomes est écrit par l’étoile montante du roman policier français qu’est Jacky Schwartzmann et enluminé par le trait expressif de Sylvain Vallée : le dessinateur d’« Il était une fois en France »…
Lire la suite...« Les Amours insolentes » par Loustal et Benacquista
Voici un album assez atypique, au format « à l’italienne » avec les textes sous les images, qui propose dix-sept variations originales sur le couple -ou plutôt sur le bonheur amoureux-, tour à tour drôles, tendres, insolentes ou insolites : autant de saynètes passionnelles présentant la vie à deux sous la forme de nouvelles illustrées et autant d’exercices de style dont Le Monde Magazine nous avait déjà présenté quelques extraits !
Chacune de ces unions improbables, baignant pourtant, la plupart du temps, dans la plénitude, est composée de douze images ayant la même dimension, à la manière d’un album photo que l’on feuillette tranquillement ; ainsi a-t-on l’impression qu’elles nous révèlent un aspect inconnu de nos vies ou que l’on va y trouver l’explication de ce qui fait que les histoires d’amour finissent bien ou mal !
L’ingéniosité déployée par le romancier Tonino Benacquista, lequel est décidément très présent dans la bande dessinée ces temps-ci (ne serait-ce que de par sa collaboration avec Daniel Pennac sur le dernier « Lucky Luke »), incite à une lecture attentive des visages volontairement naïfs et figés auxquels Jacques de Loustal donne une expressivité étonnante ; ceci grâce à sa maîtrise de son style qui nous rappelle les peintures anglo-saxonnes des années cinquante (celles de David Hockney ou d’Edward Hopper, par exemple).
Et, contrairement à ce que l’on pourrait craindre, l’accumulation de ces faux-semblants platoniques ou de ces compromis implicites contre l’érosion des sentiments ne provoque aucune lassitude, bien au contraire !
Gilles RATIER
? Les Amours insolentes ? par Jacques de Loustal et Tonino Benacquista
Éditions Casterman (20 Euro)
il y a une parenté de trait qui se crée parfois entre Loustal et Dupuy-Berberian. Les extraits de l’album que vous présentez en sont un exemple assez frappant.