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« Enquête au collège » : une série de romans pour la jeunesse adaptée avec succès en bande dessinée…

01/10/2023
Par Laurent Lessous

Avec plus de 2,3 millions d’exemplaires vendus depuis 1989, les romans « Enquête au collège » sont un indéniable succès en librairie. Son auteur, Jean-Philippe Arrou-Vignod, vieil amoureux du 9^e art, a accompagné Joël Legars pour adapter le premier volume en bande dessinée. Ce thriller trépidant en huis clos dispose de nombreux arguments pour capter un vaste lectorat : d’un humour omniprésent à un suspense savamment entretenu.

Le collège Chateaubriand est un vieil établissement urbain qui accueille encore des internes. Ses murs centenaires semblent cacher de nombreux mystères notamment pour les élèves les plus curieux comme la petite bande de 4^e 2 : le HPI, Pierre-Paul de Culbert dit P.-P. Cul-Vert, le cancre un peu casse-cou Rémi Pharamon et Mathilde Blondin, la sportive à la tête bien faite.

Par une sombre nuit, une ignoble agression a lieu dans une salle de sciences-naturelles entièrement saccagée : M. Cornue, l’agent d’entretien a été assommé. Le collège étant entièrement fermé à ce moment là, les adultes exclus des coupables potentiels, le principal cherche donc le ou les responsables parmi les internes. Or plusieurs indices tendent à prouver que c’est Rémi Pharamond l’auteur de la lâche agression. Il doit passer en conseil de discipline et risque l’exclusion.

Ses amis engagent alors une contre-enquête pour le sortir de ce mauvais pas. Intellectuel, en avance sur son âge et ayant déjà sauté plusieurs classes, P.-P. Cul-Vert fait fonctionner son cerveau pour démêler le vrai du faux de cette étrange affaire, mais comme il est aussi peureux que vantard, il a besoin pour explorer les recoins les plus méconnus du collège de l’aide du déjà adolescent Rémi et de la très mature Mathilde.

Leurs sorties nocturnes leur en apprennent beaucoup sur le passé du collège Chateaubriand et de certains de ses anciens pensionnaires, jusqu’à découvrir l’identité du coupable.

Les huit romans de la série « Enquête au collège » sont tous des best-sellers avec plus de 2,3 millions d’exemplaires vendus en Folio junior depuis la sortie du premier volume en 1989 jusqu’au dernier : « L’Élève qui n’existait pas », en 2019. Leur auteur Jean-Philippe Arrou-Vignod, agrégé de lettres modernes, est un ancien élève de l’École normale de Saint-Cloud. Il a obtenu le prix du premier roman en 1984 pour « Le Rideau sur la nuit » et le prix Renaudot des lycéens en 1997 pour « L’Homme du cinquième jour ».

C’est un auteur jeunesse reconnu, au-delà d’« Enquête au collège », pour les albums « Rita et Machin » ou les huit volumes d’« Histoires de Jean-Quelque-Chose ». C’est pour cela que l’ancien professeur est devenu directeur de collection chez Gallimard jeunesse. Jeune, il caressait pourtant l’idée de devenir auteur de BD. Son livre de chevet d’alors était « Comment on devient créateur de bandes dessinées » : ouvrage dans lequel Franquin et Jijé délivrent de précieux conseils pour les bédéastes en herbe. S’il laisse de côté le dessin pour se consacrer bien vite à l’écriture, quand Joël Legars, lors du festival de littérature jeunesse de Cherbourg, lui confie que « Enquête au collège » se prêterait bien à une adaptation en BD, il saute sur l’occasion pour lui confier ce travail.

Après des collaborations très abouties avec Loïc Dauvillier (« La Nuit des cendres »), Fabien Grolleau (« L’Écolier bleu, Chaïm Soutine ») ou Stéphane Tamaillon (« L’Île du docteur Moreau »), Joël Legars a adapté seul cette bande dessinée à destination d’un jeune lectorat dès dix ans.

Il en a choisi le rythme, les scènes et le découpage et en a écrit les dialogues que Jean-Philippe Arrou-Vignod a retravaillé pour être fidèle au ton de ses romans. Le résultat est réjouissant par son dynamisme et une narration toute en finesse. Le graphisme entre la ligne claire et un style plus naïf – avec un côté brut lié à l’utilisation du crayon – est en adéquation avec le ton d’une série pétillante, pleine d’humour, avec des rebondissements parfois rocambolesques.

On ne peut que souhaiter une suite à cette adaptation du premier roman de la série qui nous a véritablement charmé, tant par son ambiance au classicisme affirmé (qui évoque parfois le charme intemporel des dessins de Sempé) que pour les aventures à rebondissements de détectives adolescents comme celles que l’on lisait enfant : celles du « Club des Cinq » ou des « Six Compagnons de la Croix-Rousse ». Ce n’est pas un hasard, car Jean-Philippe Arrou-Vignod, grand lecteur dès son plus jeune âge, se passionnait enfant autant pour les héros de la Bibliothèque rose et verte que pour les histoires dessinées des magazines Tintin et Spirou. Les enfants, quelque soit l’époque, ont besoin de lectures qui les émeuvent et les font rêver et rire. Les bons auteurs s’en souviennent fort heureusement.